• Chroniques d'inhumanité / Migrants: dans la cale du bateau, j'ai arrêté de compter les morts

    Dans la cale du bateau où 52 migrants ont été découverts morts mercredi au large de la Libye, le docteur Simon Bryant a désespérément cherché des signes de vie, cessant vite de compter les victimes de cette énième tragédie en Méditerranée.

    Sauvetage in extremis

    " … je suis retourné sur le bateau en bois, dans la cale..." Il faisait sombre, le fond de ce réduit de quelques mètres carrés était plein d'eau, seul un tuyau d'aération installé par les secouristes suédois permettait de respirer...

    Equipé d'une lampe frontale, "j'ai commencé à examiner les gens. J'ai arrêté de compter les morts à 24, je me suis concentré sur la recherche de signes de vie. Certains étaient morts depuis quelque temps, ils étaient déjà raides".

    (…) "Heureusement, à la toute fin, quand je suis revenu vers le haut, où il y avait un peu plus de place, il y avait quatre corps, mais l'un d'entre eux respirait encore, à peine", ajoute le médecin.

    "Tout cela peut être évité"

    Heureusement, il y a quelques mains tendues

    Selon les gardes-côtes italiens, qui coordonnent les opérations entre la Libye et l'Italie, quelque 3.000 migrants au total ont été secourus mercredi. Et la journée de jeudi s'annonçait encore chargée.

    (…) "Le premier jour, la plupart sont épuisés et dorment beaucoup. Après, ils commencent à raconter leur histoire, et cela peut être très dur. Beaucoup ont enduré des périples épiques pour arriver en Libye, depuis l'Erythrée, le Soudan du Sud, la Sierra Leone, le Ghana... Et nous entendons des histoires horribles sur la situation en Libye en ce moment", explique le Dr. Bryant.

    Les survivants renndent hommage aux disparus

    Mais "tout cela peut être évité si on apporte une réponse internationale et humaine", en aidant à résoudre les conflits qui poussent les réfugiés à fuir leur pays et en offrant des voies légales et sûres pour obtenir l'asile sans avoir à braver la mort sur une vielle embarcation surchargée, insiste-t-il.

    Tant qu'il n'y aura pas d'alternative, "malheureusement, il y aura d'autres morts, beaucoup de morts", prévient le médecin canadien, dont la mission, entamée en avril, doit se poursuivre jusqu'en novembre.

    "J'espère que la situation va changer. Mais d'ici là, nous allons rester ici et faire ce que nous pouvons pour empêcher que les gens meurent", insiste-t-il d'une voix étranglée.

    SOURCE : Migrants: dans la cale du bateau, j'ai arrêté de compter les morts - 27/08/2015 - La Nouvelle République (EXTRAITS)


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