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Par rozalux le 14 Janvier 2016 à 23:55
Blog d'Éric Coquerel
Mon édito pour le PGAux mois de novembre et décembre, le gouvernement a utilisé l’état d’urgence pour aussi faire taire les mobilisations, notamment celles en lien avec la COP 21. Interdictions de manifester, assignation à résidence de militants, évidemment sans aucun rapport avec les raisons de cet état d’urgence, se sont ainsi multipliées.
L’explication officielle évoquée à cette limitation flagrante des libertés publiques ? Les manifestations prévues auraient occupé des forces de l’ordre indispensables à la sécurité des français dans la période post 13 novembre.
Dans une autre période, on pourrait presque le croire. Seulement ces interdictions, et la répression qui s’en est suivie - on pense notamment aux centaines de gardes à vue suite aux rassemblements Place de République le 29 novembre – s’inscrivent dans un contexte global qui laisse peu de doute.
Il y a bien, depuis 2012, une politique systématique d’intimidation des mouvements de contestation, qu’ils soient syndicaux, écologistes ou citoyens. Elle a d’ailleurs commencé par le refus, malgré la promesse présidentielle, une de plus bafouée, de l’amnistie des syndicalistes et militants écologistes poursuivis pour des mobilisations datant de la présidence de Nicolas Sarkozy.
Doit-on rappeler que quelques semaines avant le 13 novembre, Manuel Valls avait pris le même ton martial et déterminé que celui utilisé pour commenter les massacres terroristes pour traiter de « voyous » et demander des « sanctions lourdes » à l’encontre de syndicalistes d’Air France ?
Des syndicalistes accusés d’avoir participé à un rassemblement se terminant par la simple chemise arrachée d’un DRH refusant toute discussion sur le nouveau plan social prévu ?
Les événements terribles de novembre ont mis rétrospectivement en lumière l’indécence et la disproportion des déclarations du premier ministre à l’encontre de salariés mobilisés pour défendre leur entreprise. Malheureusement, la demande de sanctions lourdes pour les cinq d’Air France a été suivie d’effet quasi immédiat : arrestation au petit matin (comme c’est le cas justement pour des suspects dans des affaires de terrorisme), garde à vue, premier passage devant le tribunal le 2 décembre (le jugement est finalement reporté au 27 mai) et, sans attendre, licenciements. Il est vrai qu’il est facile au gouvernement, et à l’entreprise dont il est le principal actionnaire, de mettre en pratique ces menaces en saccageant la vie professionnelle de cinq salariés.
Ca c’était pour finir 2015 sur le front social. Mais en ce qui concerne l’intimidation du mouvement social, 2016 commence malheureusement aussi fort et mal avec la condamnation de huit autres syndicalistes.
Ce 12 janvier, d’anciens salariés de Goodyear ont en effet été condamnés à 24 mois de prison dont neuf fermes pour avoir séquestré pendant 30 heures leur patron afin de l'amener à renégocier le PSE liquidant l’usine d’Amiens-nord. Du jamais vu pour une action aussi bénigne. Cette incroyable condamnation devient encore plus indécente quand on la compare à la peine infligée en juin 2015 à l’entreprise Goodyear pour avoir démantelé l’outil de production d’Amiens-nord, empêchant ainsi le projet de reprise en Scop. Soit 50 euros versés à chacun des 90 plaignants, au total 4500 euros. D’un côté neuf mois en prison, de l’autre une misère symbolique.
Entre les deux, il y a une justice de classe. Il y a surtout la volonté politique d’intimider les mouvements sociaux exactement comme à Air France. Car c’est le procureur de la République qui a poursuivi les huit de Goodyear tout comme c’est Manuel Valls qui, le premier, a demandé de « lourdes sanctions » à l’encontre des cinq d’Air France.
Qui s’en étonnera ? La répression et l’intimidation sociale sont les conséquences des politiques austéritaires. C’est d’autant plus vrai quand le pouvoir qui l’applique n’a aucune légitimité pour le faire, puisqu’élu pour appliquer une toute autre politique. Cette dérive autoritaire est évidemment facilitée par un système de monarchie républicaine où un homme seul peut décider quasiment de tout, y compris de passer en force contre sa propre majorité en constitutionnalisant la déchéance de nationalité en plus de l’état d’urgence.
La 5ème République se confirme bien en définitif comme la possibilité de coup d’état permanent contre la souveraineté populaire. Et ce ne sont pas des appels à des primaires, au-delà des combinaisons et ambitions politiques que cette méthode abrite à coup sûr, qui corrigeront quoi que ce soit à ce travers originel antidémocratique. Au mieux elles n’en sont que les rustines, au pire elles en aggravent les travers.
