• 27 nov. 2015 | Par François Bonnet– Mediapart.fr

    _perquisitions-police
    Cazeneuve

    URL source:https://www.mediapart.fr/journal/france/271115/un-pouvoir-hors-la-loi-un-etat-hors-controle(EXTRAITS )

    Deux semaines après les attentats du 13 novembre, la Ve République présente le visage hideux de la peur, de l’emballement guerrier et d’un pouvoir hors contrôle. Cette fuite en avant sécuritaire est porteuse de nouvelles crises. Qu’un gouvernement socialiste en soit l’acteur renvoie aux pires jours de la IVe République sous Guy Mollet.

    Qu’il est donc loin, « l’esprit du 11 janvier », célébré au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo puis de la tuerie antisémite au magasin HyperCasher de Vincennes !

    Ce 11 janvier 2015, la société française se levait en masse, à l’occasion des plus grandes manifestations jamais survenues depuis l’après-guerre. Nous avions appelé à y participer (lire notre article ici), non pas pour célébrer une quelconque « union sacrée », dont l’histoire nous enseigne qu’elle mène à la catastrophe, mais pour rendre hommage aux victimes, en premier lieu, et pour être de cet immense réveil citoyen qui submergea alors la simple parole politique.

    Les ambiguïtés, les dissonances, les contradictions de ces rassemblements furent relevées et débattues. Mais au moins la société était-elle là, en première ligne, dans sa force et sa diversité, mettant au défi l’ensemble de la classe politique d’élaborer des réponses radicalement nouvelles, qui ne répètent pas les erreurs tragiques du passé. Celles commises par l’administration Bush au lendemain du 11 septembre 2001.

    Erreurs d’ailleurs inspirées par un autre naufrage, français celui-là : les pouvoirs spéciaux accordés à Guy Mollet en 1956 et l’engloutissement de la IVe République dans la guerre d’Algérie (pour rappel, les conseillers de Rumsfeld, ministre de la défense de Bush, étudièrent de près la bataille d’Alger).

    Ce pouvoir, qui semble se résumer depuis le 13 novembre à trois hommes, François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, n’a donc rien appris, rien retenu des crises passées qui aujourd’hui encore nous poursuivent. Le naufrage républicain de la guerre d’Algérie, le naufrage démocratique de l’après-11-Septembre : que faut-il donc de plus pour que ce pouvoir comprenne qu’il précipite le pays dans une zone de risques où, à la crise politique, se surajouteraient des déflagrations sociales ?

    Il y a quelques mois seulement, au lendemain des attentats du 7 janvier, deux hommes avaient cadré les enjeux, et sans doute – avec beaucoup d’autres – endigué les tentations de fuite en avant du pouvoir. Le premier est Robert Badinter, qui avertissait alors : « Les terroristes nous tendent un piège. Ce n’est pas par des lois et des juridictions d’exception qu’on défend la liberté contre ses ennemis » (son texte est à lire ici). Le second est Dominique de Villepin : « Résistons à l’esprit de guerre. La guerre contre le terrorisme ne peut pas être gagnée, il n’y a pas de contre-exemple. Il faut une stratégie politique et une capacité à penser au-delà » (lire ici une de ses récentes tribunes).

    (…) N’en déplaise à Robert Badinter et Dominique de Villepin, voilà donc la France précipitée et dans la guerre, et sous un régime d’exception. C’est le choix d’un pouvoir faible, inquiet, qui par cette violente fuite en avant tente de se sauver en se barricadant derrière l’état d’urgence.

    L’état d’urgence de douze jours (tel que limité par la loi de 1955) aurait pu être exclusivement motivé par des impératifs sécuritaires. Complété, renforcé et prolongé de trois mois (voire plus, disent déjà des responsables), le voilà destiné à deux autres fonctions : museler la société en installant durablement cet état de peur qui tétanise ; interdire ou à tout le moins limiter les indispensables questionnements sur les choix politiques faits depuis des années.

    Au-delà de l’engagement du pays dans une guerre – choix jamais véritablement discuté et expliqué –, la réponse au terrorisme est donc la mise entre parenthèses de notre démocratie. Après l’État de droit, voici l’État hors la loi. C’est un choix revendiqué par le Premier ministre. Se sentant sans doute à l’étroit entre François Hollande et Bernard Cazeneuve, Manuel Valls a bruyamment défendu l’instauration de ce régime d’exception, tout à son rôle de « Monsieur + ».

