• Temps gris ensoleillé. La campagne électorale bat son… vide. “À Athènes l’atmosphère est subtile, d’où vient la finesse d’esprit des Athéniens”, écrivait Posidonios d’Apamée, philosophe stoïcien grec, il y a si bien longtemps. Éternelle constante pourtant, la métadémocratie des mémoranda et des empires, ce penchant tragique du monde “gouverné” dicte sa loi.

    Publié par Ludo Rossi dans Actualités, Grèce / Grèce : Mensonge et barbarie | Anti-K (EXTRAITS)

    Athènes, septembre 2015

     

    Les Grecs ne sont pas dupes, seulement, ils sont résignés.Le piège s’est refermé sur eux et sur leur dernier espoir. En fabriquer un tout nouveau… prendra alors un peu de temps. À travers ces élections où les résultats se présentent comme acquis d’avance et où, face à la “victoire” probable d’Alexis Tsipras, la Commission européenne se dit alors “sereine” et appelle de manière à peine dissimulée, à voter SYRIZA. À l’instar de Pierre Laurent d’ailleurs, le secrétaire national du PCF.

    Le NON l’emportera. Affiche de l’Unité populaire. Athènes, septembre 2015
    Le NON l'emportera (slogan de l'Unité Populaire)

    (…) Au même moment, entre SYRIZA et l’Union populaire, la bataille est engagée, pour ainsi montrer que chacune de deux formations jadis réunies sous le toit Syriziste finalement trop ouvrant, bénéficie très ostensiblement du soutien de tel groupe ou de telle section du parti de la gauche à travers l’Europe.

    (…) Lundi 14 septembre, dans le quartier populaire de Sepólia à Athènes, l’Unité populaire a tenu une réunion publique, co-organisée par mon amie Katerina Thanopoúlou, ex-Comité central SYRIZA et Vice-présidente de la région d’Attique, chargée des affaires sociales. Devant une foule, ni trop nombreuse, ni absente ; les orateurs ont analysé, rappelé, dénoncé et enfin proposé. Zoé Konstantopoúlou, arrivée en retard à cause de sa participation dans une émission télévisée a été très attendue.

    Zoé Konstantopoúlou a évoqué publiquement son déplacement du 2 septembre au siège de l’ONU, où elle a évoqué l’abolition de la Démocratie en Grèce, avant de prendre position en faveur d’un audit financier et judiciaire (procédurier) de la dette grecque. Depuis, le ministre Houliarakis (nommé par Alexis Tsipras, c’est à dire par les… institutions) en a décidé… de l’abstention de la Grèce lors du vote récent sur le sujet des dettes des pays et des fonds rapaces à l’ONU.

    Alexis Tsipras devant les effets de… son Mémorandum III. Quotidien des Rédacteurs, 12 septembre
    Alexis Tsipras devant les effets de… son Mémorandum III. Quotidien des Rédacteurs, 12 septembre

    Zoé Konstantopoúlou a aussi rajouté en aparté… mais publiquement: “Je ne sais pas vraiment ce qui s’est réellement produit durant cette longue nuit de Tsipras à Bruxelles, j’ai essayé d’en savoir plus, impossible, un jour nous le saurons”.

    Présent sur les lieux, seulement avant le début du meeting, un homme se présentant comme étant un Syriziste… incorrigible, tentât en vain de convaincre les participants, du bienfondé de son analyse:

    « Konstantopoúlou et Varoufákis sont des pions participant au plan du financier George Soros… dans le but de faire tomber Alexis Tsipras, le seul qu’a résisté pour finalement connaître le blocage dans l’impasse qui est la sienne aujourd’hui, mais qui peut alors changer lorsque la situation interne et externe changeront aussi dans le futur ».

    C’est en résumé la thèse officielle de SYRIZA, le financier Soros en moins. L’homme a quitté les lieux comme il était arrivé. Pas d’animosité, à part une certaine tension entre lui et les athéniens… pré-acquis à la cause de l’Unité populaire. Temps qui passe.

