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Par rozalux le 15 Décembre 2015 à 00:28
Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire.
Un sursaut a eu lieu pour barrer la route au FN
Maintenant, construire l’alternative à gauche !
De nombreux électeurs, notamment à gauche, se sont mobilisés pour empêcher le Front National d’emporter des régions. C’est un soulagement pour des millions de personnes. Le second tour des élections régionales a été marqué par une participation plus importante avec 4 millions d’électeurs supplémentaires qui se sont rendus aux urnes. Mais cela ne doit pas masquer l’ampleur de la crise politique que traverse le pays, le désaveu qui touche les institutions et les partis politiques.
En dépit de la politique libérale et austéritaire du gouvernement Hollande – Valls, les forces de gauche ont résisté dans plusieurs régions. La droite l’emporte dans de nombreuses régions où elle va aggraver les politiques brutales de casse des services publics.
Un moment crucial s’ouvre à gauche. Le Front National s’affirme comme une force qui s’enracine dans le pays, qui impose ses idées dangereuses, et qui est déterminée à s’emparer du pouvoir pour mettre en œuvre sa politique xénophobe, anti sociale et anti démocratiques.
Rien n’est écrit d’avance. Des énergies existent dans le pays qui refusent de céder au rejet de l’autre, au repli sur soi et au racisme. Les mobiliser doit être l’objectif des forces de gauche qui s’opposent à la politique antisociale du gouvernement.
C’est une révolution culturelle à gauche qui est nécessaire. Il faut retrouver le chemin des mobilisations populaires et unitaires et des batailles d’idées pour rendre possible de nouveaux progrès sociaux, écologiques et démocratiques.
Dans les prochaines semaines, toutes les forces sont nécessaires pour se mobiliser contre la politique de casse du Code du Travail imposé par Manuel Valls, contre les nouvelles Loi Macron qui libéralisent l’économie, contre les Grands Projets Inutiles et Imposés, contre toutes les formes de racisme et de discrimination qui gangrènent la société, contre l’état d’urgence pour faire vivre les droits démocratiques, sociaux, écologiques.
Pour rassembler, il faut un projet commun de tous ceux qui à gauche et dans le mouvement social ne renoncent pas et aspirent à une alternative politique de rupture avec le libéralisme, un nouvel espoir.
Ensemble ! propose que toutes les forces politiques et sociales qui partagent cette exigence se rassemblent, à l’échelle locale comme à l’échelle nationale. Ce travail constant et de grande ampleur devra permettre des candidatures communes pour les prochaines échéances électorales de 2017.
Notamment avec les forces qui ont déjà depuis plusieurs mois commencé à converger, le Front de Gauche, EEELV, Nouvelle Donne, les courants critiques du PS, les forces de la gauche radicale, tous les mouvements qui se sont constitués que ce soit le M6R, le Mouvement Commun, les Chantiers d’Espoir, les militants syndicaux, associatifs et tous les regroupements locaux et nationaux de la gauche alternative…
Les forces existent. Nous devons trouver le moyen de les rassembler.
Le 13 décembre 2015
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Par rozalux le 14 Décembre 2015 à 23:09
Après le deuxième tour des régionales,
Il y a urgence à développer la résistance ouvrière et populaire à la politique d’austérité et de guerre de Hollande et de son gouvernement
Le deuxième tour des régionales a été dominé par la mobilisation du gouvernement, du PS et des forces politiques qui ont fusionné avec le PS, pour empêcher le FN d’arriver en tête. C’est le message politique national qui a été donné.
Cela s’est traduit par leur retrait dans la région du Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et dans celle de Paca, assorti de l’appel à voter pour le candidat de la droite. Dans le grand Est, le maintien du candidat a été désavoué et le PS et plusieurs forces du Front de Gauche ont, elles aussi, appelé à voter pour le candidat de droite. Dans ces régions au deuxième tour le vote « blanc ou nul » a grimpé de façon significative (entre 7 et 8%).
La droite, quant à elle, n’a pas adopté la même position de retrait quand elle était arrivée derrière le PS au premier tour.
L’appel à « faire barrage au FN » a trouvé un écho, qui s’est traduit par une augmentation du niveau de participation, passant de 49% au premier tour, à plus de 53% au deuxième.
Les listes dirigées par le PS ont globalement bénéficié de cette mobilisation électorale supplémentaire. Cela leur a permis de limiter les dégâts et d’arriver en tête dans 5 régions.
