• État d'urgence : Le vent peut tourner, le vent doit tourner

    Valls a raté son « Ruquier » un samedi… Le buzz n’en retient que le clash d’un humoriste : « Vous parlez de guerre, mais c’est votre gouvernement qui est en guerre, nous on n’est pas en guerre. Vous avez vu ici des gens avec des kalachnikovs, des armes, qui veulent tuer des musulmans ? »…

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    Ce n’est qu’un signe. Celui que le vent pourrait tourner, que les arguments contre toute la rhétorique de l’état d’urgence pourraient gagner une audience dans toute la société.

    D’autres signes existent. Les initiatives se multiplient. Des collectifs locaux se créent autour de différents appels contre l’état d’urgence, « citoyens » ou d’organisations. Un nouveau meeting a eu lieu à Saint-Denis sur la thématique des quartiers populaires. La pétition contre la condamnation des syndicalistes de Goodyear à de la prison ferme recueille 100 000 signatures…

    La phase de sidération s’achève. La rage de Mickaël Wamen, un des condamnés, sur Canal +, a fait écho à celle de Xavier Mathieu, ex-Conti, à propos d’Air France il y a quelques mois.

    Le vent pourrait tourner. Disons d’abord que pour que ce soit le cas il faut plus que des signes. Il faut l’équivalent, dans l’autre sens, de ce qu’a été le mouvement de la Manif pour tous. Rappelons-nous que ces mois de mobilisation ont ouvert un cycle de poussée  réactionnaire créant les bases de la politique actuelle… et de la progression du racisme et du Front national.

    Il faut donc une mobilisation, visible, dans les quartiers, dans les lieux de travail, dans les rues, susceptible de convaincre en profondeur, d’entraîner la société. Parce que l’état d’urgence est le nom d’une politique qui est à la fois liberticide, raciste et antisociale. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de repousser la prolongation de l’état d’urgence, mais d’empêcher la course folle vers un État de plus en plus policier, nationaliste et raciste.

    Le samedi 30 janvier, premier acte concret

    Cette mobilisation, populaire, est cruciale parce que, avant même de nouvelles lois, avant même toute réforme de la Constitution, le mal est déjà profond. Mettre en débat la déchéance de la nationalité, c’est déjà faire entrer dans les têtes et justifier une inégalité de fait. En juillet 1940, le régime de Vichy avait promulgué une loi permettant de déchoir de leur nationalité des personnes naturalisées. Seront visés alors, sans surprise, les Juifs et ceux ayant quitté le territoire pour rejoindre la Résistance. Lors de la promulgation, le ministre responsable, Raphaël Alibert, emploiera des mots ressemblant à ceux de Manuel Valls chez Ruquier : « Les étrangers ne doivent pas oublier que la qualité de Français se mérite »…

    Le mal est déjà fait parce que la police, avant même d’avoir plus de pouvoirs, se lâche et est couverte par le gouvernement. C’est le message lancé par l’acquittement du policier qui a tué Amine Bentounsi d’une balle dans le dos. N’oublions pas que cette police et cette armée qui patrouille dans nos rues, fusil mitrailleur en main, ont voté à plus de 50 % pour le Front national aux dernières élections régionales.
    Renverser cela exige une mobilisation qui soulève en profondeur la société. Le samedi 30 janvier en sera le premier acte concret. Assurons-nous que les manifestations qui auront lieu ce jour-là seront un signal fort. Pour que ce ne soit qu’un début. Pour que le vent tourne. Réellement.

    « Quand ils ont expulsé des migrants je n’ai rien dit parce que je ne suis pas sans-papier
    Quand ils ont perquisitionné les musulmans, je n’ai rien dit parce que je suis athée
    Quand ils ont emprisonné des syndicalistes, je n’ai rien dit parce que je voulais garder mon boulot
    Quand ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour me défendre »

    Denis Godard : État d’urgence : Le vent peut tourner, le vent doit tourner – Anti-K


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