• Mercredi, 25 Novembre, 2015 / Humanite.fr

    Communiqué du Collectif des Associations Citoyennes

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    Meurtris et bouleversés par les événements de la soirée du 13 novembre, nous sommes de tout cœur avec les familles, avec les blessés et tous ceux qui sont traumatisés par ces événements, comme avec les victimes des attentats qui se produisent dans le monde entier. Cependant, face à la barbarie de ces actes, l'indignation ne suffit pas. Il faut s'interroger et débattre sur les causes et les responsabilités qui sont multiples.

    Sur le plan intérieur, le bilan est accablant. Au lieu de tirer avantage de ce formidable atout que représente le multiculturalisme de nombre de jeunes Français, nous avons rejeté une partie importante d'entre eux dans la marginalité et l'insécurité sociale. Pendant que nos politiques économiques néolibérales produisaient le chômage de masse et la désindustrialisation, la destruction systématique de l'action publique a conduit à l'asphyxie financière des services publics, de l'école, de l'Université, de la recherche publique, et des associations, nous privant des moyens de prévenir ce qui nous arrive aujourd'hui.

    Cependant, la classe politique quasi unanime vote aujourd'hui la prolongation de l'état d'urgence et un ensemble de mesures d'États sécuritaires, accréditant ainsi la thèse d'une guerre que nous aurions à mener contre le terrorisme et nous engageant dans une fuite en avant sans issue. Des mesures de sécurité sont évidemment nécessaires. Mais rien ne saurait justifier la restriction des libertés publiques, avec le motif vague « d'atteinte à l'ordre public » aisément généralisable à toutes les contestations. Cela constitue une menace majeure pour la démocratie et la vie quotidienne, sans que pour autant ces mesures soient efficaces. Nous aurions préféré entendre le discours qui fut celui du premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, après les attentats d'Oslo en 2011 : « nous devons montrer que notre société ouverte peut faire face à cette épreuve.

    La meilleure réponse à la violence est dans encore plus de démocratie. Encore plus d'humanité. Mais jamais de naïveté. C'est quelque chose que nous devons aux victimes et à leurs familles. Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d'ouverture et plus de tolérance ».

    Plus que jamais, le travail des associations citoyennes est indispensable et doit être à nouveau soutenu. L'éducation et la culture doivent redevenir prioritaires, car elles constituent un des principaux socles de la démocratie et de la citoyenneté. Les seules créations de postes de policiers ne suffiront pas, il est nécessaire aussi de ne pas supprimer les financements des associations, et de mettre en place, comme annoncé après le 11 janvier, un vaste dispositif de soutien et de relance de l'éducation populaire s'appuyant réellement sur les mouvements des citoyens.

    De même, il est inacceptable de priver les citoyens de leur droit d'expression publique par l'interdiction des manifestations. Dans l'immédiat, le Collectif des associations citoyennes s'associera aux initiatives qui contourneront l'interdiction de manifester pour que s'exprime publiquement la détermination des citoyens, notamment sur la question climatique, et aux actions communes de défense des libertés.


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  • le-general-pierre-de-villiers-cemaVoilà un haut responsable très concerné qui, contrairement à VALLS, cherche une explication rationnelle à la radicalisation des jeunes de nos contrées.

    "Pour le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées, les jeunes, qui se tournent vers Daech "cherchent un cadre et des valeurs qu'ils ne trouvent plus dans la société". Du coup, ils vont dans "une direction morbide (...) espérant trouver un sens à leur vie.

    Un mois avant les attaques terroristes simultanées à Paris du 13 novembre, le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, s'interrogeait à haute voix devant les députés de la commission de la défense sur le pourquoi de l'engagement d'une "partie de la jeunesse de France" vers Daech. Une "question de fond à laquelle nous devons réfléchir", estimait alors le général Pierre de Villiers, qui était frappé "par le pessimisme ambiant et la morosité générale" en France.

    "Pourquoi une partie de la jeunesse de France s'engage-t-elle chez nous et une autre chez Daech?"

    Selon le général Pierre de Villiers, "tous cherchent un cadre et des valeurs qu'ils ne trouvent plus dans la société. Les uns vont dans une direction morbide, chez Daech, croyant se rassurer, espérant trouver un sens à leur vie".

    Heureusement les autres, la plus grande partie, "choisissent l'armée pour défendre et servir la France". Tout comme ceux qui choisissent Daech, ils le font pour trouver un sens à leur vie. "Ils nous le disent comme ça, quels que soient leur niveau d'études et leur catégorie socioprofessionnelle. C'est assez exceptionnel", avait expliqué le général Pierre de Villiers."

