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Par rozalux le 10 Décembre 2015 à 18:00Jeudi, 10 Décembre, 2015Humanite.fr
Après dix jours de négociations au Bourget, un texte proche de celui qui devrait être adopté était attendu. Or le nouveau texte de 29 pages n’est pas encore celui-là ! L’essentiel des sujets traduisant les enjeux politiques de la négociation sont encore en discussion. Le texte comporte toujours en effet des options différentes pour les sujets de la différenciation des engagements, du financement, des objectifs à long terme de réduction des émissions, du niveau et des sujets de contrainte juridique. Cela fait beaucoup !
Nous savons cependant qu’il existe une option lourde, derrière le rideau d’un processus apparemment très lisse et d’une diplomatie bien rodée : le texte final va-t-il entériner la position des États-unis et de leurs alliés ?
Après avoir supprimé toute contrainte sur les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre et après avoir sorti des négociations les niveaux d’émission, l’avantage pourrait être poussé encore un peu plus loin : un inventaire des engagements serait réalisé tous les cinq ans après 2020 mais avec une révision des engagements non contraignante ; les financements eux-mêmes pourraient être laissés à l’appréciation des États et des fonds financiers.
Pour Geneviève Azam, économiste et porte parole d’Attac « par un jeu de vocabulaire, l’accord de Paris, « universel contraignant » pourrait accomplir la volonté d’en finir avec un des piliers de la Convention de 1992 et du protocole de Kyoto : la responsabilité climatique est commune mais différenciée, elle suppose des engagements contraignants pour les pays les plus pollueurs, aussi bien en termes de niveau d’émission que de financement. Si tel était le cas, après plus de vingt ans de flottement, c’est l’autre pilier de la convention qui s’imposerait sans partage, celui de la soumission des objectifs climatiques aux règles du libre-échange et des marchés financiers ».
Pour Maxime Combes, économiste et porte-parole d’Attac France sur les enjeux climatiques « le projet d’accord pourrait entériner un réchauffement climatique supérieur à 3°C, sans qu’il n’y ait de perspective d’amélioration dans les prochaines années, accentuant le décalage abyssal entre l’objectif affiché et la réalité du réchauffement, entre la bulle des négociations et l’état d’urgence climatique auquel sont confrontées les populations les plus vulnérables ; la présidence française voulait un accord juste, ambitieux, équilibré et juridiquement contraignant, c’est pas gagné ».
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Par rozalux le 10 Décembre 2015 à 17:49
A trois jours du second tour des élections régionales, l’espoir se meurt : la dérive sécuritaire menace liberté d'expression et réflexion radicale, le FN est en passe de gagner 6 régions, la COP 21 fonce tout droit vers un échec.
Mais la lente dérive catastrophiste n’est pas une impasse : à ce bordel généralisé, des utopistes convaincus proposent le pas de côté, et la sortie de l’inertie mortifère pour se réapproprier l’espoir. Pour commencer ce changement de paradigme, le mouvement citoyen n’attend pas de consensus mou : la transition est déjà en marche.
Chronique de Vincent Liegey, initialement publiée sur Reporterre le 26 septembre 2014.
Difficile de garder de l’espoir, lorsque, en vrac, on regarde les indicateurs écologiques (dépassement toujours plus tôt de la consommation des ressources fournies par la planète chaque année, raréfaction des énergies fossiles, des métaux, dernier rapport du GIEC), les inégalités toujours plus grandes (1 % de la population qui s’approprie 50 % des richesses, la rémunération du capital toujours plus grande, l’imposture de la dette et les plans d’austérités), ou encore la religion de l’économie et le rabâchage toujours plus absurde sur la sacro-sainte croissante comme unique solution (de Hollande à Valls, en passant par le bonimenteur Sarkozy)...
Et on ne parle même pas de la géopolitique avec en outre l’escalade militaire et les guerres impérialistes pour le pétrole qui continuent ; on assiste à la recomposition de deux blocs et donc d’une nouvelle guerre froide, déjà bien chaude, à nos portes, en Ukraine !
Et pourtant...
Deux mondes parallèles, et dans le nôtre, il y a l’espoir
Cet été fut, une nouvelle fois, l’occasion de se projeter dans un monde parallèle, bien réel, tout autre que celui décrit par les médias dominants, qui plus que jamais font le jeu des populismes pour mieux renforcer les partis oligarchiques. Quelques exemples.