Les chiffres globaux donnent, 9 millions de voix pour la droite, 7,2 millions pour les listes dirigées par le PS et 6,8 millions pour le FN. C’est le nombre de voix le plus élevé recueilli par ce parti jusqu’à présent, avec un gain de 800 000 voix entre les deux tours de ces régionales. Il échoue à remporter la tête des 6 régions où sa liste était arrivée en tête le 6 décembre.
La droite va diriger 7 régions, dont l’Ile-de-France.
Cette séquence électorale s’est déroulée dans le contexte de l’état d’urgence, qui a permis au FN de développer ses thèses sécuritaires et son discours islamophobe. Les dirigeants de la droite Sarkozyste se sont engouffrés sur ce terrain pour essayer de capter une partie des voix qui s’étaient portées sur les listes du FN au premier tour. Cela a sans doute fonctionné là où le FN ne pouvait gagner, comme en Ile de France. Un apport de voix qui a permis à Pécresse de passer devant la liste Bartelone.
Mais ce qui pour nous est grave, c’est le message politique et idéologique donné par la position des responsables des listes dirigées par le PS qui ont appelé à voter celles de droite, présentées comme « un rempart au FN ».
Ce qui est grave, c’est que des partis qui dénoncent par ailleurs la politique de Hollande et de son gouvernement, se soient ralliés à cette position.
Notre parti a appelé à l’abstention, dans toutes les régions où la configuration était droite-FN, et dans celles où le « choix » était entre la droite et la liste dirigée par le PS.
Dans la région Languedoc, Roussillon, Midi Pyrénées, nous avons appelé à voter pour la liste de fusion, PS-Front de gauche-EELV, pour empêcher la victoire du FN.
La principale leçon que nous tirons de cette séquence électorale, c’est qu’il y a urgence à développer la résistance ouvrière et populaire à la politique d’austérité et de guerre de Hollande et de son gouvernement.
Paris, 14 décembre 2015
Parti Communiste des Ouvriers de France
www.pcof.net
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Par rozalux le 13 Décembre 2015 à 18:42L'Humanité"On nous refait le coup de la ligne Maginot "par Philippe Torreton, comédien et auteur.
Valls était beau l’autre soir à la télé, drapé de soieries yvette-hornérienne un soir de 14 juillet, il appelait à voter pour la droite en citant nommément les candidats.
Source : Front République-rien | L'Humanité
Ça y est, il peut la dire fièrement cette phrase, sans s’emmerder à trouver des astuces et des combines pour s’affirmer de gauche.
Et c’est ainsi qu’au lendemain d’un vote particulièrement extrême, le front républicain nous refait son numéro de duettistes comme les derniers cachetons de Stan Laurel et Oliver Hardy qui ne se parlaient plus mais tentaient encore de faire rire à l’ancienne dans un monde passé au sonore et à la couleur.
On nous demande de voter à droite pour barrer la route au Front national. Cela fait plus de trente ans que l’on nous remet les mêmes couverts pour manger la même soupe à la grimace, ce n’est pas bon mais ça fait du bien.
Mais ça fait du bien à qui ? Ça rassure qui ce vote républicain ? Ça permet quoi ? L’eau monte à chaque marée d’équinoxe électorale mais le front de mer républicain résiste, on rebâti en hâte la digue en rajoutant un rang de parpaings et on se dit qu’on a fait le boulot.
Dessin : "On nous refait le coup de la ligne Maginot", écrit Philippe Torreton, comédien et auteur/ "On nous refait le coup de la ligne Maginot", écrit Philippe Torreton, comédien et auteur
Sauf que là, on nous demande de voter entre autres pour un Bertrand ou un Estrosi, c’est-à-dire ce que la droite fait de pire, les Las Vegas de la droite, des prêts-à-tout…
Au nom d’un soi-disant front républicain, on nous demande d’aller voter pour des olibrius qui ont mené une campagne pratiquement indifférenciable de celle du FN pour contrer justement les candidats FN. C’est absurde, c’est tristement absurde.
On peut manger de la merde sous la menace d’une arme, mais je crois qu’il y a des limites à l’humiliation.
On voudrait renforcer le vote FN que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Il faut permettre au peuple de gauche de voter et, pour qu’il puisse voter, il lui faut des candidats. Ce n’est pas en s’asseyant à plusieurs sur le couvercle de la Cocotte-Minute en surchauffe que l’on fera retomber la pression, pour moi le front républicain c’est cela et pas autre chose.
- Plus de trente ans que l’on nous ressert avec les airs finauds et graves qui vont avec le coup du « vote de colère » et du « vote message » qu’il faut savoir écouter, évidemment, et que l’on a bien sûr compris.
- Trente ans que tout ce beau monde y va des mêmes phrases creuses ...