    Lire la suite : http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/pourquoi-les-jeunes-se-tournent-vers-daech-selon-le-chef-d-etat-major-des-armees


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  • "Aucune excuse sociale, sociologique et culturelle" ne doit être cherchée au terrorisme après les attentats de Paris, a affirmé Manuel Valls mercredi, car "rien ne justifie" en France de s'attaquer à ses compatriotes. VALLS fait semblant de ne pas comprendre qu'il est possible d'étudier rationnellement, par l'analyse concrète, même les drames sociaux. Bourdieu avait largement démontré que le rejet de la sociologie en tant que science arrivait dès lors que les pouvoirs étaient mis en cause par ce qu'elle découvrait.

     

    macron dans un écrin policier

    « Les applaudissements venus des bancs de droite comme de gauche ». Montrent tout simplement qu'on mélange tout, l'approche concrète d'une réalité concrète, les jugements moraux, juridiques, la lutte nécessaire contre tous les terrorismes, tous les intégrismes. Cela ne présage rien de bon pour l'efficacité du travail de fond à mener dans toutes les sociétés contemporaines, y compris au niveau international.

    Le Premier ministre répondait au député Les Républicains Jérôme Chartier (Val d'Oise), qui avait exprimé sa "rage" contre "celles et ceux que j'entends qui cherchent des excuses aux terroristes", qui ne représentent "aucune idéologie" et ne sont "que des assassins".

    Manuel Valls a jugé ces propos "très justes", alors que le gouvernement a insisté sur la réponse sécuritaire depuis les attentats du 13 novembre et se tient à l'écart de justifications sociales ou économiques.

    Manuel VALLS est donc un homme de droite qui pense que tous les problèmes doivent être traités par la répression, la limitation drastique des libertés.

    Seul le ministre de l'Economie Emmanuel Macron avait affirmé samedi que la société française devait assumer une "part de responsabilité" dans le "terreau" sur lequel le jihadisme a pu prospérer en France.

    Après les attentats de janvier, l'exécutif avait en revanche déclenché une réponse également sociétale, M. Valls dénonçant personnellement un "apartheid social, territorial et ethnique" en France et dans ses banlieues.

    "Nous devons être non seulement impitoyables dans la lutte contre le terrorisme mais aussi intransigeants quant à l'application des lois et des règles de la République", a déclaré le Premier ministre mercredi à l'Assemblée.

    C'est vrai, et c'est très exactement son travail. Il est au pouvoir pour appliquer les lois et les règles de la république … Il ne doit pas s'en priver, évidemment, dans le cadre de ces règles et de ces lois. Mais cela ne doit pas l'empêcher de consulter ces chercheurs qui, sur le terrain, au moyen d'enquêtes et d'analyses minutieuses, consciencieuses, peuvent apporter beaucoup, pour une plus grande efficacité, dans la mise en perspective d'un travail de prévention.

    Et notamment il doit faire appliquer (toutes) les lois qui concernent "l'égalité des hommes et des femmes", celle sur l'interdiction du port du voile intégral en fait certainement partie, mais pas seulement. L'égalité dans le monde du travail, au foyer, le libre droit de disposer de son corps en font aussi partie … Et on ne peut pas dire que cela marche très bien.

    A la question "Est-ce que tout a été fait?" depuis janvier pour éviter d'autres attentats, M. Valls a répondu par l'affirmative, même s'il a reconnu "une question évidemment difficile".(…)

    Chacun jugera, mais il est évident que si TOUT avait été fait, y compris au niveau européen, les terroristes n'auraient pas pu circuler aussi facilement, et se procurer des armes de guerre.

    Tous les propos du premier ministre sont à visée électoraliste, il n'ont aucun rapport avec la réalité sociale que nous voyons sous nos yeux s'aggraver chaque jour. Tous ces élus qui affirment détenir en permanence la vérité et se donnent comme les gardiens de la vertu sont en réalité des hors-sol.

    Commentaires de l'article :http://www.lanouvellerepublique.fr/ Valls-Aucune-excuse-sociale-sociologique-et-culturelle-ne-doit-etre-trouvee-au-terrorisme-2544186


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  • FRATERNITEMaud Vergnol http://www.humanite.fr/numerique/

    Depuis que des fanatiques qui haïssent la vie ont répandu le sang dans la Ville-Lumière, les progressistes font face à l'un des plus gros défis qu'il leur ait été donné de relever.