    Un des orateurs a estimé que Keynes est bien mort et que le capitalisme actuel l’a définitivement enterré, donc “il va falloir nous en sortir autrement”. Il a toutefois laissé la porte ouverte aux “camarades restés à SYRIZA, ils vont peut-être nous rejoindre un jour et d’ailleurs, dans pas trop longtemps, une fois que le mémorandum SYRIZA sera appliqué”. Vœu pieux ?

    LIRE AUSSI : Grèce : le stupéfiant aveu de la BCE. | Anti-K


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  • Dénonçant une dette illégitime et illégale, quatre personnalités européennes exigent des mesures de transparence pour lever le chantage à l’austérité qui pèse sur les peuples.

      Éric Toussaint  

      

    Coordinateur scientifique de la Commission pour la vérité sur la dette grecque

    « La dette est un instrument historique de domination et d’extorsion massive des richesses. On peut presque parler de “système dette”. Les sociétés, devant l’esclavagisation par les dettes illégitimes, ont riposté  : de la tradition biblique du jubilé pour effacer les créances tous les sept ans aux grandes lois démocratiques de la Grèce antique, dans lesquelles Solon s’attaque à l’asservissement par la dette. Aujourd’hui, il y a un travail de pédagogie très important à réaliser afin d’identifier les causes réelles de la dette.

    Le mythe en vogue d’une dette publique creusée par des dépenses sociales exagérées est à combattre absolument. La dette a considérablement augmenté du fait de la crise bancaire et du sauvetage des banques. Plus largement, ces vingt dernières années, l’élément clé de sa progression réside dans les politiques néolibérales de gouvernements qui ont sacrifié leurs recettes en attribuant massivement des cadeaux fiscaux aux plus fortunés et aux entreprises, sans oublier les taux d’intérêt élevés fixés par des banques privées qui ont le monopole du crédit. Nous sommes face à une dette de la culpabilité défendue par les gouvernements et les médias privés dominants qui sert à la fois de méthode de privatisation des richesses et d’argument pour empêcher la solidarité entre les peuples. Cet usage, désastreux pour les pays et les populations, est illégal et illégitime, aussi bien en Grèce qu’en France. Nous devons recourir à des audits citoyens et prôner le droit à la suppression de ces dettes illégitimes, tout en soutenant le droit à l’emprunt public légitime, nécessaire par exemple pour financer la transition énergétique, dans des conditions décentes et créatrices d’emplois qui servent l’intérêt général. »


    Marga Ferré, secrétaire 
aux programmes d’Izquierda Unida

     

     « Le débat sur la dette grecque est un faux débat. En Espagne, il existe un certain consensus social autour de cette idée. Sur le plan politique, nous avons démontré que la politique d’austérité en Europe, et singulièrement en Grèce, relève du chantage. Même le secteur conservateur du Parti populaire (droite au pouvoir) se garde de toute offensive sur ce thème.

    À Izquierda Unida (IU), nous proposons un audit de la dette comme a pu le faire la Grèce. La ville de Madrid (à gauche depuis les dernières élections municipales de mai – NDLR) et son conseiller économique, membre d’IU, ont annoncé la création d’un tel audit. Cela a provoqué de très forts remous.

    Le fait même de pouvoir démontrer qu’une partie de la dette peut être illégale, illégitime et odieuse est un outil puissant pour faire tomber les masques quant à la nature même des politiques qui ont été menées jusqu’à présent. Et quant aux mensonges liés au chantage même de la dette.

    En Espagne, ce chantage s’est traduit par la modification de l’article 135 de la Constitution qui stipule que la priorité absolue est le remboursement de la dette avant même les dépenses publiques. La gauche et les mouvements sociaux espagnols sont ceux qui parlent le plus de la dette, car nous voulons savoir à qui nous la devons et pourquoi.

    Pour rappel, 60 % de la dette madrilène repose sur cinq entreprises dont certaines sont liées aux réseaux de corruption. C’est pourquoi les villes où nous gouvernons vont être à l’origine d’audits. »


      Nicolas Sansu, député (PCF)  

    Aujourd’hui, la dette est un super-instrument de domination. C’est ce qui fait que l’on détruit le service public, que l’on met la pression sur les salariés, les retraités et les chômeurs parce que soi-disant il n’y aurait pas d’argent.

