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La laïcité est comme la République, indivisible !
(La Marseillaise, le 23 janvier 2016)
Une campagne haineuse et honteuse à laquelle le Premier Ministre a cru bon d’apporter sa caution, s’attaque à l’Observatoire de la laïcité et à son Président Jean Louis Bianco. Il a osé prendre l’initiative, après les attentats du 13 novembre, d’un appel intitulé « Nous sommes unis » très largement signé par des courants de pensée divers, croyants et non-croyants. Ce texte appelle pourtant à construire dans les conditions d’aujourd’hui, une France laïque dans l’esprit et la lettre de la loi de 1905.
Devant les instrumentalisations en cours de tous côtés il est urgent de rappeler que cette loi est indivisible :
- elle respecte la liberté de conscience et d’exercer, dans la sphère privée comme dans l’espace public, le culte de son choix comme de porter des signes distinctifs ;
- elle garantit la liberté d’opinion et d’expression ;
- elle impose une stricte neutralité de l’État vis-à-vis de tous les courants de pensée, croyants ou non, ainsi qu’une séparation totale entre l’État et toutes les églises.
Tout cela dans le cadre des lois de la République qui s’opposent à tous les racismes, à toutes les violences en particulier à l’égard des femmes et des enfants, à toute atteinte à l’intégrité de la personne humaine…
La laïcité appelle donc à construire une France fraternelle, à l’opposé de cette France de l’intolérance qui grandit dangereusement, veut diviser, exclure, interdire et faire de la laïcité une machine de guerre contre une religion, l’islam et nos concitoyens originaires de nos anciennes colonies. Je croyais cela réservée à Marine Le Pen et à ses imitateurs « républicains » type Ciotti, Morano et autre Estrosi. Mais voilà que des élus Lr et Ps viennent nous expliquer que porter une kippa n’a pas le même sens que porter un foulard. Voilà que des « grands intellectuels », A. Finkelkraut, E. Badinter pour ne pas les nommer, nous servent la même soupe nauséabonde. Le premier a osé déclarer que les arabes et les noirs étaient à l’origine de tous les maux de la société française. Et à écouter E. Badinter quand on est de gauche on doit être islamophobe.
Pourtant, hier comme aujourd’hui la haine des juifs comme celle des musulmans n’a rien à voir avec le débat sur la nature des religions mais plutôt avec le rejet de minorités qui sert de moyen de gouverner en désignant des bouc-émissaires aux malheurs des peuples, permettant ainsi aux pouvoirs en place de maintenir leur domination.
Certes le Judaïsme, l’Islam comme le Christianisme possèdent leur part d’archaïsme, de sexisme et d’homophobie comme l’a encore montré la « manif pour tous ». Faut-il pour autant rouvrir une guerre contre toutes les religions ou parier sur le débat et la conviction ? Pourquoi s’en prendre à une seule d’entre elle, alors que tout indique que le djihadisme relève d’une analyse sociologique et géopolitique autrement plus complexe que le simple rapport à l’Islam ? Pourquoi le faire au nom de la laïcité ?
Celle-ci ne relève pas de ce fantasme autoritaire et sécuritaire qu’affectionnent nos actuels gouvernants. « La laïcité comme la démocratie » disait Jaurès « sont deux termes identiques fondés sur l’égalité des droits ». Face à tous ceux qui invoquent la laïcité pour interdire et désigner des bouc-émissaires, toujours les mêmes, je veux parier sur le désir de vivre et de faire société ensemble en pratiquant une laïcité de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
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