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SOURCE : Dans l'actualité: sommet du Plan B/Publié le <time datetime="2016-01-24T12:18:50+01:00">24 Janvier 2016</time> par Descartes
Cela a probablement échappé à beaucoup de gens, mais ce samedi se réunissait à Paris le « sommet du Plan B ». Ce « sommet », qui avait été prévu en novembre dernier avait été reporté suite aux attentats terroristes qui ont endeuillé Paris. Mais ce n’était que partie remise, et on a vu converger vers Paris des « spécialistes » français et étrangers bien connus dans le monde des « alter » et dans les colonnes du « Monde Diplomatique ».
Commodément installé dans mon fauteuil, et avec une réserve de chocolat suffisante pour couvrir toutes les éventualités, je me suis donc installé pour regarder le spectacle. En fait, la table ronde sur l’Euro, parce que le reste s’est révélé très vite d’un ennui mortel. Je m’attendais à être déçu, je ne le fus pas : les discours de la plupart des intervenants étaient parfaitement prévisibles. Je ne vais donc pas détailler les interventions des uns et des autres. Cependant, l’écoute des interventions des français à la table ronde sur l’Euro – que je vous conseille – montrent que les choses sont petit à petit en train de changer.
Pour la première fois, on entend Jacques Généreux proclamer que l’objectif est bien sortir de l’Euro, même si ensuite il affaiblit le propos en expliquant qu’il faut quand même « sauver l’Union européenne » - on se demande pourquoi – et si ses propositions se fondent sur l’idée fort naïve qu’il suffira que la France déclare ne plus « appliquer les règles actuelles » pour que nos partenaires – c'est-à-dire, l’Allemagne – acceptent une réforme globale.
En fait, les diagnostics qu’on a entendus ne sont pas mauvais. La rigidité de la monnaie unique empêche le rééquilibrage des prix et des salaires entre les différents pays, et les déséquilibres entre les différents pays – et notamment l’énorme excédent de l’Allemagne – ne peuvent donc être traités que par la déflation interne. Mais une fois le diagnostic posé, on se trouve bien embêtés. D’autant plus embêtés qu’au fil des discours on se rend compte que la plupart des intervenants – et beaucoup des participants de la salle – ont été dans le passé partisans de l’Euro !
Mais comme je l’ai dit, on commence à entendre un autre discours. Un discours qui ne sera pas tout à fait étranger à ceux qui suivent ce blog : (http://descartes.over-blog.fr/)
D’abord, un discours plus réalistes quant à la possibilité de transformer l’Euro en « monnaie démocratique » sans casser le système. Mais aussi sur la question des rapports avec le système des échanges. Ainsi, certains réalisent finalement qu’un système dans lequel certains pays ont des excédents permanents n’est pas durable, puisque les excédents des uns sont forcément des déficits des autres. On arrive donc à l’idée de l’équilibre des échanges comme objectif, position défendue par Keynes dans les années 1930 et que j’avais exposé dans ce blog avec la proposition d’un « protectionnisme intelligent ».
Mais l’intervention la plus remarquable a été celle de Frédéric Lordon, qui détonnait singulièrement avec le ton feutré des autres économistes. Les lecteurs de ce blog savent que Lordon n’est pas saint de ma dévotion, pour des raisons que j’ai maintes fois expliquées. Mais je dois dire que cette fois-ci j’ai été très agréablement surpris. Lordon pointe bien la difficulté de la gauche – et la « gauche radicale » ne fait pas exception – à se défaire de l’illusion européenne, sur l’Euro bien entendu, mais aussi sur la construction européenne en général. Il dénonce aussi la « panique intellectuelle » d’une gauche qui, « de peur d’avoir des mauvaises pensées, ne pense plus du tout ». Il décrit assez bien la pusillanimité de la « gauche radicale » qui n’ose pas sortir de l’Euro et qui du coup a laissé le FN s’approprier cette proposition. Il fustige l’inconséquence de cette même gauche radicale qui ne veut pas les conséquences de ses actes. Et le plus drôle, est qu’il a été copieusement applaudi par les gens mêmes qu’il a fustigés. Mais peut-être ne se sont-ils pas reconnus ?
Mais si les discours de ce « sommet » ont quelque chose en commun qui me semble tout à fait remarquable, c’est le refus systématique de toute analyse de classe.