    (…)Une campagne caricaturale

    Endossant le nouveau programme présidentiel énoncé devant le parlement réuni en congrès, et qui puise massivement dans les projets de la droite comme de l’extrême droite, le premier ministre est le metteur en scène de cette hystérie sécuritaire qui inquiète plus qu’elle ne rassure. « La France mènera une guerre implacable » ;« éradiquer »,« anéantir » Daech ;« ennemi intérieur » ;« nous sommes tous au front » ;« cette guerre sera longue » ;« extraordinaire travail des forces de l’ordre » : Manuel Valls chef de guerre écarte toute question ou hésitation.

    Le résultat ? Cette caricaturale campagne gouvernementale qui voudrait réduire notre participation à l’hommage à toutes les victimes du 13 novembre, à un drapeau bleu, blanc, rouge à télécharger et à accrocher à sa fenêtre, à un « Faites un selfie en bleu, blanc, rouge » et à une pensée Twitter en 140 signes surle hashtag #FiersdelaFrance.

     

    Choquante, la soudaine nationalisation d’une douleur partagée par la société interroge sur les arrière-pensées politiques d’un pouvoir aux abois. « Je suis révulsé par l’étatisation de l’émotion, par son appropriation par ceux-là mêmes dont le destin politique ne tient plus qu’à son instrumentalisation permanente », note Philippe Aigrain, l’un des responsables de la Quadrature du Net.

    Cette construction dans l’urgence d’un régime d’exception ne réglera pas la question sécuritaire. Pas plus que ne l’ont réglée les dix lois visant à lutter contre le terrorisme adoptées depuis 2001.

    Nos libertés menacées par l’arbitraire de l’État, notre démocratie mise sous cloche, l’effacement des repères politiques dans un pays gangréné par l’extrême droite… Ces décisions sont porteuses d’autres crises.

    En 1955, l’état d’urgence fut rapidement jugé insuffisant. Il fallait encore et encore élargir les pouvoirs de la police et de l’armée : ce fut, un an plus tard, les pouvoirs spéciaux. Avec ces derniers, un président du conseil socialiste, Guy Mollet, donnait le signal du naufrage de la IVe République et, avec elle, d’une gauche française déshonorée. François Hollande et Manuel Valls empruntent la même pente.

    Lire l’article intégral : Un pouvoir hors la loi, un Etat hors contrôle Par François Bonnet – Mediapart.fr | Nantes secteur ouest

     


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  • Dupont Dupond Vallskozy et sarkovallsBonnet blanc et blanc bonnet
     
     
    Pour qui a regardé l’interview donnée par Manuel Valls au Petit Journal, il est difficile de ne pas imaginer le président des Républicains tenir peu ou prou les mêmes propos que le chef de la majorité.
     
    D’abord, il y a le ton, martial, sévère, même si on peut penser que c’est un peu surjoué et que les ficelles communiquantes ne sont pas toujours très discrètes. Puis, il y a le volontarisme affiché, les mesures annoncées et défendues, les promesses faites : toute une panoplie soigneusement étudiée, veillant à répondre aux horreurs d’il y a quelques jours et au besoin de réponses des Français. Ce faisant, le gouvernement a largement repris les propositions de l’opposition, dont la ligne de différenciation ne semble plus tenir qu’au reproche de ne pas avoir pris ces mesures après les attentats de janvier.
     
    Manuel Valls pousse le détail très loin. Il a même évoqué avec émotion ses racines espagnoles et catalanes et ce qu’il devait à la France qui lui avait offert son parcours, de la même manière que Nicolas Sarkozy avait évoqué ses origines étrangères lui-aussi avant l’élection présidentielle. 
     
     
    Vallsarko sarkovallsLe sens de cette convergence

    Bien sûr, certains verront derrière ces déclarations essentiellement un exercice de communication destiné à donner le change sur la réaction du gouvernement et penser que les Français ne seront pas dupes. Mais il faut aussi reconnaître que, malgré toutes ses insuffisances (on peut penser au risque constitutionnel qui pèse sur l’extension de l’état d’urgence), la majorité a su véritablement infléchir sa politique sur plusieurs questions, que ce soit le contrôle aux frontières, ou la remise en cause du pacte de stabilité à la faveur d’un pacte de sécurité devenu prioritaire et pour lequel devraient être dégagés de vrais moyens. Ce faisant, cette équipe coupe largement l’herbe sous le pied de la majorité précédente, qui peine à proposer des réponses différentes à la menace terroriste qu’affronte notre pays.

