• la-milice-a-beziersRobert Ménard, maire d'extrême droite de Béziers, dans l'Hérault, vient d'annoncer la création d'une "garde biterroise" composée de bénévoles, pour patrouiller dans la ville.

    Elle sera chargée de signaler tout acte suspect et à vocation à exister tant que l'état d'urgence perdure. Robert Ménard avait annoncé le pourcentage d'élèves de confession musulmanes dans les écoles laïques de Béziers. Il avait organisé aussi une campagne de pub faisant d'un énorme pistolet "le nouvel ami" de la police municipale.

    Désormais, il installe sa propre milice. En 2015, anniversaire de la capitulation sans conditions de l'Allemagne nazie, laquelle dans sa fuite hors de France amena dans ses fourgons le gouvernement collaborationniste de Pétain et ses sbires, dont la tristement Milice et son chef Joseph Darnand. Celui va participer comme ministre de l'intérieur au gouvernement en exil de la France collaborationniste. La Milice et lui-même s'engageront dans les Waffen-SS. Joseph Darnand fut pris, condamné à mort, puis exécuté.

    Honte à mon Languedoc natal avec cette résurgence à Béziers, cette terre occitane où se croisent tous les vents, celui du Nord, de Grèce, d'Espagne, de la Mer ou bien d'ailleurs, cette terre de refuge quand les républicains espagnols, ceux d'Italie, ou bien d'ailleurs, ont su trouver une nouvelle patrie et faire souche.

    Mais mon Languedoc natal, et pas qu'à Béziers, semble oublier son coeur d'antan et les noms à consonnance étrangère qui peuplent ses bottins téléphoniques.

    Lo pais que volio viuvre, moritz.

    Auteur : http://www.le-blog-de-roger-colombier.com/2015/12/le-maire-d-extreme-droite-de-beziers-34-en-appelle-a-la-milice


    votre commentaire
  • ALERTE : DROITS HUMAINS EN DANGER !

    FIDH droits humains

    LES PROTÉGER, C'EST PROTÉGER LA PLANÈTE

    Les chefs d'État et de gouvernement, réunis à Paris pour la COP 21, ont l'avenir de notre planète entre leurs mains. Ils ont le devoir de trouver un accord contraignant à même de limiter le réchauffement climatique et ses impacts dramatiques sur les humains et sur leurs droits. La FIDH souhaite ici le rappeler avec force : si l'enjeu est écologique, il est avant tout humain.

    Dans ce contexte, le sort réservé aux milliers de défenseurs des droits à la terre est particulièrement préoccupant. Sur tous les continents, ces femmes et ces hommes luttent contre le saccage de leurs terres, contre les expropriations forcées, contre la pollution des sols et des eaux. Ce combat, ils le mènent le plus souvent face à des entreprises prêtes à se mettre hors la loi et face à des États corrompus. Les risques qu'ils encourent sont très élevés : menace, arrestation, harcèlement judiciaire, agression, assassinat. 95% des violations commises à leur encontre restent impunies. Un chiffre extrêmement alarmant ! 

    La COP21 doit reconnaître le travail de ces femmes et de ces hommes et de réfléchir au meilleur moyen d'assurer leur sécurité. Car les protéger, c'est protéger la planète.

     

     

    saboteurs

     

     

    Lire notre dossier consacré à la COP21 et aux droits humains 

     
     
     

    Visionner la vidéo 

     
     
    Menaces

    En savoir plus : https://www.fidh.org/fr/

     
     

    votre commentaire
  • syndicat_magistratureMardi, 1 Décembre, 2015
    Humanite.fr

    Le Syndicat de la magistrature a tenu son 49ème congrès à Toulouse les 28 et 29 novembre.

    En ouverture de ses travaux, il a organisé un débat public, le 27 novembre après-midi, sur le thème « le droit et la justice à l’épreuve de la violence terroriste », avec la participation de plusieurs intervenants, journaliste et universitaires.

