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C'est la paix qu'il faut gagner
Maud Vergnol http://www.humanite.fr/numerique/
Depuis que des fanatiques qui haïssent la vie ont répandu le sang dans la Ville-Lumière, les progressistes font face à l'un des plus gros défis qu'il leur ait été donné de relever.
L'heure n'est pas à l'angélisme, et mettre hors d'état de nuire les fascistes de Daech est une urgence absolue, en France comme au Moyen-Orient, dont les populations subissent quotidiennement les atrocités des terroristes. Mais cela ne pourra se faire que dans le cadre de l'État de droit. Répondre à Daech en cédant à la panique et en embarquant la France dans « une guerre contre le terrorisme », qui ne désigne ni l'adversaire ni les causes du conflit, risque de nous mener sur les mêmes chemins que les États-Unis sous l'ère Bush.
Cet engrenage guerrier, nous devons l'éviter, car il nous fragilise plus qu'il nous protège.
N'en déplaise à François Hollande, qui aimerait bien cacher sous le tapis les errements diplomatiques de la France alors qu'il tente de reprendre pied dans le dossier syrien. Car c'est bien la croisade engagée en 2001 en Afghanistan, poursuivie en Irak, puis en Libye et en Syrie, qui nous revient aujourd'hui au visage. Cette semaine diplomatique sera décisive. Par le passé, la France a su résister à la rhétorique de « la guerre au terrorisme » et porté dans le monde une voix universaliste.
L'enjeu aujourd'hui n'est pas de savoir comment gagner la guerre, mais comment contribuer à y mettre fin. Cela passera par une initiative militaire en aidant les forces locales qui se battent sur le terrain contre l'expansion djihadiste. Celle-ci doit se réaliser dans le cadre du droit international et de l'ONU.
Mais quid du double jeu de la Turquie et des compromissions de la diplomatie française avec les monarchies du Golfe, quand l'urgence est de priver Daech de ses moyens matériels et de ses alliés au niveau régional ? L'unité nationale ne consiste pas à siffler « silence dans les rangs » et étouffer les voix de la paix et du progrès. Celles-ci demeurent, plus que jamais, la solution.
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