En juillet, à Barcelone, soixante-dix étudiants du monde entier se sont retrouvés pour suivre des cours intensifs sur la Décroissance dans le cadre de la Degrowth Summer School. De son côté, l’Alter-tour a traversé la France d’est en ouest avec la découverte de son lot d’alternatives, de débats, notamment autour de notre ouvrage Un Projet de Décroissance et avec un final en apothéose avec une Vélorution dans les rues de la Rochelle et bien-sûr une messe de la très Sainte consommation sur la plage !
L’été s’est ensuite poursuivi pour moi à l’université du revenu de base où l’ambiance, bien que différente de celle de l’Alter-tour, a été très studieuse avec des débats intenses et des questionnements notamment sur le sens de nos vies, comment se réapproprier nos activités, quelle démocratie, mise en place d’une constituante, revenu maximal acceptable ou pas ?
Ensuite, je me suis rendu aux (F)estives (université d’été de la Décroissance) à Cerbère, où les mêmes questions ont été abordées suivant trois thèmes : le rejet, le projet, le trajet. Là aussi quelles dynamiques dans les discussions, les échanges, les réflexions mais aussi dans la pratique avec autogestion et communication non-violente !
Une rencontre historique
Enfin, s’est tenue la rencontre historique de Leipzig, quatrième conférence internationale pour la Décroissance, avec les mêmes questions abordées par plus de 3200 personnes provenant de soixante-quatorze pays, de tous les continents...
Enfin, je rentre tout juste de Bruxelles pour la rencontre European Citizenship Summit organisée entre autres par l’ONG chapeau DEEEP, dans un chapiteau devant l’antre de la croissance technocratique et oligarchique, le Parlement Européen.
Le thème de cette année : l’Union Européenne au-delà de l’obsession de la croissance... Il y a deux-trois ans, un tel thème central aurait vraisemblablement été rejeté… Là aussi, travail en atelier ou les mêmes thématiques et propositions ressortent : démocratie directe, plus grande participation, émancipation, débats sur les communs, l’extension des sphères de la gratuité, etc.
Vers une nouvelle internationale ?
Une nouvelle internationale est en train de naître, elle n’a pas de nom, ni d’organisation, elle n’est pas totalement décroissante mais elle est latente, en gestation s’appuyant sur l’incroyable vigueur des alternatives et des réflexions existantes !
La transition est en marche dans les têtes et en pratique mais elle n’est pas encore intégrée par tout le monde et partout. Surtout, la même question revient comme un boulet : comment repenser la politique en cohérence avec ces aspirations ?
Les structures politiques traditionnelles n’arrivent plus à mobiliser et à représenter de manière légitimes des populations qui doutent du système. Comment les dépasser pour redonner du sens à l’action politique ?
Tout d’abord, il y a de fortes convergences qui apparaissent tant au niveau programmatique qu’au niveau des propositions : comme une constituante pour une première démocratie, le revenu de base inconditionnel (si possible en y intégrant des gratuités et des monnaies locales), couplé à un revenu maximum acceptable, travailler moins pour vivre mieux, la relocalisation ouverte, une réappropriation politique des outils économiques, avec entre autres la remise à leur place comme levier de la transition des banques centrales, de la création monétaire, des audits citoyens sur les dettes publiques (quelle part serait illégitime ? Quels intérêts servent-elles ?), la fin des GPII, la démocratie directe, etc.
Si des convergences sur le projet sont en cours, malgré des désaccords qu’il faut assumer, cette étape, bien que nécessaire, n’est pas suffisante.
De nouvelles manières de pratiquer la politique
L’enjeu est de repenser le chemin et la méthode, d’inventer et expérimenter de nouvelles manières de pratiquer la politique ensemble : comment construire et vivre un mouvement décentralisé, participatif, capable de respecter, voire de cultiver la diversité des cultures politiques, des approches et stratégies, de dialoguer et de se critiquer avec non-violence et bienveillance.
Comment créer un réseau horizontal de collectifs, mouvements, partis, suffisamment ouvert pour éviter que l’on s’y étouffe par manque de liberté d’expérimenter et suffisamment cohérent, solidaire et visible pour faire pression sur les pouvoir décisionnels et résister face à l’oligarchie ?