    Dans le prolongement des riches échanges que ce débat a permis, le congrès a notamment voté une motion sur l’état d’urgence, développant une critique de ce dispositif d’exception, fondée tant sur les principes fondamentaux du droit que sur les dérives auxquelles sa mise en oeuvre a déjà donné lieu, dans le contexte de la COP 21.  

    Aux termes de cette motion, ci-jointe, le Syndicat de la magistrature, s'associant au deuil collectif :

    • rappelle la nécessité absolue de lutter contre la criminalité terroriste et de prévenir de nouveaux attentats en attribuant des moyens suffisants aux acteurs de la lutte anti-terroriste
    • insiste sur l’importance du travail coordonné des services de renseignements, de police et de justice pour assurer, dans le cadre de l’État de droit, la poursuite des infractions commises et empêcher la commission de celles qui sont en préparation
    • dénonce l'évitement du contrôle constitutionnel sur la loi de prorogation de l’état d’urgence
    • rappelle son opposition au régime d’exception que constitue la loi du 5 avril 1955
    • appelle à la création immédiate d’un observatoire démocratique et pluridisciplinaire des mesures prises pour lutter contre le terrorisme, ouvert sur la société civile ;
    • affirme que, dans l'épreuve la défense des libertés et de l’État de droit est plus que jamais nécessaire.

    votre commentaire
  • 1 déc. 2015 | Par Louise Fessard et Rachida El AzzouziMediapart.fr

    Suite aux interpellations massives du dimanche 29 novembre, lors du rassemblement interdit place de la République, à Paris, 316 manifestants ont passé la nuit en garde à vue. Plusieurs d’entre eux, enseignants et étudiants, disent avoir été encerclés par les CRS, alors qu’ils cherchaient à fuir les échauffourées.

    Charge des CRS place de la République

    Les policiers ont procédé dimanche 29 novembre à des interpellations massives place de la République, où quelques milliers de personnes s’étaient rassemblées malgré l’état d’urgence, bravant l’interdiction de manifester autour de la conférence mondiale sur le climat (COP21). Selon le parquet de Paris, sur 341 personnes interpellées, 316 personnes ont été placées en garde à vue dans des commissariats de Paris et de la petite couronne.

    Seules neuf de ces gardes à vue ont été prolongées lundi soir au-delà de 24 heures. Les autres personnes interpellées ont été relâchées, mais « l’enquête se poursuit et ces personnes sont susceptibles de poursuites pour participation à une manifestation non autorisée », nous précise-t-on. Elles encourent des peines pouvant aller jusqu’à six mois d’emprisonnement et à une amende de 7 500 €.

    Suite aux attentats du 13 novembre 2015, le préfet de police de Paris avait justifié l’interdiction des manifestations jusqu’au 30 novembre 2015 par des nécessités purement sécuritaires. « Dans un contexte de menace élevée, les manifestations sur la voie publique sont susceptibles de constituer une cible potentielle pour des actes de nature terroriste », expliquait-il alors dans un communiqué.

    Plusieurs face-à-face ont eu lieu dimanche entre les CRS et des personnes habillées en noir cherchant manifestement à en découdre et lançant des projectiles (lire notre reportage). « Nous avons eu affaire à quatre, cinq groupes de 30 personnes particulièrement bien organisées, vêtues de noir et qui jetaient des projectiles (…), des boulons, des pierres, des boules de pétanque, des panneaux de chantier, mais également des bougies prises sur le mémorial des victimes des attentats », a affirmé lundi après-midi la commissaire divisionnaire Johanna Primevert, porte-parole de la préfecture de police de Paris. « Aucun amalgame ne saurait être fait entre des manifestants de bonne foi et ces groupes qui n’ont toujours eu qu’un seul dessein : profiter de rassemblements responsables et légitimes pour commettre des violences inacceptables », s’est engagé dimanche le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve.