    L'heure n'est pas à l'angélisme, et mettre hors d'état de nuire les fascistes de Daech est une urgence absolue, en France comme au Moyen-Orient, dont les populations subissent quotidiennement les atrocités des terroristes. Mais cela ne pourra se faire que dans le cadre de l'État de droit. Répondre à Daech en cédant à la panique et en embarquant la France dans « une guerre contre le terrorisme », qui ne désigne ni l'adversaire ni les causes du conflit, risque de nous mener sur les mêmes chemins que les États-Unis sous l'ère Bush.

    Cet engrenage guerrier, nous devons l'éviter, car il nous fragilise plus qu'il nous protège.

    N'en déplaise à François Hollande, qui aimerait bien cacher sous le tapis les errements diplomatiques de la France alors qu'il tente de reprendre pied dans le dossier syrien. Car c'est bien la croisade engagée en 2001 en Afghanistan, poursuivie en Irak, puis en Libye et en Syrie, qui nous revient aujourd'hui au visage. Cette semaine diplomatique sera décisive. Par le passé, la France a su résister à la rhétorique de « la guerre au terrorisme » et porté dans le monde une voix universaliste.

    L'enjeu aujourd'hui n'est pas de savoir comment gagner la guerre, mais comment contribuer à y mettre fin. Cela passera par une initiative militaire en aidant les forces locales qui se battent sur le terrain contre l'expansion djihadiste. Celle-ci doit se réaliser dans le cadre du droit international et de l'ONU.

    Mais quid du double jeu de la Turquie et des compromissions de la diplomatie française avec les monarchies du Golfe, quand l'urgence est de priver Daech de ses moyens matériels et de ses alliés au niveau régional ? L'unité nationale ne consiste pas à siffler « silence dans les rangs » et étouffer les voix de la paix et du progrès. Celles-ci demeurent, plus que jamais, la solution.


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  • catalog-cover-iconÉdition spéciale de l'Humanité. Malgré l’épouvante, partout en France et dans le monde, des hommes et des femmes se retrouvent, se parlent, se réconfortent et s’inventent de nouvelles fraternités. Pour conjurer le pire.

    Paris, samedi soir. Minuit passé. Les rues sont vides. Boulevard Voltaire, en face du Bataclan, des dizaines de personnes, en couple, en groupe, se recueillent devant les milliers de bouquets de fleurs et de témoignages griffonnés à la main accrochés aux grilles du petit square sur le trottoir d’en face. Au sol, les flammes des bougies dansent sous le vent glacé.

    La semaine dernière, une amie a croulé sous les témoignages de solidarité d’amis maliens. Depuis vendredi, c’est à son tour de leur envoyer des messages de soutien. Ces assassins tuent aveuglément partout. Hier à Alger. Puis à Bagdad, ou au Nigeria. Des entrefilets dans les journaux. Il y a eu New York. Puis Toulouse, Beyrouth. Paris et Saint-Denis. Un électrochoc. La sidération. La peur. Puis, la prise de conscience d’une faillite de nos sociétés où l’on s’accommode des inégalités, de la misère ici, à nos côtés et pas qu’ailleurs. Les gouvernements adoptent un vocable guerrier. Partout, l’état d’urgence. Partout, le couvre-feu. Une surenchère qui joue sur la peur et l’émotion.

    Et les gens se mettent à parler

    Samedi et dimanche, les marchés parisiens, fermés la semaine dernière, étaient bondés. Rue Ordener, dans le 18e, à quelques rues de là où l’on a retrouvé l’une des voitures qui a servi aux assassins, on fait la queue chez le poissonnier, chez le boucher, le marchand de légumes. Et les gens se mettent à parler, parler, entre tristesse et douleur, entre peur et désir de vivre. Bamako est dans toutes les têtes. Bruxelles aussi. Paris est un village. Dans son entourage, on connaît tous quelqu’un qui connaît quelqu’un qui, ce 13 novembre, était sur les lieux du drame. Ce n’est pas la vie qui reprend ses droits. La vie ne s’est jamais arrêtée. Les théâtres, les salles de spectacle accusent le coup. Pourtant, vendredi, au Zénith, le public était au rendez-vous des Simple Minds. Ils sont entrés en file indienne. Comme en procession. Ils se sont alignés. Jim Kerr, le chanteur, s’est dirigé lentement vers le micro : « Bonsoir Paris. Nous sommes de Glasgow. Nous sommes Simple Minds. Ça va être un grand concert, mais avant, je vous propose une minute de réflexion pour les victimes de Paris et à travers le monde. » Pendant une minute, le thème de la très mélancolique Rivers of Ice (Rivières de glace) a accompagné le silence des milliers de fans. Après le concert, un groupe de Lillois « débriefe », une bière en main. Il n’y est pas question du fantastique Mandela Day en acoustique ou du très signifiant Alive and Kicking (Bel et bien vivant), mais de la peur de venir à un concert. « Moi, j’ai eu peur, je l’avoue », dit l’un d’eux. « C’est lui qui m’a forcé à venir », ajoute-t-il, en se tournant vers son ami, lui jetant un regard empreint d’un remerciement sincère.