- Trente ans que les citoyens qui votent FN n’ont pas compris que vous les aviez compris, mais trente ans de colère, ce n’est plus de la colère, c’est un programme, Messieurs du front républicain, c’est une adhésion en parfaite connaissance de cause, on vote FN sans se cacher, sans prendre un air bougon, on vote FN tranquillement avec les enfants juste avant d’aller voir Mamie qui nous a préparé une blanquette de veau.
Il est curieux de demander le retrait de ses candidats arrivés troisième mais de ne pas exiger la réciproque pour le camp d’en face. C’est moi qui vois le mal partout où se cacherait-il par là un petit calcul politique, comme un espoir de réciproque si jamais on se retrouve seul face au FN au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, plus on s’affichera grand seigneur aujourd’hui moins il sera possible à l’autre camp de ne pas appeler à voter « républicain » à son tour ? L’heure est grave et on nous refait le coup de la ligne Maginot républicaine…
Il faut entrer en résistance et résister, c’est d’abord étudier précisément ce que l’on va combattre et pour commencer ce combat il faut admettre un résultat, être capable de le constater, la France est majoritairement de droite et dans cette droite le FN est le parti phare.
Ce n’est pas en s’abstenant ni en démissionnant des conseils régionaux que l’on va résister, c’est en y étant présent, en écoutant les débats, en participant aux votes, en dénonçant l’inadmissible qui ne tardera pas à pointer son nez, même si je pense qu’ils vont tout faire durant cette pauvre année qui nous sépare de la kermesse présidentielle de 2017 pour ne pas choquer le citoyen qui ne vote pas FN.
Ce front républicain est un abandon, c’est de la politique de tapis vert. Pour contrer le FN, il eût été préférable de ne pas hurler en sueur : « J’aime l’entreprise ! »
Ou de déclarer sans sourciller que les Roms n’ont pas vocation à s’intégrer, mais au contraire donner le droit de vote aux étrangers extracommunautaires aux élections locales, au lieu d’abandonner cette promesse au lendemain d’une défaite électorale affichant une fois de plus un score important du FN, comme un acte d’allégeance ; c’était ne pas appeler les pays de l’Union européenne à restreindre l’accueil des réfugiés quelques jours après le 13 novembre, accréditant du même coup les thèses du FN qui voit en chaque réfugié un possible terroriste ; c’était ne pas marteler qu’il n’y a qu’une politique possible ; c’était ne pas couper les budgets de la Culture à peine arrivé au pouvoir mais au contraire soutenir les festivals au lieu de constater leurs fermetures avec un air de circonstance ; c’était ne pas abandonner les intermittents à la vindicte méprisante du Medef mais au contraire les défendre immédiatement, totalement.
C’était de profiter d’un voyage au Luxembourg pour taper du poing sur la table en condamnant cette politique de dumping fiscal que pratique le grand-duché. Ne pas supposer le chômeur fraudeur et l’assuré social tricheur surtout lorsque des centaines de milliards nous échappent chaque année par l’exil et l’optimisation fiscale de nos si chers plus riches et de nos si aimées entreprises. C’était de ne pas appeler de ses vœux une jeunesse se rêvant milliardaire, c’était oser les Scop lorsque le grand capital détruit nos industries ; c’était ne pas se découvrir à moins d’un an de la COP21 une âme d’écologiste.
Lutter contre le FN, c’eût été avoir de la constance et des convictions, avoir encore un idéal autrement plus motivant que l’équilibre des comptes public et nous y emmener, oser le bonheur pour tous,
c’était laisser le corps enseignant un peu tranquille pour une fois, l’écouter et lui donner de quoi enseigner, les profs connaissent leur métier, c’est leur passion et ils en ont marre qu’on leur dise ce qu’il faut faire à coup de réformes obscures et indéchiffrables dont le seul but est de transformer l’école en un tube par lequel on entre « espérant » pour en ressortir à l’autre bout « consommateur ».
Lutter contre le FN, c’était être capable d’abandonner la rigueur budgétaire européenne pour une autre cause que notre sécurité immédiate, par exemple pour venir en aide à nos 5 millions de pauvres, pour construire ces logements qui manquent à plus d’un million et demi de personnes, c’était faire en sorte que les Français ne dépensent pas plus de la moitié de leur paye pour se loger ; bref lutter contre le FN, c’était rester de gauche, vraiment, réellement, de gauche à en mourir, de gauche à en tenir bon sous la mitraille, c’est revenir au plus vite et le plus farouchement possible aux valeurs de la gauche prolétarienne, redonner du sens au travail, à la culture du travail, son honneur et sa grandeur, au lieu de le détruire en faisant du travail une tâche à accomplir, tous les trois jours un homme ou une femme se suicide à cause de son travail qu’il ou elle ne reconnaît plus, le peuple de gauche avec ses valeurs et son honneur se fait humilier depuis des années sur l’autel de la croissance, des fonds de pension, du libre-échange, ce peuple d’un autre âge qui ne comprendrait pas l’évolution du monde et à qui on demande dimanche de voter comme un seul homme pour des candidats de droite en invoquant Jaurès.