La polarisation de tout ce qui est mauvais dans la « finance » permet en effet d’éviter toute question sur les groupes sociaux qui ont soutenu et permis la mise en place du système qu’on critique aujourd’hui. Car ni l’Euro ni la construction européenne néo-libérale ne sont tombés du ciel. Ils n’ont pas été mis en place par un dictateur tout-puissant venu de la planète Xorn avec des traders dans ses valises. Ce système est l’œuvre d’hommes politiques démocratiquement élus, votée par des parlements et dans certains cas même par référendum. Bien de ceux qui étaient présents dans la salle – Oskar Lafontaine et Jean-Luc Mélenchon, pour ne donner que deux exemples remarquables – ont d’ailleurs passionnément milité pour.
Même après les désastres qui ont émaillé son histoire, l’Euro garde un soutien majoritaire de certains groupes sociaux, comme l’exemple grec le montre abondamment. Or, personne ne semble s’interroger sur le pourquoi de ce soutien d’hier et d’aujourd’hui. Le match annoncé est « peuple vs. finance ». Pas question d’insinuer que le « peuple » est hétérogène, que chaque groupe défend ses intérêts, et que l’intérêt de certains est du côté de la « finance ».
Le problème est aussi que les économistes de cette « gauche radicale » n’arrivent pas à se décider entre plusieurs maux. Ils veulent sauver l’intégration européenne – pour des raisons mystérieuses, ils considèrent toujours l’UE comme un espace de liberté et de démocratie – mais se rendent compte que dans un contexte de mobilité parfaite des capitaux et des biens implique nécessairement la déflation salariale, seul moyen de jouer sur la compétitivité.
Tout en admettant, comme le fait Généreux dans un raisonnement fort élégant, qu’il n’existe pas de « peuple européen » et que donc tout fédéralisme implique nécessairement une forme de « dictature », on continue à rêver à une Europe fédérale « des peuples ».
En fait, dans toutes ces interventions, le concept de la Nation plane sur les discussions comme un énorme non-dit, l’éléphant qui est au milieu de la pièce mais que tout le monde fait semblant de ne pas voir. Tout le monde constate que l’Euro n’a pas marché, qu’il a approfondi les déséquilibres, mais personne ne se demande pourquoi les monnaies nationales ont, elles, marché. Quel est le mécanisme qui assure un équilibre à l’intérieur d’une Nation mais qui ne marche pas à l’échelle de l’Europe ? Bonne question, n’est ce pas ?
Descartes
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L’Éducation nationale vient de signer un nouvel accord avec Microsoft.
Bien des points de cet accord posent problème.
Les personnels concernés par les principaux points de cet accord sont avant tout les chefs d’établissements, décideurs et cadres de l’Éducation nationale : formés aux produits, techniques et organisations « made in Microsoft », c’est un début de privatisation de l’Éducation nationale qui se profile.
En ce qui concerne les enseignants, les besoins de formation nécessitent d’interroger les usages pédagogiques et didactiques des outils numériques pour les mettre au service, autant que faire se peut, de la démocratisation de la réussite scolaire. Penser que l’implication de Microsoft-France dans la formation professionnelle serait un atout majeur revient à nier ce besoin fondamental au profit d’un seul besoin de formation technique. Par ailleurs, la réalisation par Microsoft d’un « livre blanc » destiné à faciliter la mise en place de l’enseignement de la programmation prévue par les nouveaux programmes de collège peut poser la question de son objectif, d’autant que les documents d’accompagnement officiels ne seront pas publiés avant plusieurs mois.
L’implication de Microsoft dans le soutien financier et technique d’éditeurs d’applications pédagogiques et de ressources va conduire à privilégier un modèle technologique et économique, aux dépens d’alternatives, notamment celles offertes par les acteurs du logiciel libre, lesquels, selon la circulaire du 19 septembre 2012, devaient permettre de déployer des alternatives crédibles et opérationnelles aux grandes solutions éditeurs. Est-il raisonnable, en démocratie, de soumettre une action publique à une dépendance aussi forte à une seule entreprise aussi puissante ?
Le développement de l’usage de « l’écosystème Cloud » de Microsoft pose à nouveau les questions de la confidentialité des données d’autant plus gravement qu’un des buts annoncés est « l’analyse des données d’apprentissage des élèves » des expérimentations conduites par la DNE. Les engagements pris sont peu précis et ne peuvent suffire à offrir des garanties suffisantes.
Enfin, plus globalement, par son affichage tant au niveau national qu’au niveau des projets et des actions menés dans les écoles et les établissements, cet accord va conduire à relativiser un principe qui constitue un des fondements de la neutralité du fonctionnaire : la neutralité commerciale. La FSU tient à réaffirmer ce principe de neutralité des fonctionnaires rappelant qu’il s’inscrit dans la volonté républicaine de centrer l’action des agents du service public sur l’intérêt général et non sur les intérêts particuliers, en l’occurrence ceux d’une entreprise privée.
