• Cela a probablement échappé à beaucoup de gens, mais ce samedi se réunissait à Paris le « sommet du Plan B ». Ce « sommet », qui avait été prévu en novembre dernier avait été reporté suite aux attentats terroristes qui ont endeuillé Paris. Mais ce n’était que partie remise, et on a vu converger vers Paris des « spécialistes » français et étrangers bien connus dans le monde des « alter » et dans les colonnes du « Monde Diplomatique ».

    un-plan-b-en-europe

    Commodément installé dans mon fauteuil, et avec une réserve de chocolat suffisante pour couvrir toutes les éventualités, je me suis donc installé pour regarder le spectacle. En fait, la table ronde sur l’Euro, parce que le reste s’est révélé très vite d’un ennui mortel. Je m’attendais à être déçu, je ne le fus pas : les discours de la plupart des intervenants étaient parfaitement prévisibles. Je ne vais donc pas détailler les interventions des uns et des autres. Cependant, l’écoute des interventions des français à la table ronde sur l’Euro – que je vous conseille – montrent que les choses sont petit à petit en train de changer.

    Pour la première fois, on entend Jacques Généreux proclamer que l’objectif est bien sortir de l’Euro, même si ensuite il affaiblit le propos en expliquant qu’il faut quand même « sauver l’Union européenne » - on se demande pourquoi – et si ses propositions se fondent sur l’idée fort naïve qu’il suffira que la France déclare ne plus « appliquer les règles actuelles » pour que nos partenaires – c'est-à-dire, l’Allemagne – acceptent une réforme globale.

    En fait, les diagnostics qu’on a entendus ne sont pas mauvais. La rigidité de la monnaie unique empêche le rééquilibrage des prix et des salaires entre les différents pays, et les déséquilibres entre les différents pays – et notamment l’énorme excédent de l’Allemagne – ne peuvent donc être traités que par la déflation interne. Mais une fois le diagnostic posé, on se trouve bien embêtés. D’autant plus embêtés qu’au fil des discours on se rend compte que la plupart des intervenants – et beaucoup des participants de la salle – ont été dans le passé partisans de l’Euro !

    Mais comme je l’ai dit, on commence à entendre un autre discours. Un discours qui ne sera pas tout à fait étranger à ceux qui suivent ce blog : (http://descartes.over-blog.fr/)

    D’abord, un discours plus réalistes quant à la possibilité de transformer l’Euro en « monnaie démocratique » sans casser le système. Mais aussi sur la question des rapports avec le système des échanges. Ainsi, certains réalisent finalement qu’un système dans lequel certains pays ont des excédents permanents n’est pas durable, puisque les excédents des uns sont forcément des déficits des autres. On arrive donc à l’idée de l’équilibre des échanges comme objectif, position défendue par Keynes dans les années 1930 et que j’avais exposé dans ce blog avec la proposition d’un « protectionnisme intelligent ».

    Mais l’intervention la plus remarquable a été celle de Frédéric Lordon, qui détonnait singulièrement avec le ton feutré des autres économistes. Les lecteurs de ce blog savent que Lordon n’est pas saint de ma dévotion, pour des raisons que j’ai maintes fois expliquées. Mais je dois dire que cette fois-ci j’ai été très agréablement surpris. Lordon pointe bien la difficulté de la gauche – et la « gauche radicale » ne fait pas exception – à se défaire de l’illusion européenne, sur l’Euro bien entendu, mais aussi sur la construction européenne en général. Il dénonce aussi la « panique intellectuelle » d’une gauche qui, « de peur d’avoir des mauvaises pensées, ne pense plus du tout ». Il décrit assez bien la pusillanimité de la « gauche radicale » qui n’ose pas sortir de l’Euro et qui du coup a laissé le FN s’approprier cette proposition. Il fustige l’inconséquence de cette même gauche radicale qui ne veut pas les conséquences de ses actes. Et le plus drôle, est qu’il a été copieusement applaudi par les gens mêmes qu’il a fustigés. Mais peut-être ne se sont-ils pas reconnus ?

    Mais si les discours de ce « sommet » ont quelque chose en commun qui me semble tout à fait remarquable, c’est le refus systématique de toute analyse de classe.

    La polarisation de tout ce qui est mauvais dans la « finance » permet en effet d’éviter toute question sur les groupes sociaux qui ont soutenu et permis la mise en place du système qu’on critique aujourd’hui. Car ni l’Euro ni la construction européenne néo-libérale ne sont tombés du ciel. Ils n’ont pas été mis en place par un dictateur tout-puissant venu de la planète Xorn avec des traders dans ses valises. Ce système est l’œuvre d’hommes politiques démocratiquement élus, votée par des parlements et dans certains cas même par référendum. Bien de ceux qui étaient présents dans la salle – Oskar Lafontaine et Jean-Luc Mélenchon, pour ne donner que deux exemples remarquables – ont d’ailleurs passionnément milité pour.