    Pourtant, les personnes que nous avons pu interroger à leur sortie de garde à vue lundi soir, pour beaucoup des étudiants et enseignants, affirment être des manifestants pacifiques. Elles disent avoir été coincées sur la place par les cordons de CRS au moment où elles tentaient de la quitter pour éviter les échauffourées. Ces manifestants décrivent la formation de plusieurs « nasses policières ». Des militants du NPA, d’Alternative libertaire et d’Ensemble se sont ainsi retrouvés encerclés avec environ 300 personnes pendant plus de trois heures, près de la rue du Faubourg-du-Temple. Certains ont été arrêtés, d’autres non, d’une façon qui semblait « totalement arbitraire » selon leurs témoignages.

    Une source policière explique que cette technique d’« encagement » est normalement utilisée par la préfecture de police en fin de manifestation. « Quand il ne reste plus que ceux qui lancent les cailloux aux forces de l’ordre, on bloque tous les accès sauf un, pour laisser unepossibilité de départ, on encage et on interpelle, explique ce policier. Mais là, l’objectif était manifestement politique : montrer qu’on est rigoureux. Quand on voit 341 interpellations et seulement 9 gardes à vue prolongées, ça fait sourire en termes d’efficacité policière. » 

    Yannick Lesne, 44 ans, professeur de physique chimie au lycée Guy-de-Maupassant à Colombes (Hauts-de-Seine), est sorti de garde à vue vers 15 h 30 ce lundi. Venu dimanche « dénoncer la mascarade de la COP21 », ce militant Sud éducation dit avoir voulu quitter la place « quand des individus habillés en noir ont commencé à jeter des chaussures et des bouteilles vides sur les CRS ». L’enseignant craignait pour son genou, récemment opéré. Mais « les bouches de métro étaient fermées et les CRS empêchaient toute sortie ». L’un de ses collègues, également présent, affirme que les policiers les « poussaient et compressaient, y compris dans les escaliers de bouches de métro ».

    Yannick Lesne se réfugie donc, comme plusieurs autres manifestants, dans le cortège du NPA et d’Alternative libertaire « pour éviter de se retrouver entre casseurs et policiers ». Mauvais calcul : « On a vu les CRS nous entourer. » Le professeur fait partie des premiers à être interpellés et traînés vers les bus de police, vers 15 h 30. Tout comme Matthieu Bloch, étudiant parisien de 22 ans en master 2 d’urbanisme, qui « quand ça a dégénéré » a lui aussi préféré rejoindre les « organisations reconnues, loin des blacks blocks » après avoir essayé en vain de prendre le métro boulevard Magenta.

    « On a décidé d’aller à l’opposé des casseurs, dans le cortège du NPA et d’Alternative libertaire où il y avait des personnalités comme Olivier Besancenot, Frédéric Lordon », explique-t-il. Mais il se retrouve lui aussi entouré par le cordon policier. « Les policiers nous enserraient, il y avait des personnes âgées, des familles, donc on a essayé de sécuriser les escaliers du métro en faisant une chaîne », explique l’étudiant, interpellé vers 15 h 30.

    « Nous n’avons pas compris pourquoi les premiers interpellés étaient des manifestants pacifiques alors que les vrais casseurs, qui faisaient des allers-retours par vague entre les policiers et le centre de la place, étaient très identifiables, habillés tout en noir », s’étonne Yannick Lesne. Selon Nicolas Mousset, professeur de mathématiques de 31 ans à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), « il y a eu au moins 150 personnes interpellées dans le cortège NPA et Alternative libertaire, alors que nous n’avions rien fait à part chanter des slogans contre la COP21 et étions les plus éloignés de la zone des accrochages »« À aucun moment, souligne-t-il, il n’y a eu de frontière floue entre les agités et notre cortège, donc on l’a vraiment pris comme une répression politique plus qu’une question de sécurité. »

    Des policiers « qui se lâchaient »