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1500 personnes très motivées se sont rassemblées place de la Liberté à Tours, avant de marcher vers le centre-ville.
De nombreux enseignants ont manifesté leur ras-le bol : le fossé se creuse entre le gouvernement et les enseignants, leur métier étant de moins en moins reconnu et valorisé.
Pour les profs en grève, les revendications salariales se doublent d'un mécontentement contre la réforme du collège, qui entre en vigueur à la rentrée.
Austérité ça suffit - Pour le service public, l'emploi, les salaires", ce sont les mots d'ordre à l’origine de cette mobilisation. "Augmenter les salaires, pas les actionnaires". (CGT, FO, Solidaires) -
Employés du public et du privé manifestent pour réclamer principalement des augmentations de salaires. Ils sont infirmiers, sages-femmes, retraités, bibliothécaires, cuisiniers, cheminots…
"Public, privé, même combat, ce n'est pas aux actionnaires de faire la loi, la vraie démocratie, elle est ici", scandent les manifestants. Ou encore: "Il y en a ras-le-bol de ces guignols qui ferment les usines et ferment les écoles". "Ils sont syndicalistes, pas terroristes", crient-ils encore, en soutien aux salariés de Goodyear condamnés à des peines de prison ferme pour avoir séquestré les dirigeants de l'entreprise.
Il y a "d'ores et déjà plusieurs dizaines de milliers de manifestants en France. Cela semble démontrer que la question salariale devient centrale", a déclaré Baptiste Talbot, secrétaire général de la fédération CGT des services publics, avant le départ de la manifestation des fonctionnaires à Paris, devant la gare Montparnasse.
Manifestations partout en France :
Selon les chiffres de la CGT, il y a 10.000 manifestants à Marseille, 2.000 à Nice, 1.500 à Montpellier, 6.000 à Toulouse, 1.000 à Orléans et Tarbes, 1.500 à Clermont Ferrand. Il souligne que "c'est la première journée syndicale depuis l'instauration de l'état d'urgence".
A Rouen, plus de 2.000 personnes selon la police, 3.000 selon les syndicats, manifestent pour une hausse des salaires dans la fonction publique et le retrait du projet de loi Macron et du pacte de responsabilité, scandant notamment "Augmenter, augmenter les salaires et les points d'indice C". De nombreux enseignants, environ 800, mobilisés contre la réforme du collège, se sont joints au cortège, un carton rouge dans les mains. Au Havre, quelque 900 personnes se sont mobilisées, selon la police.
Les hospitaliers étaient présents :
Les enseignants avec leurs drapeaux :Une banderole qui manifeste l’esprit parcourant cette mobilisation :
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Julian Mischi"Le Bourg et l’Atelier. Sociologie du combat syndical"
http://agone.org/lordredeschoses/lebourgetlatelier
408 pages (12 x 21 cm) 23.00 €Julian Mischi
Pourquoi et comment des ouvriers continuent à se syndiquer et à militer malgré la force des processus favorisant leur exclusion politique
On veut bien travailler, mais au bout d’un moment, quand tu vois que tu passes beaucoup de temps à faire des tracts, des papiers pour tout le monde, pour expliquer telle ou telle chose, et qu’en fin de compte le patron te casse la gueule et que ça sert à rien... Tu as beau faire ce que tu veux, avoir des camarades qui te disent : « Allez vas-y ! Ne t’inquiète pas : ça va payer ! »… Au bout d’un moment, tu es démoralisé, tu les as là.La culture cheminote, c’est ça qu’ils essaient de casser aujourd’hui : des valeurs de solidarité.C’est une société de plus en plus individualiste. Tout le monde fait les constats, tout le monde dit : « On a le pouvoir d’achat qui baisse. » On est tous d’accord globalement, mais entre faire le constat et emmener les gens dans l’action, il y a de la marge. Alors peut-être qu’un jour, il y aura un déclic. Je ne sais pas. Des fois, je ne sais pas ce qu’il faut pour qu’il y ait ce déclic.
Ce livre s’appuie sur une enquête menée pendant cinq ans sur le quotidien de syndicalistes ouvriers dans un atelier SNCF, au sein d’un bourg industriel de 3 000 habitants. Donnant la parole à des populations souvent associées à tort au seul monde agricole et essentiellement dépeintes par les médias nationaux comme des électeurs du FN, il montre que les ouvriers constituent le premier groupe social des campagnes françaises et tente de répondre à la question : comment s’engager quand tout pousse à la désyndicalisation ?