    Même après les désastres qui ont émaillé son histoire, l’Euro garde un soutien majoritaire de certains groupes sociaux, comme l’exemple grec le montre abondamment. Or, personne ne semble s’interroger sur le pourquoi de ce soutien d’hier et d’aujourd’hui. Le match annoncé est « peuple vs. finance ». Pas question d’insinuer que le « peuple » est hétérogène, que chaque groupe défend ses intérêts, et que l’intérêt de certains est du côté de la « finance ».

    Le problème est aussi que les économistes de cette « gauche radicale » n’arrivent pas à se décider entre plusieurs maux. Ils veulent sauver l’intégration européenne – pour des raisons mystérieuses, ils considèrent toujours l’UE comme un espace de liberté et de démocratie – mais se rendent compte que dans un contexte de mobilité parfaite des capitaux et des biens implique nécessairement la déflation salariale, seul moyen de jouer sur la compétitivité.

    Tout en admettant, comme le fait Généreux dans un raisonnement fort élégant, qu’il n’existe pas de « peuple européen » et que donc tout fédéralisme implique nécessairement une forme de « dictature », on continue à rêver à une Europe fédérale « des peuples ».

    En fait, dans toutes ces interventions, le concept de la Nation plane sur les discussions comme un énorme non-dit, l’éléphant qui est au milieu de la pièce mais que tout le monde fait semblant de ne pas voir. Tout le monde constate que l’Euro n’a pas marché, qu’il a approfondi les déséquilibres, mais personne ne se demande pourquoi les monnaies nationales ont, elles, marché. Quel est le mécanisme qui assure un équilibre à l’intérieur d’une Nation mais qui ne marche pas à l’échelle de l’Europe ? Bonne question, n’est ce pas ?

    Descartes


    votre commentaire
  • La chronique d’Alain Hayot. coexist

    (La Marseillaise, le 23 janvier 2016)

    Une campagne haineuse et honteuse à laquelle le Premier Ministre a cru bon d’apporter sa caution, s’attaque à l’Observatoire de la laïcité et à son Président Jean Louis Bianco. Il a osé prendre l’initiative, après les attentats du 13 novembre, d’un appel intitulé « Nous sommes unis » très largement signé par des courants de pensée divers, croyants et non-croyants. Ce texte appelle pourtant à construire dans les conditions d’aujourd’hui, une France laïque dans l’esprit et la lettre de la loi de 1905.

    Laïcite et naïvete

    Devant les instrumentalisations en cours de tous côtés il est urgent de rappeler que cette loi est indivisible :

    • elle respecte la liberté de conscience et d’exercer, dans la sphère privée comme dans l’espace public, le culte de son choix comme de porter des signes distinctifs ;
    • elle garantit la liberté d’opinion et d’expression ;
    • elle impose une stricte neutralité de l’État vis-à-vis de tous les courants de pensée, croyants ou non, ainsi qu’une séparation totale entre l’État et toutes les églises.

    Tout cela dans le cadre des lois de la République qui s’opposent à tous les racismes, à toutes les violences en particulier à l’égard des femmes et des enfants, à toute atteinte à l’intégrité de la personne humaine…

    La laïcité appelle donc à construire une France fraternelle, à l’opposé de cette France de l’intolérance qui grandit dangereusement, veut diviser, exclure, interdire et faire de la laïcité une machine de guerre contre une religion, l’islam et nos concitoyens originaires de nos anciennes colonies. Je croyais cela réservée à Marine Le Pen et à ses imitateurs « républicains » type Ciotti, Morano et autre Estrosi. Mais voilà que des élus Lr et Ps viennent nous expliquer que porter une kippa n’a pas le même sens que porter un foulard. Voilà que des « grands intellectuels », A. Finkelkraut, E. Badinter pour ne pas les nommer, nous servent la même soupe nauséabonde. Le premier a osé déclarer que les arabes et les noirs étaient à l’origine de tous les maux de la société française. Et à écouter E. Badinter quand on est de gauche on doit être islamophobe.

    Pourtant, hier comme aujourd’hui la haine des juifs comme celle des musulmans n’a rien à voir avec le débat sur la nature des religions mais plutôt avec le rejet de minorités qui sert de moyen de gouverner en désignant des bouc-émissaires aux malheurs des peuples, permettant ainsi aux pouvoirs en place de maintenir leur domination.

    Certes le Judaïsme, l’Islam comme le Christianisme possèdent leur part d’archaïsme, de sexisme et d’homophobie comme l’a encore montré la « manif pour tous ». Faut-il pour autant rouvrir une guerre contre toutes les religions ou parier sur le débat et la conviction ? Pourquoi s’en prendre à une seule d’entre elle, alors que tout indique que le djihadisme relève d’une analyse sociologique et géopolitique autrement plus complexe que le simple rapport à l’Islam ? Pourquoi le faire au nom de la laïcité ?

    Celle-ci ne relève pas de ce fantasme autoritaire et sécuritaire qu’affectionnent nos actuels gouvernants. « La laïcité comme la démocratie » disait Jaurès « sont deux termes identiques fondés sur l’égalité des droits ». Face à tous ceux qui invoquent la laïcité pour interdire et désigner des bouc-émissaires, toujours les mêmes, je veux parier sur le désir de vivre et de faire société ensemble en pratiquant une laïcité de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.


    votre commentaire
  • edito gauche par l\'exempleLe 26 janvier, les agents de la Fonction publique vont exprimer colère, inquiétudes, mais aussi à n’en pas douter détermination à ne pas s’en laisser conter. Ils ont raison !

    Chacun-e a pu mesurer que le service public est depuis 20 ans sous le joug d’une offensive libérale théorisée : l’efficience reposerait sur les comportements individuels et il faudrait donc réduire la sphère du bien commun pour ouvrir de nouveaux espaces au secteur marchand. C’est ainsi que non seulement la notion d’intérêt général a été revisitée pour voir son périmètre d’action réduit, mais aussi que la primauté même de l’intérêt général a été remise en cause dans notre organisation sociale.

    Sans surprise François Hollande se fait fort de décliner la pensée dominante. Avec lui, le service public est devenu la variable d’ajustement de l’austérité, confirmant ainsi la perte de centralité du projet politique de mise en commun de ce qui est nécessaire à tous.

    Une grève du secteur public est donc tout sauf corporatiste. Les fonctionnaires ont pourtant de nombreuses raisons de plaindre de leur condition tant leur statut a été mis à mal sans compter leur traitement qui subit le gel du point d’indice ce qui s’est traduit par un recul de leur pouvoir d’achat de 14% depuis 2010 ! Quant aux fonctionnaires territoriaux, ils sont les premières victimes de la réorganisation territoriale qui sous couvert de « rationnalisation » ou de « mutualisation » prépare rien moins qu’un vaste plan social d’état !

    Le 26 janvier, les fonctionnaires vont se mobiliser derrière leurs syndicats avec la pleine conscience que c’est l’humanisme du projet politique républicain qu’ils défendent. Parce qu’ils sont les dépositaires au quotidien de l’intérêt général, leur mobilisation résonne comme un cri d’alarme collectif et appelle notre soutien.

    Editorial de la lettre du 25 janvier de La Gauche par l’Exemple

    François Cocq, Président de La Gauche par l’Exemple

    Défendre le service public, c’est affirmer la primauté de l’intérêt général « François Cocq


    votre commentaire
  • 22 janv. 2016 | Par Ludovic Lamant et stéphane alliès - Mediapart.fr (EXTRAITS)

    Un colloque réunit, ce week-end à Paris, Jean-Luc Mélenchon et d'autres représentants des gauches européennes en rupture avec la social-démocratie et ne se satisfaisant pas de l'issue grecque. Avec l'objectif, pour le héraut du Front de gauche, d'être aussi fructueux que les sommets de São Paulo, ayant contribué au réveil des gauches latino-américaines. Yanis Varoufakis, lui, a déclaré forfait.

    PLAN B

    VIDEO : https://www.dailymotion.com/video/x36m47l_pour-un-sommet-du-plan-b-en-europe_webcam

    Après la claque grecque de l’été 2015, des formations d’une gauche critique encore groggy un peu partout en Europe essaient de se remettre en mouvement. Des élus, des activistes et des économistes, venus du continent et d'ailleurs, tenteront d'apporter un peu de chair à un « plan B » pour l’Europe, lors d’une conférence à Paris, samedi 23 et dimanche 24 janvier.

    À l’origine de ce « sommet du plan B », il y a l’appel lancé en septembre à la Fête de l’Humanité, relayé par une tribune sur Mediapart signée par Jean-Luc Mélenchon et quatre autres figures de la gauche européenne (Yanis Varoufakis, Zoï Konstantopoulou, Oskar Lafontaine et Stefano Fassina). À l’époque, les déclarations d’intention tournaient plutôt autour d’un plan "A" et restaient vagues. Les ateliers parisiens organisés à la Maison de la chimie sont censés tirer des leçons plus précises des cinq mois de négociations électriques entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et l’Eurogroupe.