    Ce faisant, entre l’économie et la sécurité, aujourd’hui, le Parti dit Socialiste ne laisse plus un grand espace politique à son adversaire traditionnel. Le travail du dimanche, vanté par Sarkozy ? C’est Macron qui l’a fait. L’augmentation des moyens de la police, la remise en question de Schengen ? Là encore, c’est la gauche qui le fait à front renversé par rapport à des Républicains réduits aux extrêmes pour se distinguer de l’équipe au pouvoir, comme avec les camps d’enfermement des fiches S de Laurent Wauquiez ou la baisse de 130 milliards des dépenses publiques évoquée par Copé ou Fillon. Et si François Hollande, même si sa politique reste fondamentalement une erreur, était une sorte de synthèse toute cynique et machiavélique de Tony Blair et François Mitterrand, piégeant ses adversaires ?
     
     

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    Jaurès ... promeut « la pensée ouvrière complète », qui allie « l’Internationale et la nation », non pas comme un mariage de raison mais comme l’aboutissement de l’un et de l’autre. La nation, comme la République, devient alors une ambition de démocratie et de progrès social, un partage.
    monet tricolore montorgueil

    L’appel aux Français à pavoiser leurs habitations vendredi, lancé par le président de la République en hommage aux victimes des tueries de Paris, suscite des sentiments mitigés.

    L’injonction rappelle des images des États-Unis et certains estiment qu’il n’y a qu’un pas du patriotisme au Patriot Act, qui a placé les libertés sous clef outre-Atlantique.

    De fait, le drapeau tricolore a souvent été brandi par ceux qui voudraient effacer le bleu et le rouge – qui incarnent l’irruption du peuple de Paris au premier rang de la scène politique à l’aube de la Révolution française – pour ne garder que le blanc, souvenir de la monarchie. Bien sûr, ses couleurs ont couvert parfois les menées haineuses du nationalisme, les conquêtes sanglantes du colonialisme, l’atroce boucherie de la Première Guerre mondiale ou les répressions de la contestation.

    Pour autant, ces dernières effacent-elles ces Marseillaise chantées et la bannière brandie sur les barricades des révolutions du XIXe siècle – notamment sur celles de la Commune –, les brassards des FFI, l’élan formidable du Front populaire quand les couleurs nationales mêlent leurs plis à ceux du drapeau rouge ? Ne faut-il pas plutôt répliquer avec Alexandre Dumas : «â€¯Et le drapeau, morbleu ! Il ne faut pas laisser un drapeau aux mains de l’ennemi, même quand ce drapeau ne serait qu’une serviette ! »

    L’ambiguïté naît aujourd’hui de la rhétorique guerrière que brandit le pouvoir, d’une dérive sécuritaire qui évoque «â€¯l’ennemi intérieur » et juge secondaires les libertés, d’un culte d’une identité fermée qui oublie l’égalité, des tentations d’amalgames qui minent la fraternité.

    « Vive la nation ! »

    Un débat sous-tend les réactions de malaise, celui qui fait rage autour de l’idée de nation. L’extrême droite la conçoit comme un espace fermé, figé dans une histoire ancienne, défini par une référence chrétienne, lieu d’opposition et de résistance au vaste monde hostile. À droite, on n’en est pas si loin, sacralisant une notion réduite à une culture ou à des modes de vie.

    Si l’idée de nation chemine au long cours, avec ses esquisses moyenâgeuses, ses premières incarnations (Jeanne d’Arc, par exemple), c’est en 1792 et 1793 qu’elle se refonde spectaculairement. Le «â€¯Vive la nation ! » proclamé à Valmy par des citoyens soldats opposés à des mercenaires affirme l’irruption de la souveraineté populaire sur un territoire et un destin.

    Elle témoigne qu’un nouveau contrat social s’échafaude ; elle est un projet et une communauté. Loin de rejeter l’étranger, elle trouve aussi ses sources dans la déclaration de paix au monde proclamée en 1790, dans un esprit qui destine à tous la liberté et l’émancipation. Cette république accueillante allait, grâce au droit du sol, définir les règles les plus démocratiques de l’accès de tous à la citoyenneté. L’écrivain allemand Goethe ressent immédiatement cet élan et voit «â€¯l’aube d’une nouvelle ère pour l’humanité ».

