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Espagne : résultats définitifs (ou presque) : forte progression de Podemos
Par rozalux dans Europe, (élections) mondialisation, luttes internationales le 21 Décembre 2015 à 07:42Cette nuit, autour de 23 heures, il semblait que Podemos était passé devant le PartiSocialiste (PSOE), mais au petit matin voilà les résultats (publiés par le journal Público / http://www.publico.es/)
En bleu, le Parti Populaire (droite), en rouge le PSOE (socialiste), en violet Podemos, en orange ciudadanos, etc ...
"La gauche devient une alternative possible de gouvernement" titre le journal espagnol.
Podemos talonne le PartiSocialiste (PSOE) ...
Et en effet, les Espagnols ont infligé dimanche un sévère avertissement aux formations traditionnelles, le Parti populaire (droite) arrivant en tête des élections législatives mais perdant sa majorité absolue et les socialistes deuxièmes, talonnés par Podemos, laissant un Parlement morcelé et un pays difficile à gouverner.
Les conservateurs du Parti populaire (PP), au pouvoir depuis 2011, ont remporté 121 sièges sur 350 au Parlement, soit 65 sièges de moins qu'en 2011 et loin de la majorité absolue qui leur permettrait d'être investis sans soucis.
Même avec le soutien des 40 députés de la nouvelle formation libérale Ciudadanos, qui a annoncé à maintes reprises qu'elle refuserait l'investiture au chef du gouvernement sortant, Mariano Rajoy, ils auraient des difficultés à former un gouvernement.
Le Parti socialiste (PSOE) arrive deuxième, avec 91 sièges, le pire résultat de son histoire. Son hégémonie est menacée par l'autre nouvelle formation: Podemos, de gauche radicale. Le parti de Pablo Iglesias, né en janvier 2014, émerge comme troisième force politique, et obtient avec ses alliés plus de 20% des voix et 69 sièges. Il avait même été donné en deuxième position par un sondage réalisé à la sortie des urnes.
"Une nouvelle Espagne est née qui met fin au système de l'alternance" entre le PP et le PSOE, a lancé Pablo Iglesias, en exigeant une réforme constitutionnelle pour garantir les droits au logement, à la santé et à l'éducation.
Après plus de 30 ans de bipartisme, depuis 1982, Podemos, formation issue du mouvement des "Indignés", a pris des voix aux socialistes tandis que Ciudadanos a semblé en prendre à la droite classique, mais sans doute aussi au PSOE.
Podemos et Ciudadanos ont émergé à la faveur d'une crise sans précédent, qui a secoué non seulement l'économie mais aussi les institutions, ternies par la corruption touchant l'ensemble de l'establishment: partis traditionnels, grandes entreprises, syndicats, et même une fille de l'ancien roi Juan Carlos.
- 'Régénération démocratique' -
La droite savait que la bataille serait dure à gagner auprès d'une opinion publique traumatisée par la cure d'austérité, assortie d'une réforme limitant les droits des salariés et par le chômage qui touche encore un actif sur cinq.
Les électeurs l'avaient fait savoir lors des régionales et municipales du 24 mai, portant au pouvoir des plateformes citoyennes intégrées par Podemos, en particulier à Madrid, Barcelone et Cadix. La gauche dirige depuis ces élections huit des 17 régions d'Espagne.
Podemos a promis des mesures d'urgence pour les laissés-pour-compte et aussi un référendum sur l'indépendance de la Catalogne, comme en Ecosse ou au Québec. Podemos est arrivé en tête dans cette riche région du nord-est de l'Espagne, qui réclame en vain ce référendum depuis des années.
Podemos et Ciudadanos exigent une "régénération démocratique" pour en finir avec la corruption.
Ce scrutin clôture une année de bouleversements électoraux en Europe du Sud, avec la victoire de la gauche radicale d'Alexis Tsipras en Grèce en janvier, et au Portugal l'arrivée au pouvoir en octobre d'une coalition de partis de gauche, la grande crainte de Mariano Rajoy.
Résultats de "L'Union Populaire" (Unidad Popular :Izquierda Unida, Unidad Popular en común) : 2 sièges, 923 105 voix, 3,67%
En 2011 : 11 sièges, 1.686.040 voix, 6,92 %
- En Catalogne, Artur Mas, président de la Generalitat sortant, et chef de file des indépendantistes, prend une claque: son parti n’arrive qu’en cinquième position (alors que ses alliés indépendantistes de gauche, l’ERC, arrivent en deuxième position)… Cela complique davantage encore sa reconduction à la tête de la Catalogne (qui doit se décider d’ici début janvier).
Résultats :
La force politique prépondérante est la gauche en Catalogne, avec "En Comú" (proche de Podemos) en tête, les indépendantistes de gauche, ERC en 2° position. C'est la déroute pour toute la droite, y compris indépendantiste ... Le Parti Populaire est carrément écrasé !
Podemos a fait le plein de voix dans les villes remportées par les plateformes « indignées » en mai dernier. Nous l'avons vu, il arrive premier en Catalogne (24,7 %), grâce à l’appui décisif d’Ada Colau, la maire de Barcelone, pendant toute la fin de campagne, et au Pays basque. Podemos décroche aussi la deuxième place à Madrid (20,9 %, devant le PSOE), dans la région de Valence (25 %, là encore devant le PSOE) ou encore en Galice (où les « marées » dépassent les 25 %), trois des hauts lieux de l’« indignation ». Il fait aussi un peu mieux que prévu en Andalousie, qui reste toutefois un fief du PSOE (en tête à Séville ou Cadix).
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