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Régionales. La gauche a rendez-vous avec la République
Les progressistes revivent un scénario proche du 21 avril 2002. Mais le FN a été largement « dédiabolisé » depuis, avec le concours actif du PS et la droite. Une situation qui complique le barrage indispensable à opposer à un parti toujours aussi dangereux, mais la gauche pourrait, malgré son recul, être la mieux à même d’y parvenir.Avec un Front national gratifi é de 27,7 % des voix au plan national, en pole position dans six des treize nouvelles régions métropolitaines, et une présence assurée de ses listes au second tour dans la totalité de ces régions dimanche prochain, les partis de gauche revivent un scénario qui rappelle, dans sa confi guration, le 21 avril 2002. Le retrait de leurs listes décidé pour permettre un « barrage républicain » à la victoire possible du FN dans au moins deux régions (Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence- Alpes-Côte d’Azur) et, peut-être, dans une troisième (le cas de la liste PS de Jean- Pierre Masseret en Alsace- Champagne-Ardenne- Lorraine était toujours l’enjeu d’un litige non réglé, hier en fin d’après-midi, entre le candidat qui souhaitait se maintenir et la direction nationale du PS qui exigeait son retrait) évoque le vote Chirac pour barrer la route à Jean- Marie Le Pen, au second tour de la présidentielle, après l’élimination du socialiste Lionel Jospin. Car il s’agira comme alors d’utiliser le bulletin du candidat de droite restant en lice.
Pourtant, la situation vécue dimanche dernier n’a plus rien à voir avec celle d’il y a treize ans. Alors que la qualifi cation du président du FN avait créé la surprise, provoquant une énorme mobilisation citoyenne dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, qui avait abouti à la cuisante défaite du candidat d’extrême droite, le résultat de dimanche dernier était pour ainsi dire attendu, annoncé de longue date par les sondages. Ce danger n’a pourtant pas créé de sursaut civique particulier, l’abstention touchant près d’un électeur sur deux (49,9 %). Surtout, ce scrutin a été précédé de deux élections où le FN s’est hissé en tête des formations politiques au plan national (24,9 % aux européennes en 2014, puis 25,2 % au premier tour des départementales en mars). C’est dire si le FN a réussi à se « dédiaboliser » depuis 2011, sous la houlette de Marine Le Pen.
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