    Les autres manifestants encerclés près de la rue du Faubourg-du-Temple – environ 300 – y sont restés debout, serrés les uns contre les autres, jusqu’à environ 19 h 30 « dans une sorte de garde à vue extrajudiciaire », dénonce un collègue de Yannick Lesne. C’est le cas de Raphaël Colmet, un étudiant grenoblois de 21 ans, venu dimanche à République « pour faire entendre la voix des jeunes ». Il a été coincé « pendant trois heures » près de la rue du Faubourg-du-Temple « poussé par les policiers qui nous suffoquaient », avant d’être interpellé. « Les policiers chargeaient par groupe de quinze en courant et nous arrachaient un par un, nous traînaient vers les fourgons, dit le jeune homme. Leur stratégie était en contradiction totale avec l’objectif annoncé de disperser les manifestants. »

    Étudiant en ingénierie hydraulique, Raphaël Colmet était arrivé en région parisienne jeudi pour participer à la COY, la conférence de la jeunesse qui s’est tenue à Villepinte juste avant la COP21, « un événement génial ». Ses petits camarades ont dû rentrer en bus à Grenoble dimanche soir sans lui.

    Yannick Lesne, Raphaël Colmet et Matthieu Bloch ont tous trois été emmenés en bus vers « le dépôt du XIXe arrondissement ». Ils y sont restés plusieurs heures enfermés « à une vingtaine dans une cellule de 9 mètres carrés ». « Il y avait des gens assis par terre, nous avions très chaud, sans rien à boire, ni à manger, on avait l’impression d’être dans un autre pays », dit Yannick, très choqué à 44 ans par cette première expérience de garde à vue. Vers 22-23 heures, ils racontent avoir été transférés au Service de l’accueil et de l’investigation de proximité (SAIP), rue de Parme, dans le IXe arrondissement, où ils ont passé la nuit « à six dans une cellule, avec seulement une brique de jus d’orange et un gâteau sec le matin ». Raphaël a « dormi au sol avec un autre », ses chaussures lui servant d’oreiller.

    Les auditions auraient été expédiées comme de simples formalités. « Ça a duré dix minutes, le temps de remplir les papiers, dit Matthieu Bloch, le premier à avoir été entendu, vers 9 heures du matin. Les officiers de police judiciaire n’en avaient pas grand-chose à faire. Le mien m’a demandé “Vous n’avez rien à dire sur les faits ? – Non.” “Si vos amis n’ont rien à dire non plus, ça ira plus vite.” » « L’OPJ m’a demandé à plusieurs reprises si je savais que c’était illégal de manifester et c’est tout », dit Raphaël Colmet qui n’a été entendu que « vers 14 heures », soit près de 23 heures après le début de sa garde à vue.

    « Nous avons été accusés d’avoir participé à une manifestation non autorisée et de ne pas nous être dispersés après les sommations, mais il n’y a pas eu de sommation et on ne pouvait pas se disperser puisque la place était bouclée ! » remarque Yannick, auditionné vers midi. Il a été relâché à 15 h 30.

    À sa sortie, une vingtaine de ses collègues du lycée Guy-de-Maupassant, en grève par solidarité depuis lundi matin, l’ont accueilli rue de Parme. « On fait grève car on pense qu’il devrait être devant ses élèves, nous a indiqué David Pijoan, professeur de mathématiques et représentant du Snes. Tout ce qu’on leur enseigne – le droit d’exprimer son avis, d’avoir l’esprit critique, de connaître ses droits – a été nié. » Plusieurs proches d’élèves de ce lycée de Colombes ont été touchés par les tueries, une professeur d’anglais du collège voisin Gay-Lussac, à Colombes, a été tuée au Bataclan, explique le syndicaliste. « Mais là on est dans un détournement de l’émotion : en quoi des manifestations pour le climat ou pour les migrants sont-elles plus dangereuses qu’un match de foot ? »

    Dans un communiqué, les enseignants du collège Gay-Lussac ont d’ailleurs également exprimé leur solidarité avec leur collègue interpellé dimanche. « S’il revient aux autorités de l’État de prendre des mesures – pas uniquement sécuritaires – pour protéger les citoyens, il revient à ces derniers d’exercer un contrôle démocratique sur ces mesures et de continuer à défendre – en les exerçant – les libertés garanties par notre Constitution », rappellent-ils.