Pour tous ceux qui entendent bousculer le système et le tripartisme pour 2017, s’il y a un appel à signer en ce début d’année c’est celui en solidarité avec les huit de Goodyear (https://www.change.org/p/françois-hollande-l-appel-des-goodyear?recruiter=461158802).
Sur le terrain, que l’on compte sur nous pour appuyer et participer aux les mobilisations de solidarité avec ces syndicalistes comme avec les opposants à Notre-Dame-des-Landes, à commencer par les paysans victimes du procès d’AGO/Vinci pour obtenir leur expulsion de la zone prévue pour construire l'aéroport. C’est non seulement un devoir vis à vis de tous ceux qui résistent mais aussi la meilleure façon de s’engager dans la période qui nous mènera jusqu’à l’échéance de 2017.
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Par rozalux le 14 Janvier 2016 à 23:21
C'est notre réponse au jugement inique du tribunal correctionnel d'Amiens rendu en urgence le 12 janvier condamnant huit militants CGT, à 2 ans de prison dont 9 mois fermes !
Il s'agit d'une décision politique du gouvernement : c'est le procureur de la République qui avait requis cette condamnation alors que la direction de Goodyear avait retiré ses plaintes.
C’est clairement un acte de répression anti syndicale, d'une justice de classe. Il constitue une première dans le droit et marque un nouveau pas dans la criminalisation du mouvement syndical, après la répression des salariés d'Air France et le symbole de « la chemise déchirée » brandie dans les manifestations.
Chez Goodyear, la « séquestration » et l'occupation de l'usine, avaient été la riposte légitime à la violence d'une fermeture d'usine avec ses 1143 ouvriers et leurs familles sur le carreau, après sept années de lutte. Les ouvriers de Goodyear et le syndicat CGT y ont gagné le prix de la dignité de ceux qui se battent.
L'Etat d'urgence est mis à profit pour intimider et prévenir toute résistance, toute contestation contre le pacte Hollande Gattaz. Mais pas plus hier, avec les Air France, qu’aujourd’hui, avec les Goodyear, nous ne cèderons au chantage et à l’intimidation.
Le combat aujourd’hui, c’est de se mobiliser très largement, autour des 8 Goodyear, pour arracher leur relaxe. C’est l’enjeu de la mobilisation engagé au moment de l’appel : il faut qu’elle soit forte, large, déterminée.
Notre parti exprime sa solidarité aux 8 de Goodyear et à leur syndicat.
C’est le mouvement syndical qui est attaqué par cette décision politique.
C’est la CGT qui est visée.
Ce sont les travailleurs (euses) qui se battent, qui combattent la politique patronale et gouvernementale d’austérité, ceux et celles qui refusent l’état d’urgence au service du patronat, qui sont attaqués.
Ensemble, faisons front, et imposons la relaxe des 8 de Goodyear.
Paris, 14 janvier 2015
Parti Communiste des Ouvriers de France
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Par rozalux le 14 Janvier 2016 à 16:22
Tribune publiée dans Mediapart mercredi 13 janvier 2016(lire ici)
Depuis la fin de l’année 2015, la carte de l’intercommunalité subit un grand chambardement. La loi NOTRe (loi portant nouvelle organisation territoriale de la République) oblige désormais les villes à s’inscrire dans le cadre d’un EPCI (établissement public de coopération intercommunale). Pire : le nouveau seuil de 15.000 habitants détricote aussi l’existant. Ailleurs, ce sont les métropoles qui font surgir en leur sein des formes nouvelles de regroupements communaux, comme les 12 établissements publics de territoires (EPT) du Grand Paris.
Le transfert croissant de compétences vers les intercommunalités posait déjà en soi un problème démocratique. La commune, échelon de base de la souveraineté populaire, se voit dépossédée de nombreuses prérogatives et progressivement « dévitalisée ». Quant aux désignations qui ont actuellement lieu dans les conseils municipaux pour décider quels élus iront dans les EPCI, elles remettent parfois en cause le choix des électeurs qui s’était effectué au suffrage universel par fléchage aux municipales de 2014 !
Mais alors que les assemblées des nouveaux EPCI se réunissent pour la première fois, on constate que la démocratie subit également un recul dans ses pratiques et ses engagements. On voit ainsi fleurir la mise en place de « co-gouvernance » transpartisane. Là c’est le PS, EE-LV ou le PCF qui prennent des vice-présidences sous majorité de droite, ailleurs ce sont des élu-e-s LR, UDI ou Modem qui sont récompensés en retour quand les précédents sont majoritaires au sein de l’assemblée.
Cette façon de faire est un mauvais coup porté à notre démocratie. Il y a bien sûr ceux qui théorisent de tels rapprochements. Ce sont ceux qui laissent aller le Front National pour mieux justifier derrière de telles alliances sous couvert de « barrage » à celui-ci. Et qui ensuite proposent des exécutifs communs pour mieux redéfinir des majorités partagées. Aux régionales de décembre, Manuel Valls et les siens n’avaient-ils pas envisagé ces formes de « gouvernance » pour les régions dites « à danger FN » ?