    À l’origine, il y a les taux d’intérêt extrêmement importants servis dans les années 1985-1990, bien au-delà des taux d’intérêt réels. On estime de 300 à 400 milliards cet excès d’intérêts. En clair, certains se sont enrichis grâce à la dette. Ensuite, dans les années 2000 on a assisté au désarmement fiscal. C’est le rapport Carrez, la loi Tepa de Sarkozy, le bouclier fiscal, etc. On a retiré près de 100 milliards d’euros à l’État. Pour maintenir le niveau de service, il a fallu recourir à la dette. Enfin, il y a la question fondamentale de la crise des dettes privées avec un report massif sur les dettes d’État quand ce dernier à dû refinancer les banques exposées.

    Certes, les États ne peuvent pas être en faillite, mais ils peuvent être en défaut de paiement. Et comme les banques ne le veulent pas et que les pouvoirs sont tenus par l’oligarchie financière, la question de la dette a été mise en avant. On a sommé les États de cesser d’emprunter et en même temps, on les empêche de retrouver des ressources qui existent dans les paradis fiscaux, la fraude. Ce n’est pas une question de complot, c’est une question de rapport de forces. Un mouvement avait commencé à prendre corps en Grèce, il a été largement contrecarré. L’idée que la dette est illégitime est loin d’être majoritaire aujourd’hui. Il faut une grande conférence européenne sur la dette. Le problème ne se réglera pas sans une nouvelle architecture fiscale et, dans l’idéal, un moratoire, comme cela a existé en Uruguay.


      Leonidas Vatikiotis, économiste grec de gauche et scénariste du film Debtocracy  

    « Le 18 juin dernier, un comité indépendant sur la dette grecque a été formé par la présidente du Parlement, Zoe Konstantopoulou. Ce document historique a prouvé que cette dette était non seulement illégitime mais aussi illégale et absolument non remboursable. Un comité de la vérité connu sous le nom de commission d’audit a donc prévenu que la dette ne pouvait et ne devait pas être remboursée.

    Malheureusement, le gouvernement grec, sous la pression de la troïka, n’a pas su entendre les conclusions de cet audit et s’est résolu à signer un nouveau mémorandum annonçant une nouvelle vague de privatisation des biens publics grecs, dont beaucoup vont d’ores et déjà profiter au capital allemand.

    Une cessation de paiement unilatérale à l’endroit des créditeurs internationaux (FMI, BCE, États européens, etc.), comme l’avait demandé ce comité, aurait dû être suivie. Les montants des sommes prêtées à la Grèce depuis 2010 ne sont jamais allés dans le budget grec, ni aux retraites ni aux hôpitaux. Au contraire, cet argent est allé aux structures fermées comme précondition à leur octroi. En vérité, cet argent soi-disant prêté est allé directement dans les coffres des banques grecques et étrangères. Il a été prouvé par le calcul que 92 % de cette aide est retournée aux créditeurs ou est perdue dans le secteur bancaire.

    Autrement dit, le sauvetage de la Grèce a servi de prête-nom au sauvetage des banques qui avaient émis des bons du Trésor tout au long des décennies précédentes et des emprunts à taux très élevés. Aujourd’hui, la totalité du montant de la nouvelle dette sert à payer les anciens emprunts ou à recapitaliser les banques grecques en faillite. »


    Source : L’Humanité du 10 septembre 2015  

      

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  • Représentant à eux tous environ 10 % de l'électorat, les partis de la gauche grecque autres que Syriza partent dispersés, favorisant le brouillage politique malgré des analyses et des objectifs souvent communs.

    Alors que les parcs et ruelles proches de la place Omonia recueillent dans l'ombre quelques centaines de réfugiés afghans et syriens, la campagne des législatives débarque à son tour dans ce quartier populaire du centre d'Athènes. Ici, la gauche a souvent l'habitude de faire entendre sa voix. Il y a neuf mois, Alexis Tsipras, alors candidat de Syriza, y enflammait une dizaine de milliers de partisans venus entendre son dernier discours avant d'être élu premier ministre.