La restitution d’entretiens et de discussions dans le syndicat, tout comme l’observation des mobilisations, font entrer le lecteur dans l’ordinaire de la vie d’ouvriers syndiqués et montrent des tentatives d’organisation collective concrètes face aux réorganisations managériales. Explorant les réalités du militantisme en entreprise, l’ouvrage souligne que les clivages de classes, loin d’avoir disparu, se sont reconfigurés dans un nouveau contexte politique et économique – contexte où l’engagement à gauche peut aussi se perpétuer dans des conditions renouvelées, voire se développer.
Sommaire : Introduction : S’engager malgré tout ; I. Hiérarchies et culture de classe en atelier ; II. Au-delà de l’atelier : les ressorts de l’adhésion syndicale ; III. « On n’est pas une amicale de pêcheurs à la ligne » ; IV. Le travail militant des responsables syndicaux ; V. Quand les conflits de classes se déplacent de l’atelier à la commune.Julian Mischi, sociologue à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), est notamment l’auteur des ouvrages : Servir la classe ouvrière. Sociabilités militantes au PCF (PUR, 2010), Le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970 (Agone, 2014).
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Les bruits qui courent sur la fin des 35 heures et des heures supplémentaires ne doivent pas faire oublier les règles en cours ni de les payer aux salariés.
Daniel Roucous / L'humanité.frLundi, 25 Janvier, 2016DESSIN : Nice-MatinL’annonce du ministre de l’économie, Emmanuel Macron, de la fin des 35 heures et avec elles des heures supplémentaires se heurte à l’annonce de la ministre du Travail, Myriam El Khomri qui atteste que la loi continuera de garantir la durée du travail de 35 heures par semaine et les heures supplémentaires.
Cependant les deux ministres entendent privilégier les accords d’entreprises comme l’autorise déjà, dans une certaine limite, le code du travail.
Voici ce qui en est actuellement (article L3121-22 à L3121-25 du code du travail):
- les heures supplémentaires accomplies au-delà de 35 heures par semaine (durée légale du travail) donnent lieu à une majoration de salaire de 25% pour chacune des huit heures supplémentaires (de la 36ème à la 43ème heure inclus). Les heures suivantes (au-delà de la 43ème heure) sont rémunérées 50% de plus chacune.
- cette règle ci-dessus prévaut à défaut de convention ou d’accord de branche ou d’accord d’entreprise qui peuvent prévoir un taux de majoration différent qui ne peut être inférieur à 10%.
- de même une convention ou un accord collectif d’entreprise ou un accord de branche peut prévoir un repos compensateur à la place de tout ou partie du paiement des heures supplémentaires. Il s’agit des fameux RTT.
- certaines entreprises ont, par dérogation, une durée de travail supérieure à la durée légale hebdomadaire de 35 heures. Dans ce cas, la rémunération des heures supplémentaire est mensualisée en multipliant le salaire horaire par 52/12ème de cette durée hebdomadaire de travail, heures supplémentaires en sus.
Exemple : dans une entreprise où la durée collective de travail est fixée à 38 heures, la rémunération mensualisée sera calculée sur la base de 164,67 heures (soit 38 x
52/12). 151,67 heures (soit la durée légale mensuelle de travail) seront rémunérées au taux normal et les 13 heures supplémentaires au taux majoré.
- chaque salarié ne peut effectuer plus de 220 heures supplémentaires par an (contingent annuel d’heures supplémentaires). Mais là encore une fois, une convention, un accord d’entreprise ou de branche peuvent prévoir un contingent annuel plus important sous réserve d’une contrepartie négociée en salaire ou repos compensateur (articles L3121-11 à L3121-21 du code du travail).
- les majorations de salaires prévues pour le travail le dimanche ne remplacent pas mais s’ajoutent aux majorations des heures supplémentaires. Notre article http://www.humanite.fr/travail-le-dimanche-et-heures-supplementaires-582282
Ces règles en vigueur concernent tous les salariés (CDD, CDI, intérimaires, saisonniers, cadres occupés selon un horaire collectif) à l’exception des employés de maison, des VRP, des concierges d’immeubles, des assistantes maternelles etc., tous salariés non assujettis à la réglementation de la durée du travail.
Les heures supplémentaires doivent être indiquées distinctement des heures légales sur le bulletin de paie. Elles sont imposables.
A noter que certaines entreprises bénéficient d’avantages sociaux et fiscaux pour paiement des heures supplémentaires comme précisé sur le lien de l’URSSAF
INFOS +
Les articles du code du travail
- Sur la majoration de salaire http://www.legifrance.gouv.fr
- Sur le contingent annuel d’heures supplémentaires http://www.legifrance.gouv.fr
- Sur la contrepartie en repos http://www.legifrance.gouv.fr
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