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FANNY DOUMAYROU Lundi, 25 Janvier, 2016 L'Humanité
Il régnait une certaine contradiction, hier, dans les salons de Matignon, où la mission Badinter chargée de dégager les « principes essentiels » du droit du travail remettait le fruit de ses travaux au gouvernement.
D’un côté, l’ancien garde des Sceaux socialiste, auréolé de son action pour l’abolition de la peine de mort il y a trente-cinq ans, insistait sur l’« esprit républicain », le « consensus » flottant sur son rapport, et indiquait que les huit juristes et magistrats composant la mission avaient travaillé « à droit constant », en s’interdisant de proposer de nouvelles dispositions.Autrement dit, les 61 « principes essentiels » relevés par le comité ne seraient qu’une reformulation, condensée, de l’état actuel du droit du travail construit par les textes et la jurisprudence.
Mais cette présentation rassurante était aussitôt bousculée par les propos du premier ministre, Manuel Valls, qui, entrant dans le détail, saluait le « choc salutaire » provoqué selon lui par le principe numéro 33 du rapport, concernant la durée du travail. Alors même que résonnaient encore dans les esprits les déclarations du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, qui, la semaine dernière à Davos, avait affi rmé que le projet de loi qui sera présenté le 9 mars par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, marquera « de facto » la fin des 35 heures : « Si vous pouvez négocier des accords majoritaires au niveau de l’entreprise pour n’avoir presque aucune surcompensation, cela veut dire que vous pouvez créer plus de fl exibilité », avait-il expliqué.
Depuis le lancement de la mission Badinter fin novembre, on s’interrogeait sur la forme que prendraient les « principes » que les juristes experts étaient invités à dégager, et sur la fonction qu’ils occuperaient dans le système juridique. Constitueraient-ils une sorte de préambule solennel au Code du travail ou entreraient-ils plus avant dans le concret des règles pour former le socle indérogeable du Code, comme l’avait laissé entendre la ministre El Khomri, dessinant en creux tout le champ où la négociation collective deviendrait prioritaire ? Cette deuxième option aurait demandé un travail bien plus long, et c’est la première qui a été confirmée hier.
Les 61 « principes essentiels du droit du travail », organisés en huit thèmes, devront fi gurer « dans un chapitre autonome placé en tête du Code du travail » et « n’auront point de valeur juridique supérieure aux autres dispositions », a précisé Robert Badinter. C’est une autre commission, dite de « refondation du Code du travail », qui sera chargée de la réécriture du Code en trois parties prévue par le gouvernement : socle indérogeable, domaines renvoyés à la négociation collective, et règles supplétives s’appliquant seulement en l’absence d’accord.
Sur le même sujet:- De grands principes au frontispice d’un Code du travail affaibli
- Anne Braun : « Un paravent qui cache la vraie grosse réforme à venir »
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(La Marseillaise, le 23 janvier 2016)
Une campagne haineuse et honteuse à laquelle le Premier Ministre a cru bon d’apporter sa caution, s’attaque à l’Observatoire de la laïcité et à son Président Jean Louis Bianco. Il a osé prendre l’initiative, après les attentats du 13 novembre, d’un appel intitulé « Nous sommes unis » très largement signé par des courants de pensée divers, croyants et non-croyants. Ce texte appelle pourtant à construire dans les conditions d’aujourd’hui, une France laïque dans l’esprit et la lettre de la loi de 1905.
Devant les instrumentalisations en cours de tous côtés il est urgent de rappeler que cette loi est indivisible :
- elle respecte la liberté de conscience et d’exercer, dans la sphère privée comme dans l’espace public, le culte de son choix comme de porter des signes distinctifs ;
- elle garantit la liberté d’opinion et d’expression ;
- elle impose une stricte neutralité de l’État vis-à-vis de tous les courants de pensée, croyants ou non, ainsi qu’une séparation totale entre l’État et toutes les églises.
Tout cela dans le cadre des lois de la République qui s’opposent à tous les racismes, à toutes les violences en particulier à l’égard des femmes et des enfants, à toute atteinte à l’intégrité de la personne humaine…
La laïcité appelle donc à construire une France fraternelle, à l’opposé de cette France de l’intolérance qui grandit dangereusement, veut diviser, exclure, interdire et faire de la laïcité une machine de guerre contre une religion, l’islam et nos concitoyens originaires de nos anciennes colonies. Je croyais cela réservée à Marine Le Pen et à ses imitateurs « républicains » type Ciotti, Morano et autre Estrosi. Mais voilà que des élus Lr et Ps viennent nous expliquer que porter une kippa n’a pas le même sens que porter un foulard. Voilà que des « grands intellectuels », A. Finkelkraut, E. Badinter pour ne pas les nommer, nous servent la même soupe nauséabonde. Le premier a osé déclarer que les arabes et les noirs étaient à l’origine de tous les maux de la société française. Et à écouter E. Badinter quand on est de gauche on doit être islamophobe.
Pourtant, hier comme aujourd’hui la haine des juifs comme celle des musulmans n’a rien à voir avec le débat sur la nature des religions mais plutôt avec le rejet de minorités qui sert de moyen de gouverner en désignant des bouc-émissaires aux malheurs des peuples, permettant ainsi aux pouvoirs en place de maintenir leur domination.
Certes le Judaïsme, l’Islam comme le Christianisme possèdent leur part d’archaïsme, de sexisme et d’homophobie comme l’a encore montré la « manif pour tous ». Faut-il pour autant rouvrir une guerre contre toutes les religions ou parier sur le débat et la conviction ? Pourquoi s’en prendre à une seule d’entre elle, alors que tout indique que le djihadisme relève d’une analyse sociologique et géopolitique autrement plus complexe que le simple rapport à l’Islam ? Pourquoi le faire au nom de la laïcité ?
Celle-ci ne relève pas de ce fantasme autoritaire et sécuritaire qu’affectionnent nos actuels gouvernants. « La laïcité comme la démocratie » disait Jaurès « sont deux termes identiques fondés sur l’égalité des droits ». Face à tous ceux qui invoquent la laïcité pour interdire et désigner des bouc-émissaires, toujours les mêmes, je veux parier sur le désir de vivre et de faire société ensemble en pratiquant une laïcité de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
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Par rozalux dans Europe, (élections) mondialisation, luttes internationales le 25 Janvier 2016 à 18:34
LA TRIBUNE
Podemos propose au PSOE (le PS espagnol), un gouvernement d'union, comprenant également la Gauche Unie (Front de Gauche comprenant les communistes).
Pedro Sánchez, le secrétaire général du PSOE, en serait président, tandis que lui-même briguerait la vice-présidence.
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Pablo Iglesias, le chef de file de Podemos, le parti espagnol créé en 2014 à la suite du mouvement des "Indignés", a formellement proposé, ce vendredi 22 janvier, un pacte au PSOE (centre gauche) et à Gauche unie (gauche radicale) pour constituer un gouvernement qui serait présidé par Pedro Sánchez, le secrétaire général du PSOE, et pour la vice-présidence duquel il s'est lui-même proposé. Le leader de la formation politique, fondée début 2014 et arrivée en troisième position aux élections du 20 décembre dernier, a également proposé la participation d'un ministre issu d'En Comú Podem, la coalition arrivée en tête des élections générales en Catalogne avec le soutien de Podemos. Pablo Iglesias a indiqué qu'il venait de soumettre cette proposition telle quelle au roi Felipe VI, à qui il a exprimé la « loyauté » de son parti, et qui lui a répondu que sa proposition lui paraissait « raisonnable ».
« Ou c'est le changement, ou c'est l'immobilisme »
« Si le PSOE le souhaite, il peut y avoir un gouvernement de changement », a affirmé Pablo Iglesias lors d'une conférence donnée dans la salle de presse du Congrès des députés. « Il n'y a pas de demi-teintes qui tiennent : ou c'est le changement, ou c'est l'immobilisme. Je suis disposé à travailler avec Sánchez et avec Garzón », a insisté le chef de file de Podemos, faisant référence à Alberto Garzón, le leader de la coalition Gauche unie, au sein de laquelle le parti majoritaire est le Parti communiste d'Espagne. Pablo Iglesias a averti Pedro Sánchez qu'il avait l'occasion de montrer qui « commandait » au sein de son parti, et de déterminer si le secrétaire général du PSOE était capable de tenir tête aux « élites » du parti qui lui demandaient de ne pas passer d'accord avec Podemos.