    Jaurès poursuit ce sillon et promeut «â€¯la pensée ouvrière complète », qui allie «â€¯l’Internationale et la nation », non pas comme un mariage de raison mais comme l’aboutissement de l’un et de l’autre. La nation, comme la République, devient alors une ambition de démocratie et de progrès social, un partage. Elle n’est pas l’enclos privatif mais l’ouverture à l’autre. En trouve-t-on une trace dans le bréviaire libéral d’Emmanuel Macron ? Est-ce cela que les discours de François Hollande et, pire encore, de Manuel Valls ont mis en avant depuis le carnage du 13 novembre ? Poser la question, c’est y répondre.

    Liberté-Égalité-Fraternité

    Que les dispositifs de protection des populations soient améliorés au plus vite est une exigence. Doit-elle passer par une obsession sécuritaire qui menacera plus sûrement les libertés que le terrorisme ? Tout ce qui ampute la devise républicaine sème la division et affaiblit dans les chaos du monde. Que fait-on de l’égalité quand les discriminations persistent, les stigmatisations fleurissent, les écarts de richesse bondissent ?

    À droite, et cette petite musique séduit dans certains rangs socialistes, on préfère se pencher sur «â€¯l’identité », celle que meurtrirait et bafouerait l’arrivée d’étrangers, selon la glose de Marine Le Pen. Il s’agirait en quelque sorte de réagir à l’injustice par l’exclusion des plus pauvres. Quant à la fraternité, elle est réduite au plus proche, selon le catéchisme du FN, ou limitée à une fraternité d’armes dans une guerre des civilisations, elle n’est plus un horizon mais un cachot ou un mot creux.

    Penser plus loin que 
la gâchette

    La rengaine était entonnée à droite et voilà que Manuel Valls reprend le refrain de «â€¯la culture de l’excuse ». Comme si quiconque, et notamment parmi les progressistes, excusait de quelque façon que ce soit le parcours sanguinaire des tueurs de Daech ! La formule a la vocation d’un sens interdit : interdit de chercher qui furent les premiers parrains de Daech (à la CIA, notamment) ; interdit de constater que les guerres de civilisation ou les guerres au terrorisme ont semé le pire en Irak, en Libye, en Syrie ; interdit de pointer combien les injustices en France et dans le monde sont un terreau propice aux désespoirs fanatiques ; interdit de constater que l’empire américain a partout mis le feu et qu’il est temps que l’ONU prenne les affaires en main en respectant les peuples ; interdit de dire qu’il est temps que les couleurs du drapeau tricolore soient ravivées afin que tous, d’ici ou d’ailleurs, recherchent ses plis. Excusez-moi, mais dans ces colonnes, nous essaierons toujours de penser plus loin que la gâchette ou les poses martiales.


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  • Mardi, 24 Novembre, 2015
    Humanite.fr

    L'humeur de Gérard Le Puill

    Devant les Gracques, le 21 novembre, le ministre de l’Economie a suggéré que les travailleurs qui défendent leurs conditions de vie et leur emploi avaient une part de responsabilité dans la radicalisation des auteurs de la tuerie du 13 novembre.

    macron-hollande-droite gauche

    Grâce à Emmanuel Macron , nous savons désormais qui a armé mentalement les tueurs de la soirée du 13 novembre à Paris. Devant une assemblée des Gracques - ces sociaux démocrates plus libéraux que les sarkosystes en économie - il a suggéré le 21 novembre  que les hommes et les femmes qui se battent pour travailler dans des conditions dignes de l’époque dans laquelle nous vivons empêchaient certains jeunes de trouver leur place dans une  société où l’emploi devient chaque jour plus rare et plus précaire du fait des politiques gouvernementales de soumission au libéralisme.

    Parlant des assassins, il a donc déclaré: «Nous avons une part de responsabilité, parce que ce totalitarisme  se nourrit de la défiance. Il se nourrit de cette lèpre insidieuse qui divise les esprits, et, si demain nous n’y prenons garde, il les divisera encore». Et le ministre dont la politique économique crée un peu plus de chômage chaque mois de plaider  pour «changer cette société en l’ouvrant». Comment?  «Je pense, a-t-il dit, que ce sont des fermetures dans notre économie, dans notre société, les pertes d’opportunités, les plafonds de verre qui sont mis, les corporatismes qui se sont construits  qui à la fois nourrissent de la frustration  sur le plan individuel et créent de l’inefficacité sur le plan économique».