Cette comédie (finie), le peuple de gauche
doit reprendre la main dès lundi…
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Par rozalux le 13 Décembre 2015 à 00:22
SOURCE : Régionales : analyse du tsunami | Ensemble
L'article complet analyse point par point, parti par parti, etc. Les résultats du premier tour. Mais pour ce qui nous concerne, un point de vue sur les résultats (très) décevants du premier tour de ces régionales est du plus grand intérêt !
Le Front de gauche est globalement en panne.
Bien sûr, les comparaisons ne sont pas faciles avec un scrutin précédent où subsistaient dans quelques régions des configurations d’alliance avec le PS, telles qu’elles avaient été inaugurées par Robert Hue en 1998. La comparaison est d’autant plus malaisée que, dans deux cas (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et PACA), le PCF se trouvait dans une alliance de tout le Front de gauche et des Verts, avec deux têtes de listes écologistes. Si l’on additionne les cas où le PC ne regroupe pas tout le Front de gauche (0,4%), où il est à la tête de coalition de type Front de gauche (3,8 %) et les deux rassemblements avec les Verts (1,5 %), on parvient au total de 5,7 %. En 2010, le Front de gauche en avait obtenu 5,9 % alors qu’il n’était pas présent en tant que tel dans toutes les régions. Difficile de voir dans ce résultat global l’indice d’une progression. Même si les résultats sont intéressants en Normandie ou en Île-de-France…
La comparaison est plus éclairante encore, si l’on met côte-à-côte le résultat de dimanche et celui des élections européennes de 2014. À l’exception de la Normandie et de l’Île-de-France, le PCF et le Front de gauche sont partout en retrait. En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, la perte est d’un tiers du niveau initial, dans six autres cas la perte se situe entre un tiers et un cinquième. Or les européennes de 2014 étaient déjà elles-mêmes en retrait sur le score présidentiel précédent…
Le résultat global est donc incontestablement décevant. D’ores et déjà, le FDG est au-dessous du seuil des 5% dans six régions françaises, où il comptait en tout 42 conseillers, sur les 127 qu’il avait fait élire nationalement, pour les trois quarts issus des rangs du PCF. Le Front de gauche pouvait espérer tirer avantage du glissement vers la droite du socialisme de gouvernement. Il n’en a rien été pour l’instant. Depuis le mois d’avril 2012, le Front de gauche ne cesse d’enregistrer des résultats en recul sur ce que laissait augurer le scrutin présidentiel, où Jean-Luc Mélenchon avait cristallisé l’aspiration à une gauche bien à gauche.
Incontestablement, la conjoncture des dernières semaines ne lui a pas été bénéfique. Elle l’a été d’autant moins que la lisibilité du Front de gauche s’est avérée doublement incertaine. D’une part, dans trois régions, les composantes du FDG se trouvaient en concurrence les unes contre les autres, ce qui a créé un climat de malaise et de confusion. En outre, une confusion analogue s’est exprimée autour de l’état d’urgence, avec un groupe à l’Assemblée qui a voté le texte gouvernemental à l’unanimité, un groupe au Sénat qui s’est abstenu majoritairement et plusieurs composantes, dont le Parti de gauche et Ensemble, qui ont affirmé leur hostilité pure et simple. Or, manifestement, la question de l’état d’urgence a structuré à court terme l’espace politique, en valorisant les deux positions apparemment les plus cohérentes : celle du Front national (qui relie immigration, conflit de civilisation et état de guerre) et celle du gouvernement qui fait de "l’ordre" et de la "sécurité" une composante majeure du "nouveau socialisme" recentré. Face à ces deux pôles identifiables, le Front de gauche est apparu incertain ; or il s’agit d’un thème majeur en "Occident", depuis au moins septembre 2001 et la prégnance obsédante de la "guerre contre le terrorisme".
Mais pourquoi se cacher que, au-delà du Front de gauche, nous nous trouverons au lendemain de cette séquence électorale devant un problème majeur ? Le regain de conflictualité sociale et de radicalité idéologique qui s’était amorcé au milieu des années 1990 (nous célébrons – très discrètement – le vingtième anniversaire du mouvement de novembre-décembre 1995) n’a pas restructuré en profondeur le paysage politique français. En tout cas, pas sur son flanc le plus à gauche… Le total de la gauche radicale et de l’écologie politique se trouve aujourd’hui à un niveau bien modeste (12,2%), bien loin des plus de 20% de 2010 et des 15% de la présidentielle de 2012.