De même, comment repenser notre rapport au pouvoir pour éviter les pathétiques et destructeurs combats d’égos et de chapelles ? Comment changer la société sans prendre le pouvoir... ni le donner ?
Cela passe par plus d’ouverture d’esprit, prendre le temps du dialogue, s’écouter, sortir de ses dogmes, ses jargons, mais aussi faire preuve d’humilité et de patience, assumer cette dissonance et le fait que nous faisons face à des challenges gigantesques et que la recette magique n’existe pas !
Alors rendez-vous à Paris le 6 octobre pour initier, ou plutôt continuer à dialoguer et ainsi construire cette nouvelle internationale, en gardant l’espoir !
Photos :
. Slow : Parti pour la Décroissance
. Dessin Travail : Alter Tour
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Par rozalux le 10 Décembre 2015 à 16:08
Pour info, cette semaine, un document interne de la Commission a fuité montrant que les instructions données aux négociateurs européens pour la COP21 étaient de refuser toute discussion sur le lien climat et commerce.
CEO a publié le document et un article sur le sujet (http://corporateeurope.org/climate-and-energy/2015/12/trade-trumps-climate)
Pour relayer l'info, cette chronique publiée par Alterecoplus ce matin :
http://www.alterecoplus.fr/cop21/commerce-ou-climat-la-commission-europeenne-a-fait-son-choix-201512101100-00002732.html
N'hésitez pas à diffuser sur les réseaux sociaux !
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Un document interne de la Commission européenne rendu public par desorganisations de la société civile révèle les instructions données par Bruxelles à ses négociateurs de refuser que le futur accord climatique puisse imposer des limites au commerce. Il s'agit d'une note présentée par la DG Climat au Comité de la politique commerciale du Conseil, le 20 novembre dernier en amont du sommet de Paris de la COP21.
Le TTIP et l'accord avec le Canada visent à faciliter l'importation par l'UE de gaz de schiste et de sables bitumineux.
La politique commerciale développée par l'Union européenne et ses partenaires pose pourtant un certain nombre de défis de nature à aggraver le changement climatique. L'objectif même des accords commerciaux d'augmentation de la production et des échanges internationaux est propre à générer mécaniquement une hausse des émissions de CO2. Et la nature des biens et services échangés et leur impact sur le climat ne sont pas questionnés. Ainsi dans le projet d'accord transatlantique (TTIP), le premier secteur qui pourrait bénéficier de l'accord serait celui de la construction automobile. Par ailleurs, le TTIP et l'accord avec le Canada visent aussi à faciliter l'importation par l'UE de gaz de schiste et de sables bitumineux, sans égard pour les conséquences environnementales de ces deux ressources fossiles particulièrement nocives et laissant craindre une augmentation de leur exploitation. En marge des négociations commerciales, plusieurs mesures européennes ont déjà été profondément modifiées sous la pression américaine et canadienne. La directive européenne sur la qualité des carburants qui visait à réduire les émissions liées au transport et projetait de pénaliser les sables bitumineux, beaucoup plus polluants en a notamment fait les frais. Mais ce n'est pas tout, les multinationales des secteurs aérien, automobile et extractif ont identifié toute une série de régulations environnementales présentées comme des « barrières au commerce » qu'elles souhaiteraient pouvoir démanteler via ces négociations.
Un principe de "neutralité technologique"
L'annexe sur les services énergétiques de l'accord sur le commerce des services en cours de négociation entre une cinquantaine d’États, publiée par Wikileaks, prévoit quant à elle, d'obliger les gouvernements à accepter le principe de « neutralité technologique ». Si cette idée était adoptée, elle remettrait gravement en cause toutes les initiatives de transition écologique visant à désinvestir des énergies fossiles et réorienter les subventions publiques vers les énergies renouvelables.
La Commission demande à ses négociateurs de refuser toute mention explicite du commerce dans les décisions de la COP.
Consciente que ces problèmes pourraient être abordés dans le cadre des négociations climatiques avec des mesures à la clé pour y remédier, la Commission demande à ses négociateurs de réduire au maximum toutes les discussions liées au commerce et de refuser toute mention explicite du commerce dans les décisions de la COP. Pour l'instant la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) indique seulement que les mesures de lutte contre le changement climatique, y compris les mesures nationales, ne doivent pas servir de mesures déguisées pour restreindre le libre échange. Les organisations de la société civile demandent d'inverser désormais la logique pour s'assurer que les actions menées dans le but de préserver le climat s'imposent en cas de conflit avec les objectifs de promotion du commerce.