    LES JEUNES MILITANTS DU PARTI DE L\'UNITÉ POPULAIRE

    LES JEUNES MILITANTS DU PARTI DE L'UNITÉ POPULAIRE

    Mardi soir, c'est un de ses lieutenants de l'époque, Zoé Konstantopoulou, elle aussi présente le 23 janvier à Omonia, qui s'est exprimée devant une foule fervente quoique clairsemée. Celle qui fut entre-temps présidente du Parlement n'a perdu ni de sa voix ni son verbe : « Voulez-vous une politique d'austérité? » crie-t-elle à la foule. « Oxi » (non), répond celle-ci, « Voulez-vous d'un nouveau mémorandum ? » « Oxi », clame encore le public. « Voulez-vous une politique qui ne respecte ni les droits de l'homme, ni ceux des réfugiés, ni la démocratie ? » « Oxi, Oxi, Oxi ! »

    L'impression de déjà-vu est patente à une différence notable près : les drapeaux rouges, verts et violets de Syriza qui flottaient l'hiver dernier dans la nuit athénienne, ont été remplacés par ceux, jaunes et rouges, d'Unité populaire, le nouveau parti créé dès juillet par l'ex-ministre de la Production et de la Reconstruction d'Alexis Tsipras, Panagiotis Lafazanis.

    « Nous nous sommes sentis profondément trahis »

    Au lendemain de l'accord extirpé de force par Bruxelles au gouvernement grec. Parmi les militants présents mardi soir, Myrto Abecassis, designer au chômage, défile une pancarte à la main sur laquelle deux phrases sont inscrites. « Il faut annuler la dette et arrêter de payer pour rien ! Voilà la première idée », explique la jeune femme d'une trentaine d'années. « En dessous, il est écrit que nous ne sommes pas les membres de cette Europe qui ne veut pas des réfugiés », reprend-elle, désignant au loin, derrière la foule les quelques tentes de fortune installées sur les trottoirs. À ses côtés, Theodoris Patastzis, rédacteur pour le journal les Travailleurs de gauche, lié à Unité populaire, veut garder le moral. « C'est très dur de recommencer de zéro, mais nous nous sommes sentis profondément trahis », justifie ce quinquagénaire. « Je suis sûr qu'on fera quand même plus de 3 % et qu'on rentrera au Parlement », espère-t-il.

    Nationaliser et renforcer les secteurs stratégique

    Nasos Papastanis, éducateur dans une banlieue d'Athènes, le rejoint un programme à la main. « J'étais moi-même militant de Syriza pendant des années », commence celui-ci. « Mais la signature de ce troisième mémorandum m'a montré le vrai visage de cette équipe dirigeante qui a effacé notre programme pour y inscrire celui du Pasok ! s'indigne l'homme d'une trentaine d'années.

    Du coup, nous le reprenons à notre compte en l'améliorant : d'abord sortir de la prison de la zone euro ; ensuite « annuler les mémorandums ; nationaliser des secteurs stratégiques ; renforcer le secteur public et enfin porter une vraie politique humaniste d'accueil des réfugiés ».

    Un programme relativement proche d'autres partis de la gauche grecque qui, en dehors, de Syriza pèsent à eux tous (Unité populaire compris), environ 10 % de l'électorat. Parmi eux, Antarsya (Coopération anticapitaliste de gauche pour le renversement), dont la moitié des membres auraient déjà rejoint Unité populaire, et qui peuvent prétendre atteindre les 1 %, d'autres petits partis d'extrême gauche, mais aussi et surtout le KKE (Parti communiste de Grèce), formation historique de la gauche anticapitaliste hellénique. « Le problème est que le KKE ne veut pas de nous », reprend Nasos Papastanis. Comme Tsipras, j'ai été membre de ce parti dans ma jeunesse, mais leur seul horizon politique se fait à l'intérieur du parti, comme l'Alpha et l'Omega de toute révolution socialiste. Lafazanis a bien tenté une alliance dès le départ. » Sans y parvenir.

    L’humanité du 17/09/2015 -STÉPHANE AUBOUARD Athènes (Grèce)


    SOURCE : humanite digitale / –du 17/09/2015

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  • Les députés n'ont eu droit qu'à un débat sans vote sur l'engagement aérien de la France en Syrie sans mandat de l'ONU, et dont le but réel reste flou, dénoncent les élus Front de gauche.
    bombarder syrie et code du travail
    DESSIN : l'humanité du 16 septembre 2015

    Jusqu'alors, contre Daech, la France cantonnait l'action de ses Rafale à l'Irak. Si la Syrie est devenue la principale base du groupe terroriste, le gouvernement craignait qu'y intervenir militairement fasse courir le risque de renforcer les positions du président Bachar Al Assad. Mais lors de sa conférence de presse du 7 septembre, quelques jours après qu'un attentat a été déjoué dans un train Thalys, François Hollande a annoncé « desvols de reconnaissance » au-dessus du territoire syrien. Lundi, à la veille du débat parlementaire non suivi de vote auquel la Constitution contraint le gouvernement en cas d'engagement militaire, le chef de l'État précisait : « Nous avons annoncé des vols de reconnaissance permettant d'envisager des frappes si c'était nécessaire, et ce sera nécessaire en Syrie. »

    « CETTE INTERVENTION EN DEHORS DE TOUTE AUTORISATION ONUSIENNE PLACERA LA FRANCE DANS L'ILLÉGALITÉ », ESTIME FRANÇOIS ASENSI (FRONT DE GAUCHE).

    Des menaces d'attentats plus que jamais présentes

    Celles déjà opérées par une coalition menée par les ÉtatsUnis n'ont pas démontré une grande efficacité pour stopper l'avancée de Daech. Mais ce sont sans doute plus des enjeux intérieurs qui motivent la décision de l'Élysée : alors que les menaces d'attentats sont plus que jamais présentes, il s'agit de montrer sa détermination dans la lutte contre le terrorisme. Parmi la représentation nationale, peu d'élus remettent fondamentalement en question le bien-fondé de cette intervention. « Refuser d'intervenir, ce serait poser un genou à terre face à Daech », estime Christian Jacob pour le parti « Les Républicains » (LR, ex-UMP) qui assume pleinement le langage du choc des civilisations. Lui (dont un bon premier tiers de l'intervention concernait la question des réfugiés, créant des raccourcis glissants) demande même l'envoi de troupes au sol auquel le gouvernement se refuse : « On ne combat le totalitarisme que par un engagement total. »

    Pour les députés du Front de gauche, cependant, on regrette, par la voix de François Asensi, « un cavalier seul de la France en Syrie (qui) ne ferait qu'éloigner la perspective d'une grande coalition contre Daech, en écartant les Russes ». Dans son intervention liminaire, le premier ministre Manuel Valls a en effet tenu à insister sur « la pleine autonomie de décision et d'action » de la France. François Asensi prévient : « Cette intervention en dehors de toute autorisation onusienne placerait la France dans l'illégalité au regard du droit international. » Un point soulevé aussi par certains socialistes, tels Pouria Amirshahi : « Pour la France, ce serait une première et un grave précédent dont nos futurs gouvernements risqueront de s'inspirer pour mener des guerres sans passer par le cadre légal international », juge le frondeur.

    Mais surtout, les députés Front de gauche s'inquiètent du flou sur les buts de guerre, après que Manuel Valls a consacré une bonne partie de son intervention à Bachar Al Assad plutôt qu'à Daech.

    « Initialement annoncée comme une mission de surveillance et de renseignement, elle s'est muée ces dernières heures en mission de bombardement. Le sentiment qui domine, c'est la confusion ! S'agit-il de combattre Daech ou d'affaiblir l'autorité du régime syrien sur son territoire ? » S’interroge François Asensi, qui n'appelle néanmoins pas à rester les bras croisés : « Nous soutenons avec détermination le principe d'une force militaire contre Daech, pour autant que cette force s'inscrive dans le cadre de l'ONU et qu'elle s'accompagne d'une feuille de route politique associant l'ensemble des acteurs régionaux », Iran ou Russie compris.