    Décoder le langage d’Emmanuel Macron est relativement facile en dépit de l’ambiguïté du propos. On peut raisonnablement penser qu’il ne visait pas un homme comme Philippe Varin  qui  a supprimé 11.000 emplois chez PSA Peugeot-Citroën, fermé l’usine d’Aulnay en 2012, jeté son personnel dehors  et fermé toute perspective d’embauche à bien des jeunes du 9-3  sur ce site  où travaillaient parfois leurs parents avant d’être licenciés. Non. Varin a été reclassé comme président du conseil d’administration d’Areva  en janvier 2005. Il a aussi été récompensé par les actionnaires, avec la caution  de Macron et des autres membres du gouvernement,  pour avoir supprimé ces 11.000 emplois dans l’industrie automobile. Il bénéficie à ce titre, d’une retraite chapeau d’un montant annuel brut de 299.000€ jusqu’à la fin de sa vie. Il a suffit pour cela, que son successeur,  Carlos Tavares , lui bricole un CDD de quelques mois  afin qu’il puisse justifier de 5 ans à la tête de Citroën, condition  d’ancienneté  permettant d’accéder à ce cadeau auquel il disait avoir renoncé en 2012.

    Mais ce n’est pas ce «plafond de verre» que Macron visait devant les Gracques. En revanche, à supposer qu’un ouvrier d’Aulnay , licencié en 2012 ait utilisé ses indemnités de licenciement  et contracté un emprunt pour acheter une licence de taxis , on peut penser que, s’il a fait grève en 2015 pour tenter de préserver son métier contre la dérégulation engagée par Uber avec ses travailleurs précaires, ce chauffeur de taxis a, aux yeux de Macron, défendu «les corporatismes» qui «à la fois nourrissent de la frustration sur le plan individuel et créent de l’inefficacité sur le plan économique».

    Ainsi donc , le ministre le plus protégé de François Hollande , l’homme dont des journalistes de l’Express du Monde et de quelques autres titres ont dressés ces derniers jours des portrait ridiculement élogieux, se conduit de plus en plus comme un esclavagiste dont l’obsession permanente est  le nivellement par les bas de toutes les conquêtes sociales du siècle passé avec la volonté  de les faire disparaître dès le début du siècle en cours.

    Faut-il s’en  étonner? Non dans la mesure où  cet homme a été le rédacteur final du rapport Attali remis au président Sarkozy  en 2009 par Attali lui-même. Au point que  Sarkozy, qui a plus de flair politique que Macron, n’osa point à l’époque reprendre à son compte les propositions les plus libérales du tandem Attali-Macron.

    Voilà la réalité. A supposer qu’il subsiste encore des doutes sur les intentions actuelles de ce ministre, il est possible de l’interroger sur ses propos du 21 novembre demain à l’Assemblée nationale, lors de question au gouvernement.

    Gérard Le Puil


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  • Huma dimancheMercredi, 25 Novembre, 2015 /Humanite.fr

    Ceux qui, au nom de Daech, ont fait subir à Paris et à Saint-Denis un moment d'inhumanité absolue ne nous feront pas céder. Rien ne peut justifier ces assassinats, ici ou ailleurs. Chacune des victimes vit en nous parce que nous appartenons à la même humanité. Notre solidarité à leur égard et à l'égard de leurs familles est totale. Ce crime est immense mais c'est en continuant à vivre librement et fraternellement que notre réponse sera à la hauteur.

    Nous ne sommes pas naïfs : nous savons que ces actes de terrorisme appellent des réponses à la mesure du danger qu'ils représentent. Comme nous savons que le rôle des forces de l'ordre et de la justice est essentiel pour protéger nos libertés. Mais cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir aux réponses que notre société doit apporter à ces actes et à celles déjà mises en œuvre.

    C'est la démocratie qui est mise à mal quand le Parlement est appelé à délibérer d'un jour à l'autre, sous la pression de l'émotion et les assauts de démagogie de responsables politiques qui cultivent la peur.

    Après la prorogation de l'état d'urgence et l'extension des pouvoirs de police, d'autres mesures sont encore annoncées par le président de la République.

    Il nous paraît essentiel de rappeler que rien ne doit nous faire sortir de l'Etat de droit et nous priver de nos libertés. L'état d'urgence ne peut devenir un état permanent et les conditions de sa mise en œuvre ne sauraient entraver la démocratie sociale, l'exercice de la citoyenneté et le débat public.

    Depuis 1986, les lois accordant plus de pouvoirs aux forces de l'ordre, organisant une justice d'exception et restreignant nos libertés, au prétexte de lutter contre le terrorisme, s'empilent. L'adoption d'autres dispositifs législatifs, y compris d'ordre constitutionnel, exige de poser la question de leur efficacité et de l'atteinte supplémentaire aux libertés qu'ils constituent. Avant de modifier la loi et de conférer à l'Etat des pouvoirs accrus, il faut que celui-ci s'interroge sur ce qui n'a pas permis d'éviter une telle abomination. La réponse des autorités se veut martiale, elle n'est pas une assurance de sécurité et ne garantit en rien le respect de nos libertés.

    Vouloir priver de leur nationalité jusqu'aux personnes nées françaises, c'est délivrer une nouvelle fois le message d'une France divisée.

    Le silence du président de la République, lors de la réunion du Parlement, sur l'indispensable engagement de l'Etat en faveur de l'égalité des droits, de la justice sociale, sur le développement des services publics, contre toutes les discriminations et contre toutes les manifestations de racisme accroît dramatiquement le sentiment d'exclusion que vit toute une partie de notre peuple. Il donne ainsi un peu plus corps à la stigmatisation croissante qui s'exerce mettant en péril notre volonté de vivre ensemble.

    Nous voulons que ces dramatiques événements soient, au contraire, l'occasion de construire un autre chemin que celui qui nous est proposé.

    Un chemin qui refuse de désigner des boucs émissaires et qui refuse que la France soit en guerre contre elle-même. Un chemin qui donne à la paix et à l'égalité des droits toute leur place et qui s'engage en faveur d'une France solidaire, ouverte à l'autre, accueillante, libre et fraternelle.

    Pour nos libertés, pour une société où la fraternité a toute sa place, nous ne céderons pas à la peur dans laquelle veulent nous faire vivre ceux et celles qui font de la mort leur raison de vivre.

    Nous appelons les femmes et les hommes de ce pays à rester solidaires et à lutter contre toute forme de racisme. Nous appelons aussi à la défense des libertés car nous ferons prévaloir en toutes circonstances notre liberté d'information, d'expression, de manifestation et de réunion.

    Nos organisations construiront, partout en France, ces lieux qui nous permettront de débattre et nous exercerons une vigilance permanente afin que nos droits et libertés soient préservés et que nul ne soit victime de discriminations.
     
     Premiers signataires :

    AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des Marocains en France (AMF), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip), Association française des juristes démocrates (AFJD), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association Grèce France Résistance, Association interculturelle de production, de documentation et de diffusion audiovisuelles (AIDDA), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Associations démocratiques des Tunisiens en France (ADTF), Attac, Cadac, Cedetim, Confédération générale du travail (CGT), Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif 3C, Collectif des 39, Collectif des féministes pour l'égalité (CFPE), Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Comité pour le respect des libertés et des droits de l'Homme en Tunisie (CRLDHT), Commission islam et laïcité, Confédération syndicale des familles (CSF), Collectif des musulmans de France (CMF), Coordination des collectifs AC !, Droit au logement (Dal), Droit solidarité, Droits devant !!, Emmaüs France, Emmaüs International, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Fédération nationale de la Libre pensée, Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH), Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Fédération syndicale unitaire (FSU), Genepi, Ipam, La Cimade, La Quadrature du Net, Le Mouvement de la paix, Ligue des droits de l'Homme (LDH), Le Gisti, Les Amoureux au ban public, Les Céméa, Maison des potes, Mamans toutes égales (MTE), Médecins du monde, Mrap, OIP - section française, Organisation de femmes égalité, Planning familial, Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau euromaghrébin culture et citoyenneté (REMCC), Réseau Euromed France (REF), SNPES-PJJ/FSU, Snuclias-FSU, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat national des journalistes (SNJ), Unef, Union des travailleurs immigrés tunisiens (Utit), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale lycéenne (UNL), Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale Solidaires


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