C'est niet pour Bruxelles qui demande à ses négociateurs de s'opposer à « toute nouvelle disposition qui irait au-delà » de l'existant et poserait des restrictions au commerce dans le cadre des politiques environnementales, comme à « la création de liens formels entre la CCNUCC et l'OMC » ou « le lancement d'un programme de travail sur les mesures commerciales ».
Une "atteinte" aux profits futurs
Ces instructions vont aussi à l'encontre de la résolution adoptée par le parlement européen le 14 octobre dernier dans laquelle il demandait que l'ensemble des mesures adoptées à Paris soient exclues explicitement du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États. Le message des eurodéputés est clair. Il serait illusoire de vouloir sauver le climat tant que les politiques publiques nécessaires peuvent être contestées dans le cadre des accords de commerce par des investisseurs étrangers au motif qu'elles portent atteinte à leurs profits futurs.
Lire aussi : La transition vers les énergies renouvelables menacée par les accords de libre-échange de l'UE - AITEC
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Par rozalux le 10 Décembre 2015 à 00:49
Dix pays, emmenés par la France, sont parvenus à un simple accord politique de façade indiquant que la taxe s’appliquerait aux actions et aux produits dérivés et demandant à la Commission européenne de proposer une nouvelle directive. Toutefois, le flou demeure sur de nombreuses questions et le diable pourrait se cacher dans les détails.
Surtout, les Etats ont repoussé l’accord final à juin 2016, ce qui risque encore une fois de repousser la collecte effective d’une telle taxe. A ce rythme, la TTF risque de ne pas voir le jour avant 2018 et de laisser François Hollande sur un nouvel engagement de campagne non tenu.
COP21. ONE déplore le report de l'accord alors que les financements climat manquent
Friederike Röder, directrice France de ONE, réagit :
« ONE déplore que l’accord d’aujourd’hui ne soit finalement qu’un point d’étape. La question cruciale du rendement et de l’affectation reste en suspens. En pleine COP21, les recettes seraient cruciales pour répondre à l’urgence climatique que subisse de nombreux pays parmi les plus pauvres du monde.
Les quelques mois de délais que se sont accordés les 10 Etats européens doivent être mis à profit pour trouver un accord complet incluant l’affectation de cette taxe aux enjeux mondiaux du changement climatique et de la pauvreté.
Sans cela, elle ne sera qu’une coquille vide de sens. »
Source : COP21. ONE déplore le report de l'accord alors que les financements climat manquent | L'Humanité
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Par rozalux le 9 Décembre 2015 à 18:12
Mercredi 9 décembre
Le brouillon de l’accord de Paris est sur la table
Négociations calmes, très calmes... Le texte est distribué à 15h30. Les délégués vont l’étudier. Nuit blanche à prévoir.
15h26 - L’armée des Etats-Unis est le plus gros consommateur institutionnel au monde de produits pétroliers. Or, le Pentagone a obtenu une « provision de sécurité nationale » qui place ses émissions de gaz à effet de serre hors contrôle global. Lors des négociations du protocole de Kyoto, en 1997, les États-Unis ont exigé, comme condition à leur signature, que l’ensemble des opérations militaires américaines à travers le monde et toutes les opérations auxquelles les USA participent dans le cadre de l’ONU et / ou de l’OTAN soient exemptés des calculs de réductions. Après avoir obtenu cette concession gigantesque, l’administration Bush a ensuite refusé de signer les accords. - (Source : Counterpunch et Truthout).
Mardi 8 décembre
19h30 - Fiasco sur la taxe financière : l’Europe n’a pas voulu prendre une décision ferme.
14h51 - Déception : à Bruxelles, les onze pays, dont l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne) réunis en conseil des ministres ECOFIN pour discuter du projet de taxe sur les transactions financières, n’en ont décidé que le principe. L’essentiel des discussions est reporté à 2016, et le point crucial du taux de prélèvement n’a pas été tranché. Un mauvais signal envoyé aux pays en développement.
Lire le compte-rendu au jour le jour, et même à l'heure : http://reporterre.net/Le-Journal-de-la-COP-le-brouillon-de-l-accord-de-Paris-est-sur-la-table
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