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SODEXO : la victoire en luttant?
Rouge Midi
SODEXO : la victoire en luttant… - Rouge Midi
Vendredi 16 janvier 2016, 15h 19, dans le train qui m’emmène à Paris, le téléphone sonne : c’est Nordine le délégué CGT SODEXO qui appelle :
« ils sont réintégrés !
Tous ?
Oui tous ceux qui le veulent. Les autres [1] ils auront un entretien avec la direction pour les conditions de leur départ et on a imposé que l’avocat [2] soit présent.
Vous avez signé un accord ?
On est en train dès qu’il est signé je te l’envoie… »
Je raccroche songeur.Ce mardi 19 janvier devait être une grande journée d’action nationale de la CGT SODEXO (rejointe localement par FO) pour dénoncer les licenciements des grévistes et exiger leur réintégration.
Dans le même temps la cour d’appel devait donner courant janvier une date d’audience suite au référé pour le moins frileux rendu par la juge départiteur qui avait renvoyé au fond, et donc à plusieurs mois, le jugement de cette affaire de violation flagrante du droit de grève.
Enfin, dans les jours qui viennent l’inspection du travail doit rendre une décision forcément capitale concernant le licenciement de Yvon, un des 18 licenciés, qui est élu du personnel et que donc la direction ne peut licencier sans l’autorisation de l’inspection du travail.
Bref, soutenus par leur syndicat d’entreprise et les unions locales et départementales CGT, les dix-huit licenciés étaient bien décidés à ne pas laisser faire et se battaient sur tous les fronts.
Pour le 19, des rassemblements étaient annoncés devant plusieurs sites SODEXO en France et ça risquait de faire du bruit, sans parler de tout le retentissement médiatique qu’a déjà eu cette affaire qui a écorné la sacro-sainte image de SODEXO « la-multinationale-partie-de-Marseille-qui-a-réussi ».
Tout cela SODEXO le savait
Alors brusquement, alors que jusque-là elle se refusait à toute discussion sérieuse, la direction nationale annonçait ses derniers jours son intention de venir à Marseille ce vendredi pour voir la CGT de l’entreprise….
Qu’avait-elle en tête ? Nul ne savait mais si elle voulait tester la détermination de ceux qui se battent depuis la fin novembre contre cette décision scandaleuse elle n’avait qu’à venir voir…Et Veni, Vidi,….Perdidi [3]
Les salariés sont réintégrés. Evidemment toutes les actions prévues sont suspendues et on verra avec les salariés ce qu’il y a lieu de faire avec les dernières sommes récoltées pour la solidarité et qui n’ont pas encore été reversées : sans doute, comme on l’a rapidement évoqué, iront elles à d’autres conflits en cours. C’est le genre de choses si facile à gérer…
En attendant la réunion de lundi où les salariés vont savourer leur victoire et voir la suite, il a été possible d’arracher à deux d’entre eux et à chaud, quelques mots rares mais porteurs de beaucoup d’émotion et de fraternitéNordine « Notre victoire est avant tout une reconnaissance du droit de grève, face à une direction qui a voulu faire un exemple et « taper sur la table » (propos du DRH France).
Il est évident que cette victoire est celle des salariés gréviste et aussi de la CGT locale et de la CGT SODEXO. La direction a capitulé devant notre détermination à ne rien LACHER.
En ce qui concerne l’avenir syndical (GOODYEARD, SODEXO …) l’unité doit rester et reste un élément capital face au MEDEF et à ce gouvernement dit de gauche qui méprise l’essence même du droit de grève et le droit du travail. »Christian « Merci du fond du cœur pour ce que vous faites et ce que vous continuez à faire. Il est indéniable que cette VICTOIRE contre l’intransigeance de la SODEXO est un revers pour eux. Nous voudrions tous et d’une même voix remercier l’ensemble des camarades de la CGT grâce à qui tout cela est devenu possible, j’ai pu m’en rendre compte hier quand j’ai annoncé à chacun la bonne nouvelle, le degré d’émotion qui les a envahi et aussi l’incrédulité de certains. Je voudrais avec mes compagnons d’infortune rendre hommage à tous ceux qui ont œuvré pour rendre cette victoire possible, à la mobilisation syndicale de tous les instants, à tous ceux qui ont épousé notre cause à cent pour cent un Grand merci, vous avez en tous cas mon respect et mon amitié. Merci à tous »
Parfois les grandes joies aussi sont muettes….
[1] Durant le conflit certains salariés pour diverses raisons et en premier à cause du manque de considération de la direction à leur égard, nous avaient dit qu’ils ne voulaient plus travailler pour cette société
[2] Steve DOUDET avocat des salariés depuis le début du conflit
[3] En latin approximatif : ils sont venus, ils ont vu, ils ont perdu
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