    La réunion devait dans un premier temps se tenir les 14 et 15 novembre derniers. Mais les attentats de Paris et Saint-Denis, le 13 au soir, ont obligé les organisateurs à reporter le colloque. L'esprit reste identique, avec l'objectif affiché – mais qui s'annonce déjà difficile à tenir – de se réunir tous les six mois, en même temps que les sommets des chefs de gouvernement de l’UE. « L’objectif est de créer un espace alternatif de pensée, un émetteur capable de dessiner un autre chemin », explique Jean-Luc Mélenchon, pour contrer « la dictature de la pensée unique quand il s’agit d’envisager l’Europe, pour ne pas la résumer à une dialectique entre Merkel et Cameron, soit l’ordolibéralisme, soit le repli nationaliste ».

    À ses yeux, ce sommet du plan B est un moyen « d’avancer avec ceux qui ont envie d’avancer, la suite se débloquera forcément ». Et d’être prêt pour 2017. L’ancien candidat à la présidentielle, prêt à repartir, prévient : « Outre les deux élections en France et en Allemagne, il y aura le référendum britannique et “l’achèvement de l’union économique et monétaire” proposée par “l’initiative des présidents” des institutions européennes. On entre donc dans une phase d’agitation extrême, il convient de s’y préparer. » Il cite en exemple le Forum de São Paulo (lire ici), qui a réuni les gauches latino-américaines au début des années 1990. « Un courant intellectuel coordonné, qui crée une ambiance et renforce chacun d’entre nous quand il rentre dans son pays. » Sur son blog, il conclut : « D’une réunion sans aucun écho médiatique sortirent dix gouvernements… Qui sait ? »

    (…) « Pierre Laurent [président du PGE et du PCF – ndlr] m’a fait savoir que le Plan B n’était pas un objectif, évacue Mélenchon. De toute façon, on n’a pas intérêt à agglomérer des forces politiques, les discussions sont surchargées de contextes locaux, et on se mettrait dans des situations d’équilibres intenables. » À ses yeux, Pablo Iglesias et Podemos ont évité de se positionner sur la Grèce, et ont soutenu Tsipras pour ne pas être réduits à cette question pendant la campagne jusqu'aux élections du 20 décembre. « Mais je ne crois pas qu’on puisse éviter les problèmes indéfiniment, dit-il, c’est perdre du temps à tourner autour du pot. »

    (…) Les débats s’annoncent … très agités, et l'objectif semble davantage d'enclencher une dynamique que de s'entendre sur des conclusions. « Notre but n’est pas de présenter un plan B, mais de dire qu’un plan B est possible, et qu’il y en a même plusieurs », estime Jean-Luc Mélenchon. « Le plan B, comme son nom l’indique, peut vouloir dire beaucoup de choses, et messieurs Mélenchon, Lafontaine, Fassina et Varoufakis ne disent pas tous exactement la même chose, si je les écoute bien », observe David Pestieau, du PTB.

    « On est au moins tous d’accord sur un certain nombre de choses : la zone euro dans sa configuration actuelle ne marche pas, l’austérité détruit nos économies, et il faut reposer la question de qui détient le pouvoir dans la zone euro », poursuit Fabio de Masi. Ces questionnements seront-ils tranchés, ou le sommet du plan B ne sera-t-il qu'un lieu de réflexions et de débats ? « Au forum de São Paulo, ils n'ont jamais voté que des résolutions, glisse Mélenchon, ça ne les a pas empêchés de réussir à prendre le pouvoir. »

    Lire l’article in extenso :https://www.mediapart.fr/journal/economie/220116/un-sommet-du-plan-b-pour-rompre-avec-cette-europe

    Ou bien en PDF : SOMMET DU PLAN B pour rompre avec cette EUROPE

     


    votre commentaire
  • resocomRésistance Sociale considère que les libertés syndicales sont fondatrices de notre République.

    RESO s’élève contre la criminalisation de l’action syndicale avec notamment la condamnation de 8 salariés de Goodyear à 2 ans d’emprisonnement, dont 9 mois fermes, alors que l’entreprise et les cadres concernés ont retiré leur plainte. Ces 8 salariés doivent être relaxés. La fermeture de bourses du travail doit cesser.

    Résistance Sociale considère que le droit du sol est fondateur de notre République et que tous ses citoyens sont des égaux.

    RESO demande l’abandon des divers projets le remettant en cause et s’oppose résolument au projet de loi gouvernemental instituant une « déchéance de nationalité » pour les binationaux.

    Résistance Sociale considère que les libertés démocratiques sont fondatrices de notre République.

    RESO s’oppose à la prolongation incontrôlée de l’état d’urgence et à sa banalisation contenue dans le projet de le constitutionnaliser qui doit être abandonné.

    Paris, le 21 janvier 2016

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique