• Une gauche grecque désunie

    Représentant à eux tous environ 10 % de l'électorat, les partis de la gauche grecque autres que Syriza partent dispersés, favorisant le brouillage politique malgré des analyses et des objectifs souvent communs.

    Alors que les parcs et ruelles proches de la place Omonia recueillent dans l'ombre quelques centaines de réfugiés afghans et syriens, la campagne des législatives débarque à son tour dans ce quartier populaire du centre d'Athènes. Ici, la gauche a souvent l'habitude de faire entendre sa voix. Il y a neuf mois, Alexis Tsipras, alors candidat de Syriza, y enflammait une dizaine de milliers de partisans venus entendre son dernier discours avant d'être élu premier ministre.

    LES JEUNES MILITANTS DU PARTI DE L\'UNITÉ POPULAIRE

    LES JEUNES MILITANTS DU PARTI DE L'UNITÉ POPULAIRE

    Mardi soir, c'est un de ses lieutenants de l'époque, Zoé Konstantopoulou, elle aussi présente le 23 janvier à Omonia, qui s'est exprimée devant une foule fervente quoique clairsemée. Celle qui fut entre-temps présidente du Parlement n'a perdu ni de sa voix ni son verbe : « Voulez-vous une politique d'austérité? » crie-t-elle à la foule. « Oxi » (non), répond celle-ci, « Voulez-vous d'un nouveau mémorandum ? » « Oxi », clame encore le public. « Voulez-vous une politique qui ne respecte ni les droits de l'homme, ni ceux des réfugiés, ni la démocratie ? » « Oxi, Oxi, Oxi ! »

    L'impression de déjà-vu est patente à une différence notable près : les drapeaux rouges, verts et violets de Syriza qui flottaient l'hiver dernier dans la nuit athénienne, ont été remplacés par ceux, jaunes et rouges, d'Unité populaire, le nouveau parti créé dès juillet par l'ex-ministre de la Production et de la Reconstruction d'Alexis Tsipras, Panagiotis Lafazanis.

    « Nous nous sommes sentis profondément trahis »

    Au lendemain de l'accord extirpé de force par Bruxelles au gouvernement grec. Parmi les militants présents mardi soir, Myrto Abecassis, designer au chômage, défile une pancarte à la main sur laquelle deux phrases sont inscrites. « Il faut annuler la dette et arrêter de payer pour rien ! Voilà la première idée », explique la jeune femme d'une trentaine d'années. « En dessous, il est écrit que nous ne sommes pas les membres de cette Europe qui ne veut pas des réfugiés », reprend-elle, désignant au loin, derrière la foule les quelques tentes de fortune installées sur les trottoirs. À ses côtés, Theodoris Patastzis, rédacteur pour le journal les Travailleurs de gauche, lié à Unité populaire, veut garder le moral. « C'est très dur de recommencer de zéro, mais nous nous sommes sentis profondément trahis », justifie ce quinquagénaire. « Je suis sûr qu'on fera quand même plus de 3 % et qu'on rentrera au Parlement », espère-t-il.

    Nationaliser et renforcer les secteurs stratégique

    Nasos Papastanis, éducateur dans une banlieue d'Athènes, le rejoint un programme à la main. « J'étais moi-même militant de Syriza pendant des années », commence celui-ci. « Mais la signature de ce troisième mémorandum m'a montré le vrai visage de cette équipe dirigeante qui a effacé notre programme pour y inscrire celui du Pasok ! s'indigne l'homme d'une trentaine d'années.

    Du coup, nous le reprenons à notre compte en l'améliorant : d'abord sortir de la prison de la zone euro ; ensuite « annuler les mémorandums ; nationaliser des secteurs stratégiques ; renforcer le secteur public et enfin porter une vraie politique humaniste d'accueil des réfugiés ».

    Un programme relativement proche d'autres partis de la gauche grecque qui, en dehors, de Syriza pèsent à eux tous (Unité populaire compris), environ 10 % de l'électorat. Parmi eux, Antarsya (Coopération anticapitaliste de gauche pour le renversement), dont la moitié des membres auraient déjà rejoint Unité populaire, et qui peuvent prétendre atteindre les 1 %, d'autres petits partis d'extrême gauche, mais aussi et surtout le KKE (Parti communiste de Grèce), formation historique de la gauche anticapitaliste hellénique. « Le problème est que le KKE ne veut pas de nous », reprend Nasos Papastanis. Comme Tsipras, j'ai été membre de ce parti dans ma jeunesse, mais leur seul horizon politique se fait à l'intérieur du parti, comme l'Alpha et l'Omega de toute révolution socialiste. Lafazanis a bien tenté une alliance dès le départ. » Sans y parvenir.

    L’humanité du 17/09/2015 -STÉPHANE AUBOUARD Athènes (Grèce)


    SOURCE : humanite digitale / –du 17/09/2015

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