    Au Théâtre de la Tempête, à la Cartoucherie, Igor Mendjisky, le metteur en scène d’Idem, a pris la parole avant le spectacle. Une pièce qui commence par la prise d’otages au théâtre Doubrovka à Moscou en 2002. Comme une évidence, après un échange avec les acteurs, ils ne jouent pas cette première scène où ils font irruption dans la salle, kalachnikov à la main. Pour les spectateurs, pour les acteurs, par respect pour les victimes du 13 novembre. Même réaction au Théâtre de Montreuil où il est question d’attentats terroristes dans Iris, d’après Manchette et mis en scène par Mirabelle Rousseau. À Saint-Denis, Au Pavillon, un bar musical situé derrière la basilique, les jeunes, ça ne désemplit pas. Vendredi soir, on a dansé au son du raï et de la techno, on a chanté des Marseillaise et des Internationale.

    Ces mêmes flammes qui dansent...

    Et puis il y a ce couple d’amis, venus d’Arles, jeudi, avec leur petite Juliette auprès de L. et de sa fille dont le mari figure parmi la longue liste des morts du Bataclan. « On ne trouve pas les mots. On est là. Comment expliquer à une petite fille de deux ans qu’elle ne reverra plus son papa ? »

    Le boulevard Voltaire, le Stade de France, la place de la République sont toujours recouverts de bougies. Ce sont ces mêmes flammes qui dansent dans le cœur des habitants de Beyrouth, Bamako, Bruxelles. Et d’ailleurs. Partout, on chante la Marseillaise. On arbore le drapeau bleu-blanc-rouge jusque dans les réseaux sociaux. Ce même drapeau, ces dernières années confisqué par l’extrême droite, redevient celui du peuple. Celui qui, en 1789, inventait la démocratie, les droits de l’homme et se rebellait dans les rues de Paris, bouleversant l’ordre établi, sillonnant les rues de Paris, du côté de la Bastille, du Faubourg-Saint-Antoine. On pense au spectacle de Joël Pommerat, Fin de Louis (1), ça ira, à voir absolument, de toute urgence par les temps qui courent. Les Parisiens qui fréquentent les bistrots du Nord et de l’Est parisien ne se contentent pas de boire et de rire. Dans ces endroits, on refait le monde, on est de toutes les manifs alter-quelque chose, on est solidaire des autres, des étrangers, de tous les réfugiés. Comme si l’esprit de 1789 ne s’était jamais éteint. Le bonheur est une idée neuve en Europe, disait Saint-Just. Elle est une idée neuve dans le monde. À Beyrouth. À Saint-Denis. À Bamako. À Bruxelles. À Yaoundé. À Alger. À Tunis. À Bagdad… Décrétons partout l’état d’urgence de vivre. Malgré la terreur.

    ralliement place de la République  De nombreuses personnes ont continué hier à se déplacer place de la République, à Paris, pour rendre hommage aux 130morts des attentats du 13 novembre. Des anonymes s’organisent pour protéger les innombrables souvenirs disposés autour de la statue et abîmés par la pluie de la veille. Alors que des intempéries sont annoncées pour les prochains jours, les messages sont ramassés et plastifiés. Les fleurs fanées, morceaux de cire de bougie durcie, papiers détrempés sont également enlevés et les bouquets déplacés contre le piédestal en marbre de la statue. Très présent, le collectif « 17, plus jamais », créé après les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, a déjà photographié plusieurs centaines de messages et dessins pour les archiver.

    SOURCE : http://www.humanite.fr/de-paris-bamako-decretons-letat-durgence-de-vivre-590448


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