• Maud Vergnol, l’Humanité du 31/01/2016

    Après la stratégie du choc, le coup d'État permanent. Comment expliquer autrement la décision de l’exécutif de prolonger l’état d’urgence d’encore trois mois, et « jusqu’à ce qu’on puisse, évidemment, en finir avec Daech », dixit Manuel Valls, pour qui combattre le terrorisme consiste à restreindre les libertés et intensifier la guerre.

    Le rapport d’étape de la commission parlementaire de contrôle est pourtant clair, qui constate un « essoufflement » des mesures prises. « L’essentiel a été fait », a même consenti Jean-Jacques Urvoas, nouveau garde des Sceaux que l’on ne peut pas suspecter de laxisme, lui qui souhaitait fusionner la justice et l’intérieur…

    L’entêtement de l’exécutif n’apparaît plus seulement comme une dérive sécuritaire opportuniste, mais comme une tentation autoritaire, visant à enfermer la société française sous une chape de plomb. Car du haut de leur cynisme politicien, François Hollande et Manuel Valls sont convaincus que la démagogie sécuritaire, inefficace mais spectaculaire, peut leur permettre de déstabiliser leurs adversaires politiques, tout en rassurant les citoyens.

    C’est que l’exploitation des peurs peut rapporter gros. Pour le premier ministre, qui n’a pas hésité à parler de « menace chimique » quelques jours après les attentats de novembre, cette stratégie est même devenue une technique de gouvernement.

    On en fait avaler de belles couleuvres avec la peur : la fin de l’État de droit face au terrorisme, la destruction du Code du travail face au chômage, la fermeture des frontières face aux migrants… Et puis le spectre du Front national, qui justifierait que la gauche se range derrière une majorité rabougrie, et minoritaire dans le cœur de ceux qui ont voté en 2012 pour le changement.

    Ce sont eux qui, par milliers dans plus de 70 villes de France, ont bravé la pluie samedi, pour dire qu’ils ne céderaient pas les pleins pouvoirs à la peur. Ceux qui, avec Nelson Mandela, ont appris que « le courage n’est pas l’absence de peur, mais notre capacité à la vaincre ».


    votre commentaire
  • logo LDHCommuniqué LDH

    La décision du Conseil d’Etat, qui rejette toutes les demandes de la Ligue des droits de l’Homme, n’est pas seulement décevante, elle est dangereuse.

    En considérant que le maintien de l’état d’urgence se justifie par la persistance de la menace d’attentats et « les opérations militaires extérieures de grande envergure », le Conseil d’Etat justifie le maintien de cette situation d’exception pour de longues années.

    On ne sache pas, en effet, que le gouvernement envisage de mettre fin à la menace d’attentats ou aux opérations militaires à brève, moyenne ou longue échéance.

    En statuant ainsi, le Conseil d’Etat accepte qu’un gouvernement mette nos libertés entre parenthèses, pour une durée indéterminée.

    Nous manifesterons le 30 janvier 2016 !

    Communiqué du collectif « Nous ne céderons pas ! »

    Les associations et organisations syndicales regroupées autour de l’appel « Nous ne céderons pas ! » et ayant lancé la pétition « Pour nous, c’est définitivement non ! », contre la réforme constitutionnelle, appellent à manifester le samedi 30 janvier 2016 partout en France et à Tours, manifestation le samedi 30 janvier partout en France et à Tours, à 15h00, place de la Liberté.

    Elles expriment leur refus de la réforme constitutionnelle et leur exigence de la levée de l’état d’urgence.

     

    Paris, le 27 janvier 2016

    LDH-logo

    votre commentaire
  • pas t\'obeirasNausée

    <section>

    Il y a le fait politique et puis il y a, comment dire, cette nausée au matin :

    sur une de nos chaînes en entendant le bras droit de Mme Le Pen, Florian Philippot. Enfin, dit-il, enfin, ouf, elle n'est plus là.

    Et de commenter sa satisfaction de voir Christiane Taubira sortir du gouvernement en dénonçant son « laxisme », les liens qu'elle n'aurait toujours pas rompus avec les indépendantistes, etc., etc. Marine Le Pen, dans la journée, allait parler de « soulagement ».

    Mais, au fond, ce n'est pas tant Florian Philippot qui était à l'origine de ce malaise que le souvenir de ce qui s'est passé, de la façon dont, à peine entrée en fonctions, Christiane Taubira fut ciblée par la droite et l'extrême droite, et le plus souvent de la manière la plus ignoble.

    Souvenons-nous de cette gamine brandissant une banane, des caricatures abjectes d'une ministre de la République. Aujourd'hui qu'elle démissionne pour les raisons que l'on sait, le FN exulte. Président et gouvernement viennent de lui donner raison. Toute honte bue.

    Cactus / Le billet de Maurice Ulrich / L'Humanité du 28/01/2016

    DESSIN : Ça pique ! Jul / L'Humanité du 28/01/2016

    </section>

    votre commentaire
  • "Urvoas, au pas de lois"

    Tel était en 2013 le titre que Libération consacrait au député du Finistère, Jean-Jacques Urvoas.

    urvoas en majeste

    Il est un spécialiste des questions de sécurité. Il avait notamment été le rapporteur de la loi sur le renseignement en 2015. Il "portera, aux côtés du Premier ministre, la révision constitutionnelle et préparera le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale", selon l'Elysée.

    Nommé ministre de la Justice à la place de Christiane Taubira, aujourd'hui démissionnaire, le nouveau Garde des sceaux est considéré comme "le frère jumeau" de Manuel Valls. Son penchant et ses connaissances en matière du 'renseignement' vont faire de la place Vendôme une annexe du ministère de l'Intérieur. La police va remplacer les juges. Les magistrats du siège, deviennent ceux de l'état de siège.

    Lire aussi en PDF: URVOAS homme du patriot Act à la française (Médiapart)

    En ces temps d'état d'exception, le Président ne veut voir qu'une seule tête. Logique politique d'une démarche totalitaire du pouvoir. Le rejet passif de la majorité de la population, vis-à-vis de la politique portée par le PS, peut à tout instant se muer en soubresauts violents. 

    Le pouvoir fourbit donc ses armes pour se prémunir contre les "terroristes de l'intérieur". 

    Le gouvernement devient l'état-major de l'ordre oligarchique, qui fait bon marché des libertés.

    Fini de rire et de s'amuser. Les choses sérieuses vont commencer.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique