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Par rozalux le 4 Septembre 2015 à 18:51
Zoé Konstantopoulou à l’ONU :
Mesdames et messieurs, leaders des parlements du monde,En cette occasion du 70e anniversaire de l’ONU, marquant également les 70 ans depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en cette 4e conférence mondiale des Présidents de Parlements plaçant la démocratie au service de la paix, du développement durable et de la construction d’un monde tel que les peuples le veulent, je me tiens devant vous et parmi vous, en tant que Présidente du Parlement hellénique récemment dissous pour vous adresser un appel à la solidarité envers le peuple grec et envers la Grèce, terre où la démocratie naquit, et où elle est aujourd’hui brutalement attaquée et violée.
Lire aussi : Grèce : pourquoi Syriza recule dans les sondages | Anti-K
La Grèce et son peuple sont les victimes, depuis cinq ans, de politiques supposées offrir une solution durable au surendettement du pays et une voie pour sortir de la crise économique, ces politiques contenues dans des accords appelés « Memoranda – Protocoles d’accord », conclus par le gouvernement grec et un trio d’institutions internationales, à savoir le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne, connu sous le nom de Troïka, et agissant au titre de créanciers de la Grèce, ont eu pour résultat de graves violations des droits humains, et particulièrement des droits sociaux, des libertés fondamentales et de l’État de droit lui-même.
Ce qui a été présenté comme un accord de renflouement a eu pour effet la misère, le chômage à des taux jamais vus jusque-là, 72% parmi les jeunes femmes et 60% parmi les jeunes hommes, des centaines de milliers de jeunes gens poussés à l’émigration, une explosion des suicides, la marginalisation des jeunes, des vieux, des faibles, des immigrés, des réfugiés, avec la moitié des enfants du pays vivant sous le seuil de pauvreté, une situation relevant d’une crise humanitaire, documenté dans les rapports et les déclarations des experts indépendants de l’ONU sur la dette et les droits de l’homme aussi bien que dans toute une série de décisions de justice et de rapports.
Lire la suite : Zoé Konstantopoulou à l’ONU : « La dette souveraine est actuellement utilisée contre la population grecque … | Anti-K
CONCLUSION DE L'INTERVENTION :
Mesdames et messieurs, la dette souveraine est actuellement utilisée contre la population grecque et le Parlement hellénique pour affaiblir la démocratie, mais la démocratie est une valeur suprême, et le Parlement ne peut être réduit à des sceaux, entérinant des normes dictées, rejetées par le peuple et conçues pour anéantir les sociétés et les générations futures.
J’en appelle à vous, Parlementaires du monde ; soutenez l’exigence de démocratie et de souveraineté parlementaire contre la coercition de la dette ; soutenez les initiatives de l’Assemblée Générale des Nations Unies et la commission ad hoc d’audit de la dette souveraine, ainsi que les initiatives des experts indépendants de l’ONU sur la dette et les droits de l’homme.
Ne permettez pas que la démocratie soit annihilée sur la terre où elle naquit. Ne permettez pas qu’un autre Parlement soit contraint de voter contre la volonté du peuple et contre le mandat de ses députés. Ne permettez pas que les droits de l’homme, les vies humaines, la dignité humaine, et les principes les plus précieux des Nations Unies soient foulés pour servir le système bancaire.
Le monde que les peuples veulent ne peut être construit sans les peuples du monde. Merci.Discours prononcé le 2 septembre 2015 au siège de l’ONU à New York.
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Par rozalux le 4 Septembre 2015 à 00:19
La théorie du choc des civilisations n'est pas nouvelle, mais semble s'imposer toujours davantage dans le débat public, à droite bien sûr, mais aussi de plus en plus à gauche. Cette théorie, développée par l'auteur américain Samuel Huntington, est devenue une des principales clefs de lecture des conflits.
Florian Gulli, professeur de philosophie, coordinateur du dossier (1) pour la Revue du projet.
Mais les conflits internationaux sont-ils bien des guerres de civilisations, c'est-à-dire, peu ou prou, des guerres de religions ?
« Ce qui se passe aujourd'hui n'a pas beaucoup à voir avec les civilisations, mais beaucoup avec le capitalisme. »
L'analyse des conflits contemporains invalide cette approche. La plupart des conflits opposent des coreligionnaires. Daech tue beaucoup plus de musulmans que d'Occidentaux non musulmans. Par ailleurs, des pays s'allient malgré les différences de religion: l'Arabie saoudite et les États-Unis par exemple. L'impérialisme, qui part de causes politiques et économiques, reste la grille d'analyse la plus pertinente pour penser les guerres.
L'idée de « guerre des civilisations » est de plus en plus souvent mobilisée pour penser des problèmes sociaux à l'intérieur des nations. Après les émeutes de 2005 en France, au lendemain de chaque attentat, l'idée revient : nous serions en guerre, deux civilisations se feraient face sur le territoire français.
Les frères Kouachi par exemple. Sont-ils les représentants de la « civilisation musulmane » ? N'étaient-ils pas plutôt imprégnés d'une manière de vivre qui doit beaucoup aux cités populaires dont les habitants ont emprunté une partie de leurs codes musicaux et vestimentaires aux ÉtatsUnis, une partie de leurs mots au parler populaire français (le verlan) ?
Mais si les auteurs des attentats sont des produits de la société française, comment expliquer leurs actes ? Par le chômage et la misère ? Par la discrimination ? Si ces facteurs doivent être pris en compte, ils ne suffisent pas. Le mal est plus profond.
Ces actes s'inscrivent dans ce que Lucien Sève nomme une « dérive civilisationnelle ». Le capitalisme contemporain provoque un formidable évanouissement du sens, menaçant la vie humaine dans ce qu'elle a de plus noble et de plus civilisé. Le seul objectif proposé aux individus dorénavant est l'accumulation d'argent et la consommation. À cette fin, tous les moyens sont bons : « savoir se vendre », « devenir un tueur », etc. À quoi s'ajoute le fatalisme : pas d'alternatives à ce monde, rien à attendre d'une histoire désormais achevée.
Ce discours de la résignation visait hier à conjurer la « menace »communiste ; il a produit des effets inattendus. Des individus privés de toute cause à embrasser dans un contexte de chômage de masse et de travail déqualifié. Que peut-il leur rester ? Endosser les valeurs du capitalisme contemporain, l'argent et la prédation, c'està-dire devenir trader ou délinquant ? Se jeter dans l'utopie religieuse la plus fanatique ?
Bien entendu, beaucoup résistent aussi. Car l'horizon émancipateur d'une société des égaux, s'il a reflué, n'a pas disparu.
Ce qui se passe en France aujourd'hui n'a pas beaucoup à voir avec les civilisations, mais beaucoup avec le capitalisme et le monde qu'il engendre. Ceux qui déplorent violence et tensions sociales mais qui ne disent mot sur le capitalisme et les valeurs qu'il charrie (prédation, pillage, concurrence, individualisme) seraient bien avisés de se taire. On ne peut condamner l'effet quand on encourage la cause.
(1) À retrouver dans le numéro 49 téléchargeable sur pcf.fr
SOURCE : humanite digitale / –du 04/09/2015
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Par rozalux le 2 Septembre 2015 à 23:14
« Nous sommes devenus, nous les Grecs, les rats d’une grande expérience dans l’histoire européenne : « comment convaincre toute une nation de se suicider », car c’est de cela qu’il s’agit. » par Dimitris Konstantakopoulos / blogspot.gr
Cela est bien pénible de devoir écrire ces choses. Pour tout patriote Grec, c’est pénible (et pas toujours sans danger) de faire l’anatomie de la réalité tragique que nous vivons, de retirer le masque des évènements et des hommes, de démythifier des hommes politiques et des entités auxquels tout un monde un cru, voire, auxquels l’auteur lui-même a cru. Mais, quelle autre voie existerait-elle? On nous a quasiment pris le pays. Essayons, à tout le moins, de préserver notre raison. Ce n’est qu’en ayant le courage de regarder la réalité en face que l’on peut lutter contre elle.
La tragédie de cet été est un lourd coup d’état contre la volonté du peuple grec et un grand triomphe de l’Empire. Les élections ne sont qu’un chaînon supplémentaire dans la chaîne de coups d’état perpétrés contre la démocratie en Grèce, depuis le référendum.
L’on commence par signer l’accord en dépit du mandat du peuple grec mais aussi en dépit de l’avis des organes élus de Syriza. Ensuite, l’on passe une incroyable législation comptant plusieurs centaines de pages que personne n’a eu le temps de lire, au moyen de procédures dégradantes, par une parodie de Parlement. À présent que tout cela est fait, l’on s’efforce, par les biais des élections, dans des conditions de choc absolu, de confusion, de deuil et de désorientation du peuple grec -le tout provoqué par les actions de ses dirigeants qui est adéquatement manipulée -craignons-nous- par les étrangers – afin de « réinterpréter » le résultat du référendum.
Lire la suite de ce (long) article : Grèce: élections contre démocratie | Anti-K
Lire aussi : La jeunesse de Syriza refuse d’appeler à voter Syriza | Anti-K
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Par rozalux le 2 Septembre 2015 à 15:29
Cinquième version, revue et augmentée
Voici la 5e version de mon ouvrage intitulé "Traités de libre-échange : citoyens bafoués, multinationales souveraines", qui est une synthèse aussi complète que possible sur les différents traités de libre-échange, et notamment (mais pas seulement) sur les traités en négociation avec les États-Unis, le Canada, l'Afrique et l'Accord sur le commerce des services.Par rapport à la version précédente de mai 2015, cette 5e version, de 137 pages pour le corps du texte avec environ 400 références très discrètes, tient compte des dernières analyses et informations sur les traités. Ont été améliorées en outre les parties sur les droits de douanes des traités euro-africains, sur la cas des perturbateurs endocriniens, sur les AOC et IGP, sur la coopération réglementaire et ses alternatives, sur les alternatives aux mécanismes de règlement des différends, sur l'impact socio-économique des traités et en particulier l'impact sur les PME, et sur les droits de l'homme.Bonne lecture !
Robert JOUMARDmembre d'Attac Rhône ; tel. +33 4 78 26 34 30
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