    SOURCE : humanite digitale / –du 16/09/2015

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  • EREMY CORBYNAlors que les premiers noms du cabinet fantôme étaient dévoilés hier, le nouveau leader des travaillistes dénonçait, à Westminster, le projet de loi visant à limiter le droit de grève.

    SOURCE : À peine élu, Jeremy Corbyn monte au front | L'Humanité

    Àpeine élu à la tête du Labour, Jeremy Corbyn a eu l'occasion de rendre ses couleurs à l'opposition. Hier, Westminster examinait le projet de loi destiné à encadrer strictement le droit de grève. Une fronde contre les syndicats digne des années Thatcher. Dans une tribune publiée hier par le Daily Mirror, Jeremy Corbyn, député d'Islington North (banlieue de Londres), dénonce : « Les conservateurs frappent doublement les travailleurs, en attaquant les syndicats qui défendent les emplois et décrochent des augmentations de salaires et en réduisant les crédits d'impôt qui fournissent un filet de sécurité aux millions de personnes coincées dans des emplois précaires. » L'élection de Jeremy Corbyn à la tête du Labour, samedi, pourrait donc bel et bien servir de point d'appui aux syndicats, dont l'audience avait été réduite à néant au sein du parti depuis les années Blair et la conversion au libéralisme.

    « Regagner la confiance des gens ordinaires »

    Les organisations syndicales ne s'y sont d'ailleurs pas trompées. Dimanche, lors du congrès du Trades Union Congress (TUC, organisation fédératrice des syndicats britanniques), à Brighton, David Sharkey, responsable du quotidien socialiste Morning Star, se réjouissait : « Le mouvement syndical a créé le Parti travailliste mais, dernièrement, il avait été relégué au second plan au sein du parti. Cette fois, il a prouvé qu'il fallait encore compter sur lui. » D'aucuns comptent désormais sur Corbyn pour débattre de la renationalisation des entreprises privatisées ou de la défense du service public de la santé, le Service national de santé (NHS), frappé par l'austérité. Selon les syndicats, l'autre chantier pour les travaillistes consistera à « regagner la confiance des gens ordinaires », a expliqué Frances O'Grady, secrétaire générale du TUC. Défait lors des législatives de mai dernier, le Labour a souffert d'une défiance croissante après des années de droitisation. Frances O'Grady appelle donc à la clarté : « Construction de logements sociaux, assurance de salaires décents et fin du scandale des contrats "zéro heure" dans lesquels sont paralysés tant de jeunes gens.

     

     

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    PIERRE LAURENT VEUT RENCONTRER CORBYN

    Lors de son discours à la Fête de l'Humanité, dimanche, le secrétaire national du Parti communiste français a salué les progrès de la gauche en Espagne et au Royaume-Uni. « Croyezvous (que la finance et les dirigeants européens) se sentent en confiance quand ils voient que Jeremy Corbyn, élu hier, au premier tour, à 60 %, est en passe de révolutionner la gauche anglaise ? », a-t-il déclaré avant d'informer qu'il a « d'ailleurs décidé d'aller le rencontrer au plus vite ».

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    » Ces contrats, qui n'indiquent aucun temps de travail minimum, reviennent à payer uniquement les heures travaillées. Ils obligent les 750 000 employés soumis à ces contrats à se rendre disponibles à tout moment ; ils sont à eux seuls le symbole de la précarisation du Royaume-Uni, mais aussi de la flexibilité tant vantée par l'ancien premier ministre Tony Blair. Alors que le syndicat Unite, qui représente le secteur privé, et Unison (secteur public) ont activement milité pour l'élection de Jeremy Corbyn, ce dernier pourrait également continuer d'avoir besoin d'eux dans la difficile « bataille contre la bureaucratie blairiste », a expliqué à l'AFP Mark Best, militant du Parti socialiste, composante du Labour exclue dans les années 1990.