Grandes lignes esquissées
Le leader de Podemos a précisé qu'il ne renonçait pas au référendum d'autodétermination comme solution à la situation en Catalogne. Il a rappelé à son homologue socialiste que les deux formations politiques avaient obtenu quasiment le même nombre de voix aux élections de décembre, environ 5 millions, et qu'il fallait compter sur le million de voix accordé à Gauche unie pour gouverner. Pablo Iglesais a également esquissé les grandes lignes des premières actions d'un potentiel gouvernement Sánchez, à savoir en premier lieu « des mesures d'urgence pour les cent premiers jours » face aux expulsions immobilières et pour aider les « milliers de chômeurs sans prestations », et en second lieu des « mesures de l'État pour des changements constitutionnels ». Il a ajouté la nécessité pressante d'une « RTVE [corporation audiovisuelle publique, Ndlr] publique indépendante », et a défini les missions qui devraient incomber à chaque nouveau ministre : la Défense devra lutter contre les « lobbyistes », l'Intérieur, « ne plus jamais recevoir de corrompus dans son bureau », les Affaires étrangères, faire que « l'Espagne soit une puissance dans la coopération et les droits humains », et l'Économie, en finir avec les « coupes » et la « réforme du travail ». Podemos a lancé sur le réseau social Twitter le hashtag #GobiernoParaCambiar (« gouvernement pour changer ») pour suivre et commenter les évolutions de la proposition. Alberto Garzón a réagi sur son compte Twitter : « J'ai parlé avec Pablo Iglesias et nous sommes d'accord pour dire qu'il faut qu'il y ait du changement ». Pedro Sánchez n'a, lui, pas encore réagi publiquement.
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Le 26 janvier, les agents de la Fonction publique vont exprimer colère, inquiétudes, mais aussi à n’en pas douter détermination à ne pas s’en laisser conter. Ils ont raison !
Chacun-e a pu mesurer que le service public est depuis 20 ans sous le joug d’une offensive libérale théorisée : l’efficience reposerait sur les comportements individuels et il faudrait donc réduire la sphère du bien commun pour ouvrir de nouveaux espaces au secteur marchand. C’est ainsi que non seulement la notion d’intérêt général a été revisitée pour voir son périmètre d’action réduit, mais aussi que la primauté même de l’intérêt général a été remise en cause dans notre organisation sociale.
Sans surprise François Hollande se fait fort de décliner la pensée dominante. Avec lui, le service public est devenu la variable d’ajustement de l’austérité, confirmant ainsi la perte de centralité du projet politique de mise en commun de ce qui est nécessaire à tous.
Une grève du secteur public est donc tout sauf corporatiste. Les fonctionnaires ont pourtant de nombreuses raisons de plaindre de leur condition tant leur statut a été mis à mal sans compter leur traitement qui subit le gel du point d’indice ce qui s’est traduit par un recul de leur pouvoir d’achat de 14% depuis 2010 ! Quant aux fonctionnaires territoriaux, ils sont les premières victimes de la réorganisation territoriale qui sous couvert de « rationnalisation » ou de « mutualisation » prépare rien moins qu’un vaste plan social d’état !
Le 26 janvier, les fonctionnaires vont se mobiliser derrière leurs syndicats avec la pleine conscience que c’est l’humanisme du projet politique républicain qu’ils défendent. Parce qu’ils sont les dépositaires au quotidien de l’intérêt général, leur mobilisation résonne comme un cri d’alarme collectif et appelle notre soutien.
Editorial de la lettre du 25 janvier de La Gauche par l’Exemple
François Cocq, Président de La Gauche par l’Exemple
Défendre le service public, c’est affirmer la primauté de l’intérêt général « François Cocq
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D'un côté les médias répandent la bonne parole : la caution morale de la "gôche" (Badinter) en mettant haut et fort en avant le caractère infranchissable, les lignes rouges des 61 principes constituant le préambule, et, dans le même temps où Valls corrige : "
Au passage remarquons que le projet lui-même de refonte du Code repose sur l'idée mensongère et manipulatrice que ce sont les protections sociales des travailleurs qui sont responsables du chômage en quelque sorte !
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