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Cent porte-voix pour sortir de l'état d'urgence
GÉRALD ROSSI / L'Humanité du 18/12/2015
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LDH Hier, au siège de la Ligue des droits del'homme, a été présenté le texte désormais approuvé par une centaine d'organisations, qui dénoncent les mesures d'exception.
« Nous ne céderons pas. Ce sont les libertés qui garantissent la sécurité, et non l'inverse. » Jeudi matin, à quelques heures de la révélation des décisions du Conseil d'État, Françoise Dumont, présidente de la Ligue des droits de l'homme, a commenté le texte, désormais signé par plus de cent groupements et associations (1), intitulé « Sortir de l'état d'urgence ».
« Nous assistons à un véritable détournement (...) qui cible également des personnes sans aucun lien avec des risques d'attentat. Ces abus doivent céder », ajoute le texte.
« Manifester n'est plus un droit », dénoncent aussi les signataires, qui s'interrogent sur le fait que le ministère de l'Intérieur fait état de son incapacité à « sécuriser les parcours alors même qu'il autorise dans le même temps les rencontres sportives et des événements tels que les marchés de Noël, qui se tiennent sur la voie publique ».
Ce qui fait dire à Céline Verzeletti, de la CGT, que « les libertés fondamentales sont compromises ». Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, partage le même constat et l'étend « aux multiples assignations à résidence décidées par les instances admi-nistratives et non par des juges d'instruction, et aux perquisitions menées dans le même cadre d'exception, qui sur 2500 n'ont donné lieu qu'à deux enquêtes dans le cadre antiterroriste », dit-elle.
Le malaise est tel que mercredi le socialiste Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, a fait part de ses « interrogations manifestes sur la justification de certaines mesures individuelles ou générales », pointant du doigt, par exemple, le préfet de Dordogne, où « les mesures prises apparaissaient manifestement disproportionnées » après une spectaculaire perquisition dans une ferme.
« Décidément, cette société ne nous convient pas », commente William Martinet, président du syndicat étudiant Unef, signataire du texte. « Nous ne pouvons admettre ni le terrorisme, ni une société de la peur, ni le tout-sécuritaire, ni le repli sur soi », plaide-t-il encore. Alors que les signataires ont déjà annoncé leur volonté de se revoir en janvier pour envisager des suites, ils appellent sans attendre « les pouvoirs publics à renoncer à une réforme constitutionnelle préparée dans l'urgence et au contenu inacceptable ».
(1) Associations et collectifs de solidarité et de défense des droits, syndicats, etc. Les partis politiques n'ont pas été sollicités.
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