La gauche de gauche a été historiquement fragilisée par le déclin continu du PCF. Il se trouve que nulle force, avec lui ou sans lui, n’a su prendre la place qu’il avait laissée vacante. Au début des années 2000, les héritiers du trotskisme ont pu donner l’impression qu’ils prendraient la relève électorale d’un PCF nationalement essoufflé. Ce fut un déjeuner de soleil, que l’orientation étroite du NPA se chargea de renvoyer vers l’inconfort de la marginalité.
Après l’échec du "courant antilibéral", entre 2005 et 2007, le Front de gauche a pourtant esquissé la possibilité d’une reprise. Pour l’instant, elle est au électoralement point mort. Sans doute les carences de rassemblement, les contradictions internes, les tentations du repli sur soi, les pesanteurs des jeux d’organisations ont-elles pesé et pèsent-elles lourdement encore. Mais, le problème, à la gauche de la gauche comme dans toute la gauche, n’est pas simplement un problème de rassemblement. Il est plus profondément dans la difficulté à incarner, à gauche et dans toute la société, un projet d’avenir qui soit tout à la fois ancré dans la vieille histoire de l’émancipation populaire et ouvert sur les sensibilités, les aspirations, les cultures et les pratiques d’aujourd’hui.
Entre le renoncement et la répétition, nous n’avons pas bien su trouver la voie alternative. De ce fait, ce sont les modernités frelatées des technostructures ou les discours de la peur et de la xénophobie qui semblent incarner ce nouveau-là. Mais pendant ce temps, la crise continue, celle de la vie quotidienne pour les exclus de la croissance et celle de la démocratie elle-même, pour ceux qui ne peuvent plus peser, ni sur le cours du monde ni sur celui de leur propre vie.
Or cette crise s’approfondira. Le FN attise le ressentiment et l’enfermement frileux et chauvin, mais au risque d’élargir "l’état de guerre" à la société tout entière. Quant au socialisme "macronisé", il peut attirer un temps ceux qui sont à la recherche d’une voie crédible face au Front national. Mais il atomise un peu plus les catégories populaires et il déstructure un peu plus la gauche dans ce qui fait historiquement sa force : ses valeurs populaires d’égalité, de liberté et de solidarité.
Auquel cas, le seul rempart contre le Front national est l’affirmation d’une gauche reconstruite, portée par une génération nouvelle de femmes et d’hommes. Une gauche appuyée sur ses valeurs fondatrices mais capable de les vivifier. Une gauche échappant à la malédiction des structures qui ne vivent que pour elles-mêmes, rompant avec les vieilles et stériles séparations du social, du politique et du symbolique. Une gauche, au fond, capable de faire suffisamment "mouvement" pour que les catégories populaires, déstabilisées, retrouvent enfin le goût de la mise en commun et de la vie civique.
Roger Martelli. Publié sur le site de Regards.
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Par rozalux le 12 Décembre 2015 à 18:24L’alerte est sans appel et lourde de dangers ! La colère froide qui parcourt le pays, nourrie du chômage, de la précarité, de la mal vie, de l’insécurité du lendemain, du contexte dégradé où se côtoient les images d’horreur dans Paris ensanglanté et celles d’un monde disloqué, se manifeste pour une grande part par le silence le jour des votes et la dynamique d’une ombre brune qui s’étale comme des métastases sur l’ensemble du pays.Ce phénomène se constate, avec plus ou moins de force, dans toute l’Europe. Il n’est plus seulement un vote de protestation. Il est le résultat d’un long processus de désenchantement démocratique, alimenté par le refus d’écouter les citoyens et la tentative d’installer un bipartisme pour poursuivre les mêmes gestions au service des puissances d’argent, par le glissement, sous l’impulsion de M. Sarkozy, de la droite vers la droite extrême, par l’abandon des gouvernants socialistes de l’objectif de « changer la vie » et « du combat pour l’égalité et la justice ».Désormais, pour une part importante du pays, l’extrême-droite apparaît comme un recours. Pire, comme une alternative crédible au sein des institutions républicaines. Dans la féroce bataille idéologique, les points gagnés successivement par les idées de l’extrême-droite, ses permanences comme ses métamorphoses, doivent interroger nos insuffisances et les connivences entretenues avec elle par un spectre de plus en plus large du champ politique.
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