Lire la suite : La démocratie à l’épreuve de la co-gouvernance gauche-droite « François Cocq
Gabriel AMARD, secrétaire national aux élu-e-s du Parti de Gauche
François COCQ, Président de La Gauche par l’Exemple
Sur le même thème
Réforme territoriale : l’asphyxie démocratique/ Dans "Vie politique"
Ecole, refondation ou continuité ?/ Dans "Education"
La commune, cellule de base de la souveraineté populaire/ Dans "Dans les medias"
Signer l’appel « Pour une Nouvelle République » : http://www.pourunenouvellerepublique.fr/
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Par rozalux le 13 Janvier 2016 à 23:50
AURÉLIEN SOUCHEYRE (L'Humanité du 14/01/2016)
Alors qu'était présenté, hier, un rapport de commission sur l'état d'urgence qui se voulait rassurant, les députés du Front de gauche ont pointé en séance plusieurs de ses impacts liberticides.
Le défenseur des droits, Jacques Toubon, avait déjà lancé une première alerte sur les risques liés à l'état d'urgence : « Au fur et à mesure, on va s'apercevoir qu'il y a un certain nombre de cas dans lesquels les mesures qui ont été prises ont été excessives. » Il a été imité, hier, par le commissaire aux Droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Nils Muiznieks, qui s'est inquiété de « ce qui se passe en France ». « Nous assistons à certaines dérives, il y a des pratiques de profilage ethnique de la part des agents de police », a-t-il gravement accusé, ce qu'a par la suite contesté le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.
Le même jour, la commission des Lois de l'Assemblée nationale présentait un rapport sur le contrôle parlementaire de l'état d'urgence. Son président, le député PS JeanJacques Urvoas, a fait un point sur les mesures mises à disposition des préfets, utilisées à ses yeux de façon très contrastée, qui ont débouché à ce jour sur 3 021 perquisitions administratives, 382 assignations à résidence et de nombreuses interdictions de manifester.
Les mesures répressives ont amené à des perquisitions arbitraires
S'il a estimé que « l'essentiel de l'intérêt des mesures dérogatoires semble à présent derrière nous », et insisté sur le fait qu'une « législation d'exception doit être limitée au strict nécessaire et ne présenter qu'un caractère temporaire », Jean-Jacques Urvoas ne s'est pas étendu sur les dérives constatées et relayées dans la presse. « Toutes les interventions n'ont pas été tournées vers le terrorisme, s'est par la suite indigné JeanJacques Candelier.
Les mesures répressives, liberticides et dérogatoires ont amené à des perquisitions et des mises en garde à vue infondées, arbitraires et brutales. » Le député PCF, qui considère que « l'état d'urgence ne doit en aucun cas déboucher sur l'assimilation de l'activité politique et militante avec le terrorisme », affirme, comme il l'a écrit au président de la République, que « l'arsenal législatif pour lutter contre le terrorisme est déjà suffisamment étoffé », et qu'il faut aujourd'hui « donner des moyens supplémentaires aux juges antiterroristes ».« Or 80 % des perquisitions liées à l'état d'urgence ont été commandées par la police et non pas par ceux qui ont en charge la lutte contre le terrorisme », s'inquiète André Chassaigne. Le chef de file des députés Front de gauche affirme que l'état d'urgence a en partie « été utilisé pour régler des problèmes qui n'avaient rien à voir avec le terrorisme », quand il n'a pas été dévoyé, dans certains cas, en visant des personnes « qui n'avaient rien à se reprocher ».
<aside>
Le principe de contrôle parlementaire de l'état d'urgence, créé pour assurer un droit de regard démocratique, ne figure pas, pour l'instant, dans le projet de modification de la Constitution annoncé par François Hollande. « Cela ne devrait pas être trop dur à inscrire », a commenté Jean-Jacques Urvoas, président de la Commission des lois.
</aside>Lors des questions au gouvernement, JeanJacques Candelier a dénoncé les obligations de se signaler plus de trois fois par jour aux services de police ou de gendarmerie faites à certaines personnes, alors que cela est « contraire à la loi sur l'état d'urgence de 1955 ». Il s'est aussi ému d'assignations à résidence imposées sans que leur durée dans le temps ne soit notifiée, alors « qu'il s'agit d'un droit ».
À droite, les considérations et critiques étaient tout autres. À l'annonce du nombre de 382 assignations à résidence opérées, le député « Les Républicains » Guillaume Larrivé s'est exclamé: « Pourquoi aussi peu? ». Quant à son homologue Éric Ciotti, il a plaidé pour un état d'urgence « d'une durée de six mois ». « C'est nécessaire compte tenu de la menace » a-t-il martelé.
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