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Un sommet du plan B pour rompre avec cette Europe / Médiapart
22 janv. 2016 | Par Ludovic Lamant et stéphane alliès - Mediapart.fr (EXTRAITS)
Un colloque réunit, ce week-end à Paris, Jean-Luc Mélenchon et d'autres représentants des gauches européennes en rupture avec la social-démocratie et ne se satisfaisant pas de l'issue grecque. Avec l'objectif, pour le héraut du Front de gauche, d'être aussi fructueux que les sommets de São Paulo, ayant contribué au réveil des gauches latino-américaines. Yanis Varoufakis, lui, a déclaré forfait.
VIDEO : https://www.dailymotion.com/video/x36m47l_pour-un-sommet-du-plan-b-en-europe_webcam
Après la claque grecque de l’été 2015, des formations d’une gauche critique encore groggy un peu partout en Europe essaient de se remettre en mouvement. Des élus, des activistes et des économistes, venus du continent et d'ailleurs, tenteront d'apporter un peu de chair à un « plan B » pour l’Europe, lors d’une conférence à Paris, samedi 23 et dimanche 24 janvier.
À l’origine de ce « sommet du plan B », il y a l’appel lancé en septembre à la Fête de l’Humanité, relayé par une tribune sur Mediapart signée par Jean-Luc Mélenchon et quatre autres figures de la gauche européenne (Yanis Varoufakis, Zoï Konstantopoulou, Oskar Lafontaine et Stefano Fassina). À l’époque, les déclarations d’intention tournaient plutôt autour d’un plan "A" et restaient vagues. Les ateliers parisiens organisés à la Maison de la chimie sont censés tirer des leçons plus précises des cinq mois de négociations électriques entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et l’Eurogroupe.
La réunion devait dans un premier temps se tenir les 14 et 15 novembre derniers. Mais les attentats de Paris et Saint-Denis, le 13 au soir, ont obligé les organisateurs à reporter le colloque. L'esprit reste identique, avec l'objectif affiché – mais qui s'annonce déjà difficile à tenir – de se réunir tous les six mois, en même temps que les sommets des chefs de gouvernement de l’UE. « L’objectif est de créer un espace alternatif de pensée, un émetteur capable de dessiner un autre chemin », explique Jean-Luc Mélenchon, pour contrer « la dictature de la pensée unique quand il s’agit d’envisager l’Europe, pour ne pas la résumer à une dialectique entre Merkel et Cameron, soit l’ordolibéralisme, soit le repli nationaliste ».
À ses yeux, ce sommet du plan B est un moyen « d’avancer avec ceux qui ont envie d’avancer, la suite se débloquera forcément ». Et d’être prêt pour 2017. L’ancien candidat à la présidentielle, prêt à repartir, prévient : « Outre les deux élections en France et en Allemagne, il y aura le référendum britannique et “l’achèvement de l’union économique et monétaire” proposée par “l’initiative des présidents” des institutions européennes. On entre donc dans une phase d’agitation extrême, il convient de s’y préparer. » Il cite en exemple le Forum de São Paulo (lire ici), qui a réuni les gauches latino-américaines au début des années 1990. « Un courant intellectuel coordonné, qui crée une ambiance et renforce chacun d’entre nous quand il rentre dans son pays. » Sur son blog, il conclut : « D’une réunion sans aucun écho médiatique sortirent dix gouvernements… Qui sait ? »
(…) « Pierre Laurent [président du PGE et du PCF – ndlr] m’a fait savoir que le Plan B n’était pas un objectif, évacue Mélenchon. De toute façon, on n’a pas intérêt à agglomérer des forces politiques, les discussions sont surchargées de contextes locaux, et on se mettrait dans des situations d’équilibres intenables. » À ses yeux, Pablo Iglesias et Podemos ont évité de se positionner sur la Grèce, et ont soutenu Tsipras pour ne pas être réduits à cette question pendant la campagne jusqu'aux élections du 20 décembre. « Mais je ne crois pas qu’on puisse éviter les problèmes indéfiniment, dit-il, c’est perdre du temps à tourner autour du pot. »
(…) Les débats s’annoncent … très agités, et l'objectif semble davantage d'enclencher une dynamique que de s'entendre sur des conclusions. « Notre but n’est pas de présenter un plan B, mais de dire qu’un plan B est possible, et qu’il y en a même plusieurs », estime Jean-Luc Mélenchon. « Le plan B, comme son nom l’indique, peut vouloir dire beaucoup de choses, et messieurs Mélenchon, Lafontaine, Fassina et Varoufakis ne disent pas tous exactement la même chose, si je les écoute bien », observe David Pestieau, du PTB.
« On est au moins tous d’accord sur un certain nombre de choses : la zone euro dans sa configuration actuelle ne marche pas, l’austérité détruit nos économies, et il faut reposer la question de qui détient le pouvoir dans la zone euro », poursuit Fabio de Masi. Ces questionnements seront-ils tranchés, ou le sommet du plan B ne sera-t-il qu'un lieu de réflexions et de débats ? « Au forum de São Paulo, ils n'ont jamais voté que des résolutions, glisse Mélenchon, ça ne les a pas empêchés de réussir à prendre le pouvoir. »
Lire l’article in extenso :https://www.mediapart.fr/journal/economie/220116/un-sommet-du-plan-b-pour-rompre-avec-cette-europe
Ou bien en PDF : SOMMET DU PLAN B pour rompre avec cette EUROPE
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