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Sarkovalls et Vallskozy : les Dupond et Dupond de la politique
Pour qui a regardé l’interview donnée par Manuel Valls au Petit Journal, il est difficile de ne pas imaginer le président des Républicains tenir peu ou prou les mêmes propos que le chef de la majorité.D’abord, il y a le ton, martial, sévère, même si on peut penser que c’est un peu surjoué et que les ficelles communiquantes ne sont pas toujours très discrètes. Puis, il y a le volontarisme affiché, les mesures annoncées et défendues, les promesses faites : toute une panoplie soigneusement étudiée, veillant à répondre aux horreurs d’il y a quelques jours et au besoin de réponses des Français. Ce faisant, le gouvernement a largement repris les propositions de l’opposition, dont la ligne de différenciation ne semble plus tenir qu’au reproche de ne pas avoir pris ces mesures après les attentats de janvier.Manuel Valls pousse le détail très loin. Il a même évoqué avec émotion ses racines espagnoles et catalanes et ce qu’il devait à la France qui lui avait offert son parcours, de la même manière que Nicolas Sarkozy avait évoqué ses origines étrangères lui-aussi avant l’élection présidentielle.Le Premier Ministre a aussi critiqué l’Europe, qui doit évoluer sur les frontières, sous peine d’être rejetée par les citoyens, dans un argumentaire très proche de celui de l’ancien président quand il s’en prend à Schengen, même si on notera que, dans les deux cas, ils ont soutenu ce traité et n’ont rien fait pour le modifier… Enfin, on peut noter qu’il s’est même permis de critiquer la position Allemande sur les migrants dans la presse européenne, soutenant que nous ne pouvons plus accueillir davantage de réfugiés aujourd’hui.Bien sûr, certains verront derrière ces déclarations essentiellement un exercice de communication destiné à donner le change sur la réaction du gouvernement et penser que les Français ne seront pas dupes. Mais il faut aussi reconnaître que, malgré toutes ses insuffisances (on peut penser au risque constitutionnel qui pèse sur l’extension de l’état d’urgence), la majorité a su véritablement infléchir sa politique sur plusieurs questions, que ce soit le contrôle aux frontières, ou la remise en cause du pacte de stabilité à la faveur d’un pacte de sécurité devenu prioritaire et pour lequel devraient être dégagés de vrais moyens. Ce faisant, cette équipe coupe largement l’herbe sous le pied de la majorité précédente, qui peine à proposer des réponses différentes à la menace terroriste qu’affronte notre pays.
Ce faisant, entre l’économie et la sécurité, aujourd’hui, le Parti dit Socialiste ne laisse plus un grand espace politique à son adversaire traditionnel. Le travail du dimanche, vanté par Sarkozy ? C’est Macron qui l’a fait. L’augmentation des moyens de la police, la remise en question de Schengen ? Là encore, c’est la gauche qui le fait à front renversé par rapport à des Républicains réduits aux extrêmes pour se distinguer de l’équipe au pouvoir, comme avec les camps d’enfermement des fiches S de Laurent Wauquiez ou la baisse de 130 milliards des dépenses publiques évoquée par Copé ou Fillon. Et si François Hollande, même si sa politique reste fondamentalement une erreur, était une sorte de synthèse toute cynique et machiavélique de Tony Blair et François Mitterrand, piégeant ses adversaires ?En effet, que reste-t-il à Nicolas Sarkozy maintenant que le gouvernement en place met même en pratique certaines des promesses qu’il n’a pas tenues sous son mandat, sur Schengen ou le travail du dimanche ? Toute la question est de savoir si Manuel Valls finira par en profiter un jour…
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