    15 000 nouvelles adhésion au Parti travailliste

    Très attendue, l'annonce la composition du « cabinet fantôme » de Corbyn permet également de confirmer sa stratégie. Ces députés chargés de passer au crible l'action du gouvernement siègent face au gouvernement à la Chambre des communes et deviennent souvent ministres en cas d'élection. Ils incarnent le marqueur politique du chef de parti.

    Ainsi, Jeremy Corbyn a-t-il nommé, hier, John McDonnell, un ancien syndicaliste, issu de la classe ouvrière et marqué à gauche, au poste des Finances. « Nous avons besoin d'une stratégie économique pour nous attaquer aux imperfections sous-jacentes de notre système économique. La propriété publique a un rôle important à jouer, mais cela se fera par des formes intelligentes de propriété et de contrôle communs, propres au XXIe siècle », détaillait John McDonnell dans le quotidien The Guardian. S'il s'engage à réduire la dette publique, McDonnell ajoute néanmoins au micro de la BBC : « Nier le déficit budgétaire serait absurde si nous souhaitons être crédibles sur le plan économique auprès de l'électorat. (...)

    Le Parti travailliste sous Jeremy Corbyn s'engage à éliminer le déficit et à forger une économie où nous vivrons en accord avec nos moyens. Mais nous ne pensons pas que la grande majorité des personnes, aux revenus moyens ou faibles, qui n'ont pas provoqué cette crise économique, devraient payer pour la résoudre. » En 2010, ce dernier assurait qu'il assassinerait l'ex-premier ministre Margaret Thatcher s'il pouvait remonter dans le temps. Tom Watson, également ancien syndicaliste, a pour sa part été nommé vice-chef du Parti travailliste. Corbyn a néanmoins donné des gages aux centristes de son parti en choisissant Andy Burnham à l'Intérieur. Ce dernier, secrétaire en chef du Trésor, ministre de la Santé et ministre de la Culture sous Gordon Brown (2007-2010), est arrivé second lors des primaires du Labour. Enfin, Hilary Benn sera chargé des Affaires extérieures.

    « CORBYN EST LA MEILLEURE EXPRESSION DE LA CRISE D'IDENTITÉ DU PARTI TRAVAILLISTE », PABLO IGLESIAS, LEADER DE PODEMOS (ESPAGNE)

    Ministre du Développement international sous Tony Blair, puis de l'Environnement sous Gordon Brown, ce dernier reste un fidèle de Blair.

    Ces nominations font écho à la sévère guerre interne qui a précédé l'élection de Corbyn au Labour. Alors que le député gagnait en popularité, les blairistes s'étaient jurés d'avoir sa tête et ont multiplié les pressions. Le nouveau chef du parti cherche ainsi à limiter la crise d'identité au sein de son parti, alors que les plus droitiers ont tout simplement refusé de travailler avec lui ou annoncé la mort clinique du Labour à la suite de sa victoire. « Un parti divisé, c'est un parti qui ne gagne pas. Pour apporter le changement, il faut être au pouvoir. Parler, protester ou manifester ne fait guère avancer », a résumé Margaret Beckett, ancienne ministre de Blair. Or, depuis l'élection de Corbyn, le Labour a enregistré 15 500 nouvelles adhésions, qui sont venues s'ajouter aux 79 000 autres déjà comptabilisées depuis le lancement de la campagne interne.

    Le premier ministre conservateur David Cameron n'a lui non plus pas tardé à jeter le discrédit sur Jeremy Corbyn, sur la base d'arguments spécieux. Après sa victoire, le chef du gouvernement a estimé que « le Labour représente maintenant une menace pour (notre) sécurité nationale, (notre) sécurité économique et la sécurité de votre famille ». Fervent pacifiste, opposant aux frappes en Syrie et militant du désarmement nucléaire, Jeremy Corbyn est également un solide point d'appui aux progressistes européens. Son élection envoie, selon les Grecs de Syriza, un « message d'espoir » qui viendra renforcer « le front européen contre l'austérité ».

    Lire aussi :

    En sacrant Corbyn, le Labour fait sa révolution

    Corbyn. «C’est un moment très important pour la gauche»


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