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Le business vert espère passer un cap à la COP21
LOBBYING : Paris va se transformer en grande foire des « solutions vertes » prônées par les grandes entreprises. Quant aux fonds d'investissement, elles espèrent que l'accord de Paris leur déroulera le tapis rouge.
Des spécialistes des énergies renouvelables, des réseaux de collectivités ou des ONG côtoieront de grandes banques engagées jusqu'au cou dans les énergies fossiles ou l'évasion fiscale.
570 000 C'est le nombre de personnes qui ont participé, ce week-end, aux 2 300 marches pour le climat organisées à travers le monde, selon l'ONG Avaaz.
Ils sont tous là. Dans les galeries du Bourget comme au Grand Palais ou dans bon nombre de lieux de conférence plus informels, les grandes entreprises, leurs représentants sectoriels ou de lobbying, ont pris leurs quartiers dans la capitale pour la quinzaine. L'objectif est double. Le premier est de se saisir de ce rendez-vous planétaire pour en faire une vaste foire d'exposition où les grandes marques démontrent leurs solutions vertes contre le réchauffement.
Cette fois, plus question des outrances bling-bling de la COP19 à Varsovie, en 2013, où même l'association mondiale du charbon, énergie fossile la plus émettrice de gaz à effet de serre, avait tenu salon en parallèle aux négociations climatiques. Mais le principe reste le même: démontrer au grand public comme aux gouvernants que la lutte contre le réchauffement climatique passe par les solutions de marché.
Il y aura donc à boire et à manger. Dans le « hub des solutions climat » du Grand Palais qui s'ouvre mercredi, comme à la « galerie » des entreprises au Bourget, des spécialistes des énergies renouvelables, des réseaux de collectivités, des mutuelles ou des ONG côtoieront de grandes banques engagées jusqu'au cou dans les énergies fossiles ou l'évasion fiscale, des mastodontes privés de la propreté, des déchets, de l'eau ou du BTP ainsi que des compagnies , aériennes dont les émissions de CO2 échappent aux contraintes de réduction de carbone.
Mais là n'est plus l'essentiel. La COP21 devrait graver dans le marbre du potentiel accord de Paris le recours au privé. Corsetés dans leur austérité, les pays riches n'entendent pas abonder seulement par de l'argent public les 100 milliards de dollars promis en 2009 aux pays défavorisés pour les aider à lutter et s'adapter contre le réchauffement. Aussi appellent-ils à la rescousse les fonds d'investissement et banques.
En position de force, ceux-ci ont posé leurs conditions: ristournes et incitations fiscales, création de titres spéculatifs vendus sur les marchés financiers, diminution de la taxation des obligations vertes... Autant d'outils pour sécuriser les investissements privés par de l'argent public. L'autre grande revendication mène à la relance des marchés de quotas carbone, censés pousser industriels comme particuliers à faire le choix de productions ou produits économes en gaz à effet de serre.
Toutes ces « solutions » ont une vertu aux yeux de leurs tenants: elles ne remettent pas foncièrement en cause le système productif qui a généré le réchauffement climatique.
STÉPHANE GUÉRARD, l'Humanité du 30/11/2015
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