• L'emploi s'impose dans la campagne électorale

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    Source : http://www.lagazettedescommunes.com/225657/lemploi-simpose-dans-la-campagne-electorale/


    Crise économique oblige, l’emploi est devenu la préoccupation principale des électeurs. Les maires ne sont pas si démunis qu’il n’y parait.

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    Le délégué général de l’AdCF, Nicolas Portier jugeait le 21 février dans les colonnes du Monde les engagements des candidats aux municipales en matière économique et d’emplois bien « inutiles », ces compétences étant désormais détenues le plus souvent par les intercommunalités.
    Mais la perception des électeurs est tout autre. Un sondage CSA-Les Echos, diffusé la semaine dernière, montrait que l’emploi et le développement économique de leur ville était au premier rang de leurs préoccupations pour le scrutin municipal.

    Etre ingénieux pour rendre sa ville attractive - Les électeurs attendraient-ils leur maire là où il ne peut plus être ? « En matière de développement économique, l’enjeu se situe souvent au niveau intercommunal, voire départemental ou régional » admet Antoine Angeard, délégué général du Cner (1) . « Mais de plus en plus de maires comprennent que l’économie se territorialise et que l’entreprise – à qui ils opposaient souvent une logique administrative – est devenue un partenaire nécessaire à toute stratégie de développement local. » Peu à peu, les candidats apprennent le bilinguisme entrepreneuriat-citoyenneté « que les électeurs pratiquent en fait depuis longtemps ».

    Ces derniers savent d’ailleurs « toute la responsabilité du maire et ses limites en matière d’emploi », diagnostique Olivier Pévérelli (PS), maire du Teil (Ardèche, 8388 ha) qui se bat pour attirer de nouvelles entreprises depuis la fermeture d’un atelier Lejaby en 2012. « On ne gruge pas les électeurs si on ne promet pas d’emplois, mais des bonnes conditions pour les créer » affirme-t-il.

    L’enquête réalisée en novembre 2013 par Médiascopie pour l’AMF , lui donne raison : « les électeurs attendent moins une politique directe sur l’emploi qu’une action de dynamisation du tissu économique local. Ils jugeront plutôt le maire sur sa capacité à attirer les entreprises et à bien utiliser les dispositifs d’aide à l’emploi », explique Denis Muzet, le président de l’institut d’étude. Quitte à innover et jouer avec les procédures, comme cet élu qui a rétrocédé une ZAC à un acteur privé  pour accélérer la création d’un éco-quartier d’entreprises.

    « Le maire est un facilitateur d’installation », résume Jean-Jack Queyranne (PS), président de la région Rhône-Alpes, et co-auteur d’un rapport polémique sur l’efficacité des aides au développement économique des collectivités locales, paru en juin 2013.

    Les équipements avant la fiscalité - Le maire de Teil a suivi cette stratégie pour lancer une pépinière d’entreprises sur sa commune qui aujourd’hui fait le plein : prêt de locaux, mise à disposition d’agents municipaux pour l’aide à la gestion, création d’un club des entrepreneurs, mise à disposition du foncier pour faciliter le développement des entreprises, etc.
    « Aucun porteur de projet ne m’a demandé le taux de la TVAE mais si la ville avait des crèches, un cinéma ou une école de musique », souligne cet ancien directeur d’agence bancaire qui entend bien faire de son bilan économique un argument de campagne : « c’est une façon de montrer l’attractivité de la ville et de répondre à une question cruciale des habitants », justifie Olivier Pévérelli.
    Miser sur l’économie n’est pourtant pas sans risque : « La prime positive n’est pas énorme, mais la sanction électorale peut être lourde en cas d’échec », prévient Antoine Angeard.

    Priorité : sauver le commerce de proximité

    « Les maires ne sont pas en position de spectateurs, mais d’acteurs de la dynamique commerçante de leurs centres-villes », insiste l’Association des petites villes de France, dans son étude « Commerce de proximité : état des lieux et évolutions nécessaires » parue en février 2014.
    Pour préserver l’économie des centre-bourgs, que les maires estiment menacée par la concurrence des grandes surfaces pour 71 % d’entre eux, ceux-ci ont des outils à disposition, dont certains évoluent avec la loi ALUR et la loi « Commerce et artisanat », dite Pinel, récemment votées.

    Les édiles privilégient ainsi l’amélioration de l’espace public par son embellissement et sa piétonisation, les actions en matière de stationnement, ou le recours au Scot pour maîtriser les implantations commerciales : « Il est très important que le Scot soit renforcé comme l’échelle de planification de référence, notamment pour l’urbanisme commercial », prévient Pierre Jarlier (UDI), maire de Saint-Flour (Cantal, 15 000 hab.), qui souhaite, comme 73 % de ses confrères, voir le Document d’aménagement concerté (DAC) intégré dans le Scot, afin de bénéficier d’outils plus prescriptifs « pour encadrer l’offre commerciale à l’échelle du bassin de vie ».

    Manager de ville et Contrats de bourgs - Le recours au manager de ville, comme c’est le cas dans plus de 150 villes en France selon une estimation faite en mars par la DGCIS , à des opérations de réhabilitation de l’habitat, au droit de préemption, aux FISAC est également pratiqué.
    Mais tous les maires ne pourront pas forcément bénéficier de ce dernier dispositif, en mal de financement. Les Contrats de bourg annoncés par le Premier ministre au Congrès des Maires 2013, qui pourraient être gérés par l’Anah et dotés d’une trentaine de millions d’euros répondent à une logique d’appels d’offres. « Ils consacrent la compétition entre les territoires », confie un élu.

    Une conférence de presse pour sauver des emplois

    Les graves difficultés de la société de téléopérateur Call Expert, a poussé Nicolas Dumont, le maire PS d’Abbeville (Somme, 25 000 habitants) à innover pour tenter de sauver plus de 200 emplois.
    Il a choisi de dénoncer en conférence de presse le silence du gouvernement et du Président de la République, à qui il avait adressé une lettre, pour « faire en sorte que les pouvoirs publics prennent enfin (leurs) responsabilités », notamment en matière de reclassement.
    « Les gens ont bien conscience qu’on ne peut rien faire contre la fermeture d’une entreprise, mais on peut mettre en place certains leviers », glisse Pascal Fache, chef de cabinet du maire, qui avait déjà suspendu les loyers des locaux l’an dernier pour aider l’entreprise. Le gouvernement a de suite répondu favorablement.
    En attendant les entrevues, la ville planche sur la création d’une zone multi-activité porteuse de 540 emplois avec un hypermarché, un hôtel, des restaurants, 250 logements, etc : « Nous voulons lancer un projet global », prévient Pascal Fache. « C’est pourquoi nous avons bloqué le PLU pour éviter la vente par parcelle ». Enfin, en partenariat avec la Chambre de commerce, les associations de commerçants et l’agglo, la ville veut lancer un plan Fisac de dynamisation de centre-ville.



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