    À Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le collège Henri-Barbusse est lui aussi resté fermé ce lundi, la quarantaine d’enseignants présents avant les cours ayant voté la grève à l’unanimité en soutien à Grégory, l’un de leurs collègues gardés à vue, selon Florent Martini, représentant du Snes. Une vingtaine d’entre eux se sont rendus devant le commissariat du XVIIIe où le professeur était entendu. Aurélien, 29 ans et professeur de lettres classiques à Henri-Barbusse, est, lui, passé entre les mailles du filet dimanche. « Ils ont chargé puis extirpés les gens un par un, absolument sans aucun critère », dit-il. « Le hasard a fait une grande part entre ceux arrêtés et ceux qui étaient du bon côté du cordon policier, comme moi, donc les assimiler à des voyous, c’est inacceptable », souligne également Clément Dirson, co-secrétaire du Snes de Créteil.

    Cathy Billard, professeur en lycée professionnel à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a eu moins de chance. La militante du NPA âgée de 48 ans a été embarquée vers le commissariat de Bobigny après s’être également retrouvée coincée « pendant trois heures » rue du Faubourg-du-Temple. « Les policiers avaient disposé des barrières formant deux enclos sur le parking à l’intérieur du commissariat, ça faisait vraiment rafle, décrit-elle. Nous étions environ 80 extirpés de la nasse, avec peut-être cinquante jeunes arrêtés avant. Au début, les policiers parlaient de simples vérifications d’identité, puis ils nous ont sortis un par un pour signifier les gardes à vue. »

    Cathy Billard dit être passée vers 23 heures : « Un policier nous a dit qu’ils n’étaient pas fiers de ce qu’ils faisaient. Un autre a déclaré : « Cette procédure était débile, vous allez être vite relâchés ». » Elle raconte avoir ensuite rejoint le deuxième enclos avant d’être emmenée « menottée » avec les autres vers minuit « dans les différents commissariats où ils ont trouvé de la place ». « Les policiers qui faisaient le transfèrement étaient en service depuis 6 heures du matin, inutile de dire qu’ils étaient un peu stressés et agressifs, remarque Cathy Billard. C’est une catastrophe de laisser des gens dans cet état rentrer chez eux armés ! »

    L’enseignante a atterri au commissariat de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), « pas le pire, m’a-t-on dit, avec des locaux relativement modernes ». Mais elle a tout de même moyennement apprécié sa nuit « dans le froid, sur un matelas puant avec un gardé à vue à côté pour violences conjugales qui cognait comme un sourd et déversait des tombereaux d’insultes contre les flics ». L’enseignante a surtout été choquée par le comportement de certains policiers « qui se lâchaient ». « Certains sont venus se balader sans raison devant nos cellules et nous ont traités de « ramassis de gauchistes ». Ils ont ajouté : « Il y a même des femmes, il faut les empêcher de se reproduire et les envoyer au goulag ». » Après une nouvelle audition express sans avocat – « celui demandé n’était pas disponible et je n’ai même pas pensé à demander à relire le PV » –, elle a été relâchée avec les sept autres vers 15 heures.

    « La garde à vue les arrangeait »

    Élise, 26 ans, professeur d’histoire-géo en banlieue parisienne, est elle aussi rentrée chez elle ce lundi avec les courbatures d’une bien mauvaise nuit au commissariat de la rue de l’Évangile, dans le XVIIIe. La première garde à vue de sa vie a été marquée par la faim – « nous n’avons eu à manger qu’une fois à 4 heures du matin » – et un aller-retour sous escorte aux urgences de l’Hôtel-Dieu pour soigner son annulaire droit, cassé durant son interpellation musclée par les forces de l’ordre, ce dimanche place de la République. « Il était 15 h 30 quand les flics ont commencé à nous serrer et à nous attraper violemment un par un pour nous jeter dans les fourgons. C’est à ce moment là qu’ils m’ont cassé le doigt », raconte la jeune femme.

    Élise était alors « sur le départ » : « L’ambiance devenait trop mauvaise avec les lacrymos et les forces de l’ordre », « nous avions fait l’essentiel, défendu notre droit à l’expression dans le calme et sans aucune violence ». Mais la place de la République était quadrillée par les policiers. Impossible d’en sortir. « J’étais à l’angle de la rue du Faubourg-du-Temple, loin du mémorial aux victimes des attentats, avec le groupe du NPA que nous avions rejoint avec mes camarades d’organisations libertaires, voyant que nous ne pouvions plus sortir de la place », poursuit la jeune femme. Elle s’attendait à un gros dispositif policier compte tenu de l’état d’urgence, mais pas à une interpellation.

    Yaël Gagnepain, 22 ans, lui, avait anticipé « le risque ». « Les forces de l’ordre avaient montré leurs muscles une semaine plus tôt lors d’une manif pour les migrants », explique ce porte-parole des étudiants à Solidaires. Ce dimanche, ils étaient plusieurs dizaines d’étudiants, presque une centaine, de Solidaires et d’autres formations syndicales ou politiques, réunis ensemble à « Répu ». « C’était bon enfant. On avait fait des tours de la place en chantant nos slogans. » Jusqu’à l’assaut policier. « Les flics nous ont attrapés et séparés un à un. On a été dispatchés entre les commissariats de Bobigny et celui de la rue de l’Évangile dans le XVIIIe. C’était assez violent. »

    Yaël a fini rue de l’Évangile dans une cellule à 23, ramenée quelques heures plus tard à deux. « Les flics ont été dépassés. La garde à vue les arrangeait car ils avaient cueilli beaucoup trop de monde et qu’il leur était impossible de vérifier les identités dans le délai légal imparti de quatre heures. J’ai donc passé 24 heures en garde à vue, été fouillé des dizaines de fois pour 45 secondes d’entretien avec un officier de police judiciaire qui a pris note que je n’avais rien à déclarer. » Sa mésaventure conforte cet étudiant en sciences humaines « dans l’idée que nous sommes face à un État policier qui réprime toute contestation ».  

    Camille, une réalisatrice de 27 ans venue « rejoindre des amis » et qui préfère rester anonyme, s’est elle aussi retrouvée encerclée « pendant quatre heures vers la sortie boulevard Magenta ». « On était mélangés avec des mères de famille, des gens qui voulaient juste rentrer chez eux, raconte la jeune femme. Comme on ne pouvait pas aller aux toilettes, plein de gens ont uriné par terre. Au début, on a essayé de dédramatiser, puis les policiers ont commencé à faire des interpellations d’une façon qui semblait totalement arbitraire. Ils chargeaient et emportaient les personnes une à une. Nous avons formé une chaîne le long du mur pour faire bloc, les CRS ont frappé des gens avec leurs matraques pour qu’ils se désenchaînent. » Vers 20 heures, sans explication, « on nous a libérés, après une simple fouille de nos sacs, alors qu’on s’attendait tous à être embarqués ».

    Une journaliste parisienne, qui préfère elle aussi garder l’anonymat car venue au rassemblement comme militante, a suivi par textos interposés l’interpellation d’un de ses amis, Thomas, « coincé à l’autre bout de la place, rue Léon-Jouhaux, avec des clowns écolos et des gens de Radio libertaire ». Selon son récit, le jeune homme, employé dans un magasin bio, a été emmené en bus à Bobigny (Seine-Saint-Denis), puis à Drancy (Seine-Saint-Denis) avant d’être relâché lundi après-midi. « Au commissariat de Bobigny, les policiers étaient débordés, la fonctionnaire à l’accueil ne savait même pas combien de personnes se trouvaient en garde à vue », explique cette journaliste.

    Selon un communiqué d’étudiants et de personnels de l’École normale supérieure (ENS) réunis lundi en assemblée générale, « au moins treize étudiants » de l’institution ont fait partie des personnes interpellées et placées en garde à vue. « Ces arrestations ont touché des manifestant-e-s pacifiques qui, répondant à l’appel de très nombreuses organisations, manifestaient contre la COP21 et contre l’instrumentalisation politique de l’état d’urgence, proteste le communiqué. Car, si le gouvernement a interdit des manifestations politiques prévues de longue date, il autorise diverses manifestations sportives, culturelles et touristiques (comme les marchés de Noël). » Plusieurs mouvements politiques, dont le NPA, Alternative libertaire et Ensemble !, dont des militants avaient été interpellés, ont également demandé dimanche soir « la libération immédiate des personnes arrêtées ».

    Suite à la manifestation de soutien aux migrants, interdite le dimanche 22 novembre, la préfecture de police de Paris avait déjà transmis une liste de 58 noms à la justice. Une enquête avait été ouverte et plusieurs personnes convoquées la semaine dernière dans des commissariats parisiens. Selon le parquet de Paris, seul un manifestant a été déféré car « des faits de violence lui étaient reprochés ». Ayant demandé un renvoi, il devrait être jugé début 2016. Un autre manifestant a fait l’objet d’un simple rappel à la loi.


    votre commentaire
  • Le grand quotidien régional La Voix du Nord a pris position lundi contre une éventuelle élection de Marine Le Pen à la tête de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
     
    voixdunord
    "Pourquoi une victoire du FN nous inquiète", titre sur toute sa une La Voix du Nord, à six jours du premier tour du scrutin. "La région a-t-elle vraiment besoin du Front national?", s'interroge aussi Nord Éclair. Les deux titres du groupe La Voix du Nord (VDN) publient la même double page. Selon un sondage BVA publié dimanche, Mme Le Pen l'emporterait au second tour le 13 décembre, en cas de triangulaire comme en cas de duel.
     
    À quelques heures d'un meeting de Mme Le Pen prévu lundi soir à Lille, La Voix du Nord expose ses arguments: "Parce que nous ne portons pas les mêmes valeurs" que le FN, "parce qu'il n'a pas l'expérience", "parce que la région est naturellement ouverte" et pas repliée sur elle-même, et "parce qu'il menace la solidarité nordiste". Un deuxième "volet de l'enquête" paraîtra mardi.
     
    "Une telle prise de position est exceptionnelle", a commenté Christian Delporte, historien des médias. "La presse quotidienne régionale, qui est par nature consensuelle et d'ordinaire très prudente, ne prend généralement pas position pour une élection nationale, et moins encore pour une élection locale ou régionale", a-t-il déclaré. Dans un éditorial, le directeur de la rédaction de La VDN, Jean-Michel Bretonnier, écrit qu'en cas de victoire du FN, "les ferments de la division seront à l'oeuvre, diffusés par un parti aux deux visages". "Il s'inscrit dans le jeu démocratique sans renoncer à sa radicalité; il adopte une posture "anti-établissement" en profitant du système", ajoute-t-il.
     
    Cette initiative a reçu "l'approbation totale" de la direction générale du groupe, a indiqué M. Bretonnier. Début novembre, le grand patron nordiste Bruno Bonduelle avait déjà mis en garde contre "le repli sur soi" que signifierait selon lui une victoire de Mme Le Pen.
     
    "J'ai le sentiment d'avoir fait mon métier de journaliste, qui est de rapporter des faits mais aussi de décrypter, d'aller au-delà des apparences", a déclaré M. Bretonnier. Il a rappelé que La Voix du Nord, journal fondé à la Libération, était au départ "le nom d'un réseau de la Résistance", qui ne pouvait notamment cautionner les propos du cofondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, sur l'Holocauste.
     
    L'équipe de campagne de Mme Le Pen "prépare un référé devant le TGI de Lille en cas de non-parution" du droit de réponse